dimanche 25 janvier 2009

Interview avec Manon Massé (partie 1)

Par Marianne Breton Fontaine

Lundi le 1 décembre 2008, se tenait la journée mondiale de lutte contre le VIH-Sida. À cette occasion, la Maison plein coeur, un organisme communautaire qui vise à prévenir la maladie, et à lutter contre l’exclusion, organisait un débat entre les différents candidats et la candidate aux élections provinciales de la circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Après le débat, Manon Massé, candidate de Québec Solidaire, a accepté de donner une entrevue à Jeunesse Militante.

Québec Solidaire est un parti politique québécois attaché à la sociale-démocratie créé le 4 février 2006 à Montréal. C’est en fait un parti qui a pour objectif de réunir les revendications de la large gauche. Il est né de la fusion de l'Union des forces progressistes et d'Option citoyenne. Mais l’union des forces progressistes était déjà un parti qui avait réussi a regroupé le Parti communiste du Québec (PCC), le Rassemblement pour l'alternative progressiste et le Parti de la démocratie socialiste. Éventuellement, d’autres groupes se sont joint à cette formation politique qui est aujourd‘hui très active partout au Québec.

Aux dernières élections provinciales, soit une semaine après cette entrevue, Québec Solidaire à fait élire un de ses porte-parole, Amir Khadir, à l’assemblée nationale.

Manon Massé est une militante féministe de longue date. Elle est aussi connue pour son dévouement à défendre les droits des personnes discriminées. Elle fut la toute première candidate de Québec Solidaire, deux semaines seulement après la formation du parti lors d‘une élection partielle. Lors de cette entrevue, Manon Massé affrontait sa troisième élection.

Jeunesse Militante : Aujourd’hui est la journée mondiale de prévention du VIH-Sida. Alors à cette occasion, nous aimerions savoir qu’est ce que Québec Solidaire compte faire pour prévenir le VIH et pour aider les personnes déjà atteintes à subvenir à leur besoin?

Manon Massé : Dans un premier temps il faut se rappeler que les gens atteint du VIH-Sida sont toutes sortes de personnes très différentes. Il y a des hommes, des femmes, des enfants des hétérosexuel-les, des homosexuel-les. Nous ne sommes plus à l’heure où le VIH appartenait à une communauté quelconque. C’est un problème de santé général de la population. À travers le monde, on parle de 33 millions de personnes atteintes sues. Au Québec, 50% des gens malades l’ignore. Sous l’aura de cette maladie il y a encore énormément de stigmatisation et de discrimination.

D’une part à Québec Solidaire, et c’est vrai pour l’ensemble de notre perspective de santé, nous pensons qu’il est important d’investir dans la prévention. Concrètement, nous nous sommes engagé à ce que 5% du budget du ministère de la santé aille en prévention alors qu’en ce moment c’est plutôt autour de 1%.

Mais la prévention c’est aussi au niveau de l’éducation. Parce que pour démystifier et pour permettre aux jeunes d’avoir une vision sur comment protéger leur sexualité il faut qu’à quelque part le système d’éducation dans lequel ils évoluent considère que ce sont des citoyen-e-s responsables. Par conséquent que notre système d’éducation permette au jeunes de se développer, au delà du lire et d’écrire, toute la richesse de ce que veut dire être un citoyen responsable y compris dans sa sexualité. (...)

Mais il faut aussi agir pour subvenir aux besoins des personnes qui vivent déjà avec la maladie. Ce sont des gens qui grâce aux recherches médicales se retrouve aujourd’hui vieillissant. Dans le débat plus tôt nous avons bien vue que les individus qui auront bientôt besoin du soutient de l’État parce qu’ils et elles sont trop vieux ou trop vieilles, appréhendent énormément le moment où ils et elles auront à avoir à habiter en résidence. Ces personnes se disent que la société en générale les discrimine déjà et que ce sera encore pire dans le réseau de la santé. Il faut donner de l’information. Il faut démystifier cette maladie partout pour qu’elles aient droit en bout de ligne à une vie digne.

Les individus atteints VIH ne sont pas immédiatement en phase terminal. Ils ont une vie active et ont besoin que la société s‘adapte à eux un minimum. Ils peuvent longtemps continuer à travailler et être actif si seulement ont leur offre le soutient nécessaire dans les moments où la maladie attaques. Nous prônons à Québec Solidaire un renforcement du maintient à domicile à travers le réseau de CLSC. C’est possible si ont y met les fonds. Que l’on arrête de garder l’argent entre les mains d’une minorité de possédants et qu’on permette de réinvestir les profits collectifs que nous faisons dans l’ensemble des soins de santé et y compris dans l‘accompagnement des gens qui ont le VIH.

Les personnes malade du VIH-Sida sont aussi des gens qui vivent pauvrement. Ce sont souvent des gens qui n’ont pas accès au logement parce que la majorité de leur revenu est destiné aux médicaments. D’ailleurs, plusieurs se mettent à l’aide sociale pour payer ces fameux médicaments. Les questions de logements sociaux et de transport en commun les touchent donc énormément. Tous ces éléments me fond croire que la politique sociale de QS permettrait de façon beaucoup plus clair aux gens atteints du VIH-Sida de vivre dans la dignité mais aussi de pouvoir continuer à contribuer à la société québecoise.

Il faut aussi que notre système de santé redevienne public, on ne dit pas demeurer public car maintenant il est déjà privatisé à 30%, parce qu’avec un système public nous sommes plus assuré que les gens vivant une discrimination trouverons leur place. C’est pourquoi, de façon radical à QS nous voulons remmetre la main sur notre avoir collectif qu’est le système de santé.

JM : Comment voyez-vous le rôle des organisme communautaire ?

MM : Il y à travers le Québec une multitude d’organisme communautaire, notamment concentré dans mon comté. Ces groupes accompagnent les personnes atteintes du VIH-Sida autant au moment où elles l’apprennent qu’à la phase terminal. Nous pensons à QS que les groupes communautaire joue un rôle important pour permettre à ces gens de se retrouver, de pouvoir solidarisé entre eux parce qu’ils et elles subissent beaucoup d’isolement, et de pouvoir apprivoiser le deuil qu’ils et elles ont à faire, car c’est tout de même une maladie mortelle.

Donc la contribution de QS aux groupes communautaires, qu’ils interviennent pour le VIH-Sida ou pour d’autres problématiques, est très importante. C’est une façon pour nous de reconnaître que la communauté se prend en main. QS prévoit ainsi investir 225 millions de dollars pour financer ces organismes.

JM : Quelle est la situation actuel en terme de prévention du Sida ?

MM ; Au début des année 80, lorsqu’on a découvert le virus qui, au Québec, s’attaquait alors particulièrement à la communauté gai, nous nous sommes mobilisé et les gouvernements on répondu. Il y a eu énormément de sensibilisation à une sexualité protégée. Ceci à eu des effets sur l’ensemble de la population québécoise, parce que lorsqu’on a une sexualité responsable, on ne se protége pas seulement du VIH-Sida, mais aussi de toutes sorte d’autres maladies comme l’hépatite C. Cette campagne que nous avons eu dans les années 80, a amener une génération année 80, 90, beaucoup plus consciente du problème. Mais le drame d’aujourd’hui c’est que compte tenu que nous avons trouvé une médication qui permet de vivre mieux et plus longtemps, car dans les années 80 on en mourait dans les 5 première années, les gens ont l’impression que dans le fond on peut s’en sortir. Ainsi, on commence de plus en plus, à ne pas se protéger.

Le plus haut taux d’infection se situe actuellement chez les 15-24. C’est exactement la génération où nous avons arrêter de façon systématique et socialement d’envoyer le message.

Malheureusement, le VIH-Sida est une maladie qui mondialement vie une croissance exponentielle et les requins des entreprises pharmaceutiques fond de façon inacceptable des profits sur le dos de ce monde-là. C’est donc essentielle, et QS a une proposition fort intéressante sur le sujet, de reprendre du pouvoir sur ces compagnies pharmaceutiques afin qu’elles cessent de faire du profit avec la maladie. Par PharmaQuébec, qui est un pôle d’achat, mais aussi de recherche et de production, on permettrait au gouvernement québécois d’économiser 1 milliard de dollars par année. C’est de l’argent que nous pourons ensuite réinvestir dans la prévention.

JM : Dites-mois, plus en détail, PharmaQuébec c’est prendre plus de pouvoir sur les compagnies privés, mais qu’est-ce que ça veut dire et comment on crée PharmaQuébec ?

MM : Il faut regarder à travers le monde. Par la reprise du pouvoir du peuple ont signifie que l’économie doit être au service des gens. Quand on parle de PharmaQuébec on peut prendre l’exemple de la Nouvelle-Zélande. L’État à décidé à un certain moment que c’en était assez que les compagnies pharmaceutiques agissent en roi et maître et il les a forcées à négocier le prix des médicaments.

Nous au Québec dans notre système de santé, depuis que nous nous sommes doté collectivement de l’assurance médicament, les coûts n’ont cessé d’augmenter. Et la raison est que les gouvernements, libéraux ou péquistes, n’ont jamais osé les négocier en bloc. Ils ont au lieu laisser chaque hôpitaux acheter individuellement leurs médicaments nous privant d’une pouvoir de négociation important. Comment ce fait-il qu’un gouvernement qui ne cesse de prêcher pour le libre marché n’applique pas ses règles au moment d‘aller chercher 1 milliard de dollars pour son peuple? L’entreprise pharmaceutique est florissante et fait des milliards en profit chaque année.

Vous pourez bientôt lire la deuxième partie de l’interview sur le blog de Jeunesse Militante : www.yclljc-magazine.blogspot.com. La seconde partie porte entre autre sur le financement des programmes sociaux et l’éducation public.


dimanche 11 janvier 2009

Article pour JM vol2 no1

Le Taser, Une Arme Mortelle

Les prochains extraits sont tirés de "Le Taser, Arme Mortelle (Pistolet électrique, arme à impulsion, AI, matraque électrique, stun gun...)" du COBP (Mai 2008)

« VRAI OU FAUX

1) Le taser réduit le nombre de fusillades?
- FAUX : Selon des statistiques obtenues par la Presse canadienne, dans la majorité des villes ayant adopté le pistolet, le nombre de fusillades impliquant la police est resté sensiblement le même.

2) Le taser est particulièrement dangereux pour les personnes souffrant de problèmes cardiaques ou encore les personnes ayant consommé des amphétamines?
- VRAI : La littérature médicale nous informe que les décharges électriques sont d'autant plus mortelles chez les personnes qui sont en mauvaise santé, ont des problèmes de coeur ou encore ont consommé des amphétamines.

3) Le taser est une arme défensive?
- FAUX : Le taser ne saurait en effet être assimilé à une arme passive comme le bouclier, le casque ou les gants dont sont déjà équipés les flics. Il ne joue pas un rôle de protection, mais au contraire, d'attaque.

Il y a plusieurs cas d'abus rapporté à cette arme...
- En automne 2007 dans le cadre d'un d’ébat organisé par l'Université de Floride, un étudiant interpellant verbalement le Sénateur et ancien candidat a l'élection présidentielle états-unienne, John Kerry, s'est fait électrocuté a coup de pistolet taser.
- En juillet 2006, un policier de Chatham en Ontario est frappé par un taser alors qu'il était menotté et vulnérable.
- En février 2006, des policiers de la Floride ont utilisé des pistolets paralysant contre une adolescente de treize ans qui s'était battue avec sa mère. La jeune fille était menottée à l'arrière d'un véhicule de patrouille lorsqu'elle a été soumise aux chocs électriques.
- En juin 2003, des agents de l'escouade tactique de la GRC ont donné plusieurs décharges électriques entre autre sur le front et dans le cou a des sans-statues algérien(ne)s qui occupaient pacifiquement les bureaux de ministère de l'Immigration à Ottawa, et ce alors qu'ils et qu'elles avaient déjà été menottés.
- En mai 2004, un détenu du Centre Opérationnel Ouest a dû être emmené d'urgence à l'hôpital après avoir été « tasé » par des agents de la police de Montréal.
- En octobre 2001, des agents de la police de Montréal ont utilisé des tasers contre des squatteur/squatteuses lors de l'éviction brutale du Squat de Préfontaine.

Ces cas ne sont que la pointe de l'iceberg. D'après Amnistie Internationale, dans la majorité des cas, les personnes « tasées » n'étaient pas armées et ne représentaient pas une menace réelle :
"Des pistolets paralysants ont été utilisé par les policiers pour venir à bout d'élèves difficiles, de personnes non armées souffrant de troubles mentaux ou en état d'ébriété, de suspects qui s'enfuyaient après avoir commis un délit mineur ou des personnes ayant eu une altercation avec des policiers ou n'ayant pas obtempéré immédiatement a un ordre. Certains éléments de preuve laissent à penser que, loin d'être utilisés dans des circonstances restreintes et bien définies dans le but d'éviter un recours a la force meurtrière, les pistolets paralysants sont devenus le principal outil de contrainte dans certains services de police."

Instrument de torture...
Il est aussi important de rappeler que contrairement aux normes d'utilisation, les policiers envoient souvent plusieurs décharges successives. Notamment, le cas d'un jeune états-unien qui serait décédé après avoir reçu 17 décharges électriques en trois minutes. Dans la plupart des cas de mort suite à l'utilisation du taser, il s'agissait de décharges multiples. Il en est à se demander si les services de police ne prennent pas un malin plaisir à utiliser cette arme comme instrument de torture. Le comité de l'ONU contre la torture déclarait récemment que l'utilisation de pistolet à impulsion électrique constitue une forme de torture qui peut même causer la mort.

Au Canada, entre 2003 et 2007, ce sont 20 personnes qui sont décédées suite aux décharges. »

Article pour JM vol2 no1

ANTIFA : Chasseurs de Skins
Par Gui C.

Ils ont le crâne rasé et ils sont antiracistes : les Skinheads. Nous ne nous attarderons pas trop sur les origines du mouvement Skinhead mais nous vous rappellerons qu’à la base, il n’est pas néonazi. Les néonazis au crâne rasé sont des boneheads. Ce film nous raconte l’histoire du mouvement « redskin » (Skinheads communistes et anarchistes), mouvement né en réaction du mouvement « bonehead » (Skins néonazis). Dans les années 80, le mouvement Skinhead arrive en France. Les « Boneheads » sont à leur apogée. En ville, pour se rendre d’un point à un autre, on doit se faire un long itinéraire de métro simplement pour ne pas croiser de fachos. Le racisme, le chauvinisme et la xénophobie sont présents dans les rues. Bref, la peur et l’ignorance font rage. Des petits groupes antifascistes vont se former pour se débarrasser de ce fléau qu’est le Néonazisme tel les Ducky Boys, les Red Warriors et plusieurs autres groupes de « Chasseurs de Skins. » Avec des entrevues récentes et des archives de l’époque, ANTIFA nous montre ce que c’était d’être antifasciste radical dans les années 80.

Article pour JM vol2 no1

Les peuples ignorés
Par Gui C.

La Terre abrite de nombreux peuples dont la nation n’est toujours pas reconnue. Beaucoup de ces peuples ont proclamé l’indépendance de leur territoire et ces territoires ne sont pas reconnus comme indépendants. Il y a des pays qui ne sont tout simplement pas reconnus par la communauté internationale et d’autres qui sont seulement reconnus par quelques membres. D’autres peuples possèdent seulement un mouvement indépendantiste. Parmi les nombreux peuples sans pays, notre attention sera portée sur le Somaliland (Somalie), le Haut-Karabagh (Azerbaïdjan), la Palestine (Israël), l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie (Géorgie), la Tchétchénie (Russie), le Sahara Occidental (Maroc), le Kurdistan (Principalement la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie) et pour finir, la Transnistrie (Moldavie).

En 1991, le Somaliland fait sécession de la Somalie. Le statut politique de ce pays d’Afrique de l’Est ne sera jamais reconnu, même pas par un seul gouvernement. Ce pays de la corne d’Afrique a une population de quelques millions d’habitants.

Le Haut-Karabagh est un territoire situé dans l’actuel Azerbaïdjan dont la population est à majorité arménienne. La région a une population d’une centaine de milliers de personnes. Le territoire se trouve dans la région du Caucase.

La Palestine est un état enclavé divisé en 2 régions dans L’État d’Israël. Ces 2 régions sont la Cisjordanie (limitrophe a la Jordanie) et la Bande de Gaza (en bordure de la Mer Méditerranée). Les Palestiniens sont soumis à l’autorité des forces Israéliennes dans les territoires occupés par l’armée sioniste. Israël envoie même des colons dans les territoires palestiniens pour ainsi s’approprier plus de territoires. Le gouvernement israélien a commencé la construction d’un mur autour de la Cisjordanie. Cependant, les limites territoriales ne sont pas respectées puisqu’Israël construit son mur dans la Cisjordanie pour ainsi avoir accès à ses colonies. L’état hébreu s’approprie donc des terres palestiniennes.

L’Ossétie du Sud est reconnue par quelques pays dont la Russie. Cependant, son statut n’est pas reconnu par tous les États. Les Ossètes n’ont aucun lien d’appartenance à la Géorgie. Leur peuple a été séparé en deux États, soit un en Russie (l’Ossétie du Nord) et un en Géorgie (l’Ossétie du Sud). Le séparatisme ossète provoquera la Guerre d’Ossétie du Sud de 2008 dont la Russie (alliée de l’Ossétie du Sud) sortira victorieuse. Un Cessez-le-feu a été appliqué.

L’Abkhazie est reconnue par quelques pays dont la Russie. Cependant, son statut n’est pas reconnu par tous les États. L’Abkhazie est situé dans la Géorgie occidentale. Les Abkhazes, tout comme les Ossètes, n’ont aucun lien d’appartenance avec la Géorgie. On peut lier l’Abkhazie au récent conflit ossète, puisque celle-ci s’était rangée du côté des Ossètes.

La Tchétchénie, petite république du Caucase, est sous domination russe, puisque celle-ci fait partie de la Fédération de Russie. Cependant, les Tchétchènes n’ont aucun sentiment d’appartenance à cette grande puissance qu’est la Russie. La volonté d’indépendance a causée 2 guerres entre les indépendantistes Tchétchènes et les forces armées russes (2 guerres de Tchétchénie). La première s’est déroulée de 1994 à 1996 et la seconde de 1999 à 2000. Un statu quo est en place.

Le Sahara Occidental est un pays d’Afrique situé sur la côte ouest du continent. Ce territoire compte quelques centaines de milliers de personnes et plus du trois quarts du pays est sous contrôle marocain.

Le Kurdistan s’étale actuellement sur 5 pays. Les zones de population Kurdes sont plus importantes en Turquie et en Iran. On en retrouve aussi une bonne partie en Irak. La Syrie porte une faible population kurde, mais celle-ci reste plus importante que la population Kurde d’Arménie. Les Kurdes ont des populations significatives dans plusieurs autres pays, mais ces régions ne font pas partie du Kurdistan historique. La population du Kurdistan se situe entre 20 et 30 millions d’habitants.

La Transnistrie, située entre la Moldavie et l’Ukraine, est une république dont l’indépendance n’est pas reconnue. Celle-ci a fait sécession de la Moldavie suite à la chute de l’URSS.

Ces peuples qu’on ne veut pas écouter ont le droit de réclamer leur indépendance, car plusieurs d’entres eux sont victimes d’oppressions de la part des gouvernements en place.

mardi 6 janvier 2009

Article pour JM vol2 no1

Entrevue avec Zaynab Khadr
Par Richard Williams

Introduction :

Le 24 novembre 2008, le juge fédéral des États-Unis, John D. Bates, a prononcé sa décision, refusant d'intervenir dans le procès militaire d'Omar Khadr, Canadien actuellement prisonnier à Guantanamo, Cuba, accusé du meurtre d'un soldat états-unien en Afghanistan. Du 7 au 25 octobre, Zaynab Khadr, soeur d'Omar, a entrepris une grève de la faim sur la colline parlementaire d'Ottawa.

Rebel Youth : Je vous prie de donner quelques indications à notre revue «Rebel Youth» sur votre grève de la faim sur la colline parlementaire.

Zaynab Khadr : En Octobre, j'ai entrepris une grève de la faim sur la colline parlementaire pour attirer l'attention du public sur le fait que mon frère a été utilisé comme pion dans le cadre d'une manœuvre politique, et que le président sortant des États-Unis allait probablement essayer de s'en servir comme dernière tentative visant à prouver qu'il est "dur contre le terrorisme", en faisant de mon frère un exemple et en le soumettant à encore plus d'injustices, même si les actes d'un garçon terrifié placé dans des circonstances inimaginables sont difficilement assimilables à du terrorisme. Au bout de 18 jours, au cours desquels j'ai rencontré des dirigeants politiques et écrit aux ministres de la Citoyenneté, de la Justice et des Affaires étrangères, les États-Unis ont annoncé qu'ils allaient reporter le procès de mon frère à après les élections des États-Unis pour réduire les possibilités de l'administration actuelle de manipuler le procès afin de laisser dernière elle un fait en héritage. Fatiguée, affamée et soulevée par cette soudaine bonne nouvelle, j'ai mis fin à la grève de la faim, qui a duré 18 jours, et je suis rentrée à la maison à Toronto.

RY : Si j'ai bien compris, Omar est aveugle d'un œil. Quel est son état actuel?

ZK : Au cours du bombardement de la maison où il se logeait en Afghanistan, Omar a été grièvement blessé par des éclats d'obus, dont le plus nocif a détruit la vision de son oeil gauche et a laissé mon frère aux prises avec une détérioration de la vision de son œil droit. Quand il a été transféré en avion à la base aérienne de Bagram, les soldats ont profité de son état pour lui arracher une série de déclarations au contenu très discutable, en le menaçant de lui refuser des traitements médicaux et de lui causer ainsi une cécité permanente s'il continuait de se proclamer innocent. Aujourd'hui, il continue de se battre pour ne pas perdre la vue, et son avocat a exigé avec véhémence qu'Omar soit autorisé à porter des lunettes de soleil pour protéger ce qui lui reste de vision à l'oeil droit, mais l'administration de Guantanamo a toujours refusé de lui en fournir.

RY : Quel traitement Omar a-t-il reçu à Guantanamo? Les médias mentionnent souvent qu'il est torturé.

ZK : Nous avons passé près de huit années à écouter les rapports venant des camps de détention établis par les États-Unis pour le traitement des prisonniers capturés. Les documents et témoignages ont montré que mon jeune frère, qui n'avait que 15 ans, a été parmi ceux qui ont été le plus fréquemment victimes de violence. Ils l'ont menacé de le laisser devenir aveugle s'il ne déclarait pas qu'il avait lancé la grenade mentionnée, de le remettre entre les mains de pédophiles pour qu'il soit violé et lui ont fait endurer le plus de souffrances qu'ils ont pu, le plus longtemps qu'ils ont pu pour transformer sa vie en un véritable enfer.

RY : Que pensez-vous de la couverture des médias canadiens sur votre famille et sur le procès d'Omar?

ZK : Je trouve regrettable que les médias canadiens aient choisi de ne rapporter que des bouts de phrases, que ma mère et moi avons dits il y a quatre ans, en les coupant presque totalement de leur contexte, alors que nous étions dans un profond état de détresse émotionnelle. À la télévision les médias présentent toujours le même vidéo-clip de cinq secondes, encore et encore, et dans les journaux, chaque fois qu'ils mentionnent le nom «Omar Khadr», ils ajoutent «qui a fait des commentaires appuyant les événements du 11 septembre» et «qui a soutenu la mort de soldats états-uniens». Les gens doivent penser que nous n'avons que ce genre de choses aux lèvres. En vérité, nous n'avons jamais dit cela, ni même une fois. Ce que nous avons dit c'est qu'il était injuste de ne compter que le nombre de soldats états-uniens morts au combat, et que les États-Unis auraient dû être capables de prévoir que leur ingérence partout dans le monde les conduirait à être un jour eux-mêmes attaqués. Mais si vous placez nos bouts de phrases dans un certain ordre, si vous y ajoutez, couche après couche, assez d'insinuations, et si vous répétez de telles déclarations chaque fois que vous mentionnez le nom «Khadr», vous pouvez nous attribuer, comme au cinéma, le rôle de super-méchants.

RY : Le président élu Barack Obama sera assermenté le 26 janvier 2009, six jours avant la date prévue pour l'ouverture du procès d'Omar. De quelle façon l'élection d'Obama pourrait influer sur le procès?

ZK : Beaucoup de gens nous ont dit d'attendre et de garder l'espoir que le président Obama annulera les commissions militaires et renverra Omar au Canada. Mais cette solution n'est pas la bonne. Le Canada a mis des siècles à se bâtir en tant que nation souveraine, et nous, en tant que Canadiennes/iens, nous devrions avoir une colonne vertébrale assez solide et suffisamment d'intégrité pour nous lever et dire : «C'est un citoyen de notre pays, nous ne permettrons pas qu'il soit torturé ou traîné devant des tribunaux injustes. Remettez-le-nous et nous l'enverrons dans une salle d'audience si c'est là qu'il devrait se trouver». Ma famille est canadienne, nous sommes tous Canadiens, et nous en avons été fiers toute notre vie. Nous tenons à ce que notre foi dans l'engagement de notre pays à défendre les droits de la personne, dans le respect de la primauté du droit et de l'équité dans les procès, même de personnes impopulaires n'ait pas été en vain, et que ce pays défendra ses valeurs au lieu de dire «attendons pour voir ce que les États-Unis nous diront de faire».

RY : La décision émise dans le procès civil «Omar Khadr contre George W. Bush» le 24 octobre 2004 a refusé de permettre la tenue d'une évaluation médicale indépendante et de produire le dossier médical d'Omar. Cette décision a été rendue par le juge John D. Bates, qui, le 24 octobre, avait émis la déclaration de non-participation à la procédure à Guantanamo. Quelle est votre opinion concernant Omar et le retour obligatoire du même juge fédéral dans l'ensemble des reports?

ZK : Le refus de dévoiler les dossiers médicaux a été, dès le début, comme une épine dans notre pied. Il est illogique d'affirmer que la divulgation de ces documents pourrait constituer un danger pour les États-Unis. En vérité, ce serait une catastrophe sur le plan des relations publiques. On pourrait établir un parallèle avec le cas d'Al-Kahtani, au sujet duquel le FBI a déclaré qu'il ne devait pas être autorisé à subir un procès, même s'il doit passer le reste de sa vie dans une prison états-unienne parce qu'il serait désastreux que tous ses "interrogatoires" soient rendus publics. Tout comme dans ce cas, les États-Unis ont été très sur la défensive en ne voulant pas permettre une évaluation médicale sur la santé de mon frère.

RY : Que pensez-vous des deux documentaires de Terence McKenna produits par la CBC, «Son of Al-Qaeda» (Fils d'Al-Qaeda), de 2004, et «The U.S. v. Omar Khadr» (Les États-Unis contre Omar Khadr), de 2008, et du livre «Guantanamo's Child: The Untold Story Of Omar Khadr» (L'enfant de Guantanamo - l'histoire d'Omar Khadr qui n'a pas été racontée) de Michelle Shephard, de 2008? Est-ce que des faits importants ont été oubliés?

ZK : Lorsque la nouvelle qu'Omar avait été blessé dans une fusillade en Afghanistan a été diffusée, les Canadiens ont exprimé au début beaucoup de sympathie. Ils pouvaient ne pas être d'accord avec ses actes, mais ils étaient d'avis qu'un garçon de 15 ans ne doit pas être envoyé à Guantanamo quelles que soient les circonstances, et que nous disposions, dans notre pays, d'un système judiciaire pouvant le juger à son retour, si cela était nécessaire. Mais en 2004, la CBC a présenté un documentaire qui cachait un certain nombre de faits, qui présentait de nombreux commentaires hors contexte et qui, en général, faisait du sensationnalisme au sujet de l'«Affaire Khadr» pour faire de nous tous des super-méchants. Dès que le venin s'est répandu, les gens ont commencé à nous lancer des insultes racistes. Ils nous traitaient de «citoyens de convenance» et nous disaient de retourner chez nous, à "Talibanland". Notre propre député a commencé à réclamer notre expulsion, et le pays a soudain été rempli d'une fureur et d'une haine aveugle envers notre famille, qu'ils ne connaissaient pas, qu'ils n'avaient vu que quelques minutes, tel que la vidéo avait été grossièrement montée par un cinéaste. Quatre ans plus tard, après qu'il était devenu évident que le documentaire avait causé la haine qui a maintenu mon frère emprisonné à Guantanamo, la CBC a produit un autre documentaire, plus juste et plus honnête. Mais si, demain, le journal devait choisir entre deux phrases, «Zaynab Khadr, qui a dit qu'elle exprimait ses condoléances pour les veuves de militaires états-uniens» ou «Zaynab Khadr, qui a dit qu'Osama bin Laden a assisté à son mariage», quelle phrase pensez-vous qu'ils vont publier? Malheureusement le sensationnalisme vend, mais il a aussi des conséquences sur les êtres humains. Je pense que la CBC a commencé à comprendre cela après avoir vu la foule prête au lynchage, situation que son documentaire avait créé.

RY : En raison des grandes manifestations publiques et de la large couverture médiatique, l'affaire Omar Khadr est véritablement devenue un symbole du rejet par le peuple canadien des politiques états-uniennes. Comment vous sentez-vous, en tant que famille, relativement à cet appui? Pensez-vous que cela puisse aider le cas?

ZK : Le rapatriement de mon frère ne constituerait pas un «rejet des États-Unis» mais bien une «reconnaissance de l'importance des droits de la personne en accord avec le reste du monde». Aucun État n'a le droit de sacrifier des personnes pour atteindre ses objectifs en toute bonne conscience. L'abandon d'Omar à Guantanamo peut avoir entraîné des avantages sur le plan du libre-échange ou avoir évité un coup de téléphone furieux de George W. Bush, mais il a endommagé la réputation du Canada sur la scène mondiale. Lorsque, dans le passé, les Canadiennes/iens voyageaient à l'étranger, ils étaient l'objet de respect et d'admiration, en tant que citoyennes/ens d'un pays qui a mis fin à la crise de Suez, qui a formé la force de maintien de la paix des Nations Unies, qui a accepté les objecteurs de conscience et les personnes qui fuyaient la conscription durant la guerre du Viêt-Nam, qui a été construit par des politiciens tels que Pearson, Diefenbaker et Trudeau. Or aujourd'hui nous sommes un pays qui a été reconnu coupable de torture par sa propre Cour suprême. J'ai étudié la Charte des droits et libertés à l'école, j'ai chanté «que Dieu garde notre pays glorieux et libre», et je sais qu'en tant que Canadiennes/iens, nous sommes capables de faire ce que nous devons faire.

RY : Avez-vous quelques derniers commentaires?

ZK : Je voudrais seulement souligner à nouveau ce que j'ai dit : la Cour suprême a statué que le Canada a été complice de la torture de mon frère. Que chacun de nous est coupable, ne serait-ce que par association, d'avoir menacé de viol un garçon de 15 ans. Que chacun de nous est coupable, ne serait-ce que par association, des formes les plus graves de violation des droits d'un garçon, de dégradation et de torture. Et qu'il n'est pas trop tard pour mon frère de pouvoir recouvrer la vue et sa vie, et qu'il n'est jamais trop tard pour le Canada de recouvrer son intégrité et son engagement en faveur de la justice.

Merci beaucoup pour votre intérêt à agir pour que justice soit faite dans le cas de mon frère.

Zaynab

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