lundi 1 août 2011

La création de GAMMA est une grave atteinte à la démocratie.

Déclaration du PCQ

Le Parti communiste du Québec (section du Parti communiste du Canada) dénonce la création de l’escouade GAMMA (Guet des activités et des mouvements marginaux et anarchistes) qui relève de la division du crime organisé du Service de police de la ville de Montréal et exige des autorités concernées son démantèlement immédiat.

Comme son nom l’indique, cette escouade visent spécifiquement des groupes de personnes qui remettent en question l’ordre social et politique établi et qui contestent les injustices qui en découle. Il s’agit en fait de la mise sur pied d’une police ouvertement déclarée « politique » et cela porte une grave et dangereuse atteinte aux droits civiques et démocratiques.

La création de l’escouade GAMMA, il y a deux ans, coïncide avec l’adoption des mesures d’austérité adoptées par les gouvernements Charest et Harper pour soi-disant redresser les finances publiques. Ces gouvernements savaient bien que ses mesures seraient impopulaires et ils semblent s’être organisés pour limiter la contestation.

Mais ce n’est que le 29 juin dernier à l’occasion d’une opération en force impliquant une trentaine de policiers pour procéder à l’arrestation de quatre personnes et à la perquisition de leurs domiciles que l’existence de cette escouade a été révélée au grand jour. Les quatre personnes arrêtées ont été accusées par la suite d’une série d’infractions criminelles en rapport avec une escarmouche avec des policiers survenue deux mois plus tôt à l’occasion d’une manifestation organisée par la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) à Montréal, le 1er mai 2011.

Deux jours plus tard, l’Équipe intégrée sur la sécurité nationale (EISN) dirigée par la GRC a installé un poste de commandement à Trois-Rivières dans le but d’essayer de recueillir des témoignages et d’impliquer ces quatre personnes dans un attentat à la bombe survenu contre un centre de recrutement des Forces armées canadiennes à Trois-Rivières en juillet 2010.

Cette volonté de réprimer toute contestation est devenue encore plus évidente lorsqu’on a vu l’escouade GAMMA récidiver quelques jours plus tard en procédant à l’arrestation de quatre autres militant-e-s, à savoir des étudiant-e-s, dont trois sont des membres élus du comité de direction de l’ASSÉ (Association pour une solidarité syndicale étudiante), l’une des principales organisations étudiantes du Québec.

Ces arrestations se produisent plusieurs mois après les faits survenus en mars dernier dans le cadre d’actions d’occupation par les étudiantes et les étudiants des bureaux du ministre des Finances, Raymond Bachand, et de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ), en vue de protester contre la hausse des frais de scolarité, mais aussi à quelques semaines d’une importante mobilisation du mouvement étudiant québécois prévue dès l’automne prochain.

Des plaintes ont été déposées devant la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse par des individus et par l’ASSÉ. Selon toute vraisemblance, le mandat de cette escouade contreviendrait directement aux dispositions de la Charte des droits et libertés de la personne qui spécifient qu’aucune personne ne doit subir de distinction, d’exclusion ou de préférence fondée sur ses convictions politiques.

Le Parti communiste appuie pleinement la démarche de l’ASSÉ. Les forces démocratiques ne peuvent rester silencieuses face à une telle menace à la démocratie.

La répression de la dissidence politique de gauche n’est pas chose nouvelle au Canada. Le Parti communiste du Canada en fut une victime de premier choix depuis le début de son existence.

On peut par exemple rappeler la Loi protégeant la province contre la propagande communiste, véritable loi fasciste connue sous le nom de la Loi du cadenas, adoptée au Québec en 1937 et qui ne fut déclarée inconstitutionnelle par la Cour Suprême qu’en 1957 parce qu'elle empiétait sur le droit criminel qui est un champ de compétence fédérale. Cette loi permettait d’emprisonner jusqu’à un an toute personne qui aurait imprimé, publié ou diffusé « un écrit quelconque propageant ou tendant à propager le communisme ou le bolchévisme.» Or bien que visant nommément les communistes, cette loi a largement servi à attaquer et à terroriser les militant-e-s syndicaux et progressistes.

Rappelons aussi que durant les années 1930, au plus fort de la lutte que dirigeait le Parti communiste du Canada pour obtenir un programme d’assurance-chômage, Tim Buck, son secrétaire général pendant de nombreuses années, et sept autres dirigeants avaient été arrêtés et emprisonnés en vertu de la fameuse Section 98 du Code criminel rendant illégales les organisations soi-disant « subversives ». Tim Buck avait même été victime d’une tentative d’assassinat dans sa cellule de prison.

On peut mentionner aussi le programme nommé PROFUNC (PROminent FUNCtionaries of the Communist Party) administré par la GRC depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale et qui visait à l’internement massif de personnes identifiées comme étant communistes ou sympathisantes et sur lequel l’émission Enquête de Radio-Canada avait produit reportage percutant diffusé en octobre 2010. Au total, plus de 65 000 personnes étaient inscrites sur une liste d’arrestations possibles. Cette liste qui était continuellement mise à jour, avait servi pour effectuer les centaines d’arrestations arbitraires qui eurent lieu au Québec durant la crise d’octobre 1970, encore une fois dans le but d’attaquer et d’intimider les mouvements progressistes et nationalistes québécois.

Les arrestations massives (plus de 1 100) survenues lors des sommets du G8 et du G20 l’été dernier à Toronto ont éloquemment illustré la volonté de l’appareil d’État au Canada de juguler la dissidence. La soi-disant «guerre au terrorisme» est utilisée par le SCRS pour justifier un vaste programme de surveillance et d'infiltration des mouvements d'opposition populaire. Les forces policières s’adonnent au profilage racial, harcelant et même, assassinant des gens des communautés culturelles, comme Freddy Villanueva par exemple. Notons aussi qu’immédiatement après avoir été élu en 2006, le Premier ministre Stephen Harper a ordonné que soit fait un espionnage et une surveillance étroite des militant-e-s et des communautés des Premières Nations partout à travers le pays.

L’élection depuis d’un gouvernement conservateur majoritaire le 2 mai 2011 aggrave les menaces qui pesaient déjà sur les droits démocratiques au Canada étant donné les efforts constants du gouvernement Harper d’écraser toute résistance du mouvement ouvrier à faire les frais de la crise capitaliste, comme on a pu le voir dernièrement avec les lois spéciales contre les travailleuses et les travailleurs de Postes Canada et d’Air Canada.

Nous appelons les mouvements ouvrier, populaire et démocratique, qui sont la cible principale et véritable des manœuvres visant à criminaliser la dissidence au Canada, à exiger la fin de ces politiques de répression des forces d'opposition progressistes. Nous devons défaire les gouvernements réactionnaires d’Harper et de Charest, ce qui serait un grand pas en avant dans la construction d’un mouvement pour un Canada et un Québec plus démocratique, et nous nous engageons à continuer à faire tout en notre pouvoir pour atteindre ce but.
En particulier, le Parti communiste demande :


· l'abrogation de la Loi antiterroriste, et la cessation de la détention secrète sans procès, des certificats de sécurité et de la «no-fly list».
· l’annulation de la «déclaration de sécurité des frontières», qui implique le partage d’informations avec le US Département of Homeland Security, et qui permet aux troupes américaines d’entrer au Canada en cas de «situations d’urgence».
· l’interdiction du «profilage racial» par l’État.
· l’établissement d’un contrôle démocratique et civil des forces armées, et des forces policières et du système carcéral.
· l’élimination d’escouades visant la répression de la dissidence politique. En particulier, le gouvernement doit annoncer publiquement le démantèlement de l’escouade GAMMA.
· l’abolition de la GRC et le démantèlement du SCRS.

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