jeudi 27 septembre 2012

En Grèce, la police vous conseille plutôt d’appeler les néonazis


(De Kalamata, Grèce) Kalamata, au sud-ouest du Péloponnèse, est une petite ville calme, endormie sous les rayons écrasants du soleil de l’été malgré l’ombre imposante de la chaîne montagneuse du Taygète. Un endroit sans histoire, où le temps semble s’écouler à un rythme plus lent, sans aucun lien avec les mégalopoles comme Athènes ou Thessalonique, d’où nous parviennent de temps en temps quelques images inquiétantes de pauvreté ou de montée de la violence.
Et pourtant, Kalamata a elle aussi ses problèmes dus à la crise qui frappe la Grèce : des groupes de mendiants à chaque carrefour, le plus souvent des immigrés illégaux venus d’Asie et d’Afrique et laissés à la dérive après avoir franchi la porte d’entrée de l’Europe. Enfin, disons plutôt que Kalamata avait elle aussi ce genre de problème.

Un étrange « miracle » durant l’hiver

Durant l’hiver, un « miracle » étrange s’est produit : il n’y a plus de mendiants aux carrefours, plus d’immigrés clandestins vendant à la sauvette des CD piratés. D’abord, naïvement, on se dit que l’Etat grec a enfin décidé de gérer le problème de l’immigration clandestine, et de s’occuper de tous ces pauvres gens laissés à la merci des mafias prêtes à leur tendre une main secourable, le tout pour un prix modique. Et puis, au détour d’un article de l’un des journaux régionaux, la vérité se révèle. Noire comme une nuit de la fin des années 30.

Non, ce n’est pas la police qui est intervenue, non, ce n’est pas l’Etat qui a décidé d’enfin assumer ses responsabilités.


Nikolaos Michaloliakos, leader d’Aube dorée, en conférence de presse le 6 mai 2012 à Athènes (Louisa Gouliamaki/AFP)

C’est Aube dorée, « Chrissi Avgi » en grec. Ce groupement est plus une milice paramilitaire qu’un parti politique. Son idéologie est clairement affichée, sans le moindre complexe ou la moindre dissimulation : ouvertement raciste, xénophobe, Aube dorée revendique son attachement à l’idéologie nazie, arborant des photos d’Adolf Hitler – dont elle qualifie le jour de la mort de terriblement triste – et un symbole voisin de la svastika comme emblème.

Des pogroms dans les banlieues d’Athènes

C’est Aube dorée qui a nettoyé les carrefours de Kalamata, qui a organisé les bastonnades, ratonnades et passages à tabac nécessaires pour chasser de la ville des pauvres gens sans ressources et sans défense – pour nettoyer les rues comme on le ferait pour de la vermine.

Ce sont les milices d’Aube dorée qui se sont substituées à la police et à l’Etat grec en toute impunité, et qui revendiquent ouvertement leurs exploits dans les journaux.

Malheureusement, l’histoire ne s’arrête pas là. Durant l’été, les lecteurs attentifs ont pu lire les récits des pogroms organisés par Aube dorée dans les banlieues défavorisées d’Athènes. Lire un article est une chose. Entendre directement le récit de crimes encouragés – suscités – par la police grecque près de vous est tout autre chose.

La police ne viendra pas : pas les moyens

Un soir à Kalamata, une Grecque aperçoit un homme de couleur dans son jardin. Inquiète, elle téléphone à la police. La réponse de la maréchaussée est rapide, et très claire : non, la police n’enverra aucun de ses officiers sur place, cependant, la dame peut appeler Aube dorée, qui viendra faire le nécessaire.

Serviable, le policier à l’autre bout du fil donne à la dame le numéro de téléphone à composer pour obtenir l’assistance des milices du parti néonazi. Choquée, la femme raccroche et se refuse à obtempérer.

Elle attend.

Toujours inquiète, elle finit par retéléphoner à la police. Même réaction : qu’elle appelle donc Aube dorée, et son problème sera réglé. Non, la police n’interviendra pas, elle n’en a pas les moyens. A nouveau, la femme raccroche. Il n’est pas question pour elle de demander aux néonazis de venir.
Pourtant, quelques minutes plus tard, les milices d’Aube dorée déboulent. Il n’y a plus personne dans le jardin de la femme. Mais, à quelques dizaines de mètres de là, se trouve une maison occupée par un Pakistanais. En quelques minutes, les gorilles en uniformes paramilitaires l’encerclent. Puis ils y foutent le feu.

Fin de l’histoire.

Nous ne sommes pas en 1938. Nous ne sommes pas en Allemagne. Nous sommes en 2012, en Grèce, un pays connu pour sa douceur de vivre et l’hospitalité de ses habitants. Un pays ruiné par une gestion corrompue, et surtout par les volontés absurdes de gouvernements étrangers et de banquiers centraux qui n’ont aucune idée, aucune conscience du monstre qu’ils sont en train de réveiller et de nourrir, encore et encore, avec chaque mesure d’austérité inique et inefficace qu’ils imposent par la force à un pays exsangue.

Ce mécanisme est pourtant bien connu

Lors des élections de mai, les néonazis d’Aube dorée récoltèrent 8% des suffrages. En juin, leur score était de 7%, suffisamment pour envoyer 21 députés au parlement grec, institution démocratique qu’ils attaquent tous les jours, expliquant fièrement et sans la moindre ambiguïté, qu’ils mèneront le combat dans la rue avec leurs troupes d’assaut dès qu’ils seront prêts.

Les derniers sondages placent Aube dorée à plus de 10%, devant le Pasok. Chaque coup asséné à la Grèce, chaque mesure imposée de l’extérieur, en notre nom, nous qui sommes européens et avions basé notre Europe sur le serment du « plus jamais ça », chaque exigence d’austérité aveugle qui vise toujours les mêmes couches de la population et arrache aux gens simples le peu qui leur reste, les pousse plus avant dans l’étreinte noire d’Aube dorée.

Le mécanisme est d’une simplicité terrible, et déjà bien connu de toute personne ayant quelques notions d’histoire : détruire un pays de l’extérieur en employant des méthodes de colonisation économique à peine voilée, détruire ses services publics – santé, éducation et autres –, tout en laissant en place les administrations et les gouvernements corrompus qui sont à la base du problème, conduit au délitement complet de l’Etat de droit. Tout s’effrite, et la démocratie se craquèle, puis tombe, morceau par morceau, comme un papier peint pourri.

La police et l’armée, riches en nostalgiques de la sinistre dictature d’extrême droite des colonels et où les néonazis font leurs plus hauts scores électoraux, profitent des circonstances pour simplement laisser aller un peu plus, et pousser une population déboussolée, sans perspective d’avenir, à la recherche désespérée de sécurité, dans les bras d’Aube dorée.

Aujourd’hui, des néonazis constituent le troisième parti grec, devant le parti social-démocrate historique.

Non, nous ne sommes pas en 1938.

Mais nous y allons.

Nous y courons.

Étudiants «poivrés»: l'université de Californie versera près de 1 million $US

Associated Press   26 septembre 2012 20h34  États-Unis
Les images de policiers projetant du gaz irritant sur des manifestants pacifiques sont devenues un symbole de ralliement du mouvement «Occupy Wall Street», qui s'est répandu dans plusieurs villes d'Amérique du Nord et ailleurs dans le monde l'an dernier. Les manifestants de UC Davis protestaient contre la hausse de leurs droits de scolarité et la brutalité policière.
Photo : La Presse canadienne (photo) The Enterprise, Wayne Tilcock/AP
Les images de policiers projetant du gaz irritant sur des manifestants pacifiques sont devenues un symbole de ralliement du mouvement «Occupy Wall Street», qui s'est répandu dans plusieurs villes d'Amérique du Nord et ailleurs dans le monde l'an dernier. Les manifestants de UC Davis protestaient contre la hausse de leurs droits de scolarité et la brutalité policière.

San Francisco – L'université de Californie (UC) a accepté de verser près de 1 million $US pour régler une poursuite en justice intentée par des manifestants qui ont reçu du gaz irritant au visage lors d'un rassemblement du mouvement «Occupy» sur le campus de Davis en 2011, selon un accord préliminaire conclu mercredi.

L'incident du 18 novembre 2011 avait suscité un tollé à travers les États-Unis, des manifestations sur le campus et des appels à la démission de la chancelière Linda Katehi, après la publication de vidéos de l'incident sur Internet, qui sont devenues virales.

Les images de policiers projetant du gaz irritant sur des manifestants pacifiques sont devenues un symbole de ralliement du mouvement «Occupy Wall Street», qui s'est répandu dans plusieurs villes d'Amérique du Nord et ailleurs dans le monde l'an dernier. Les manifestants de UC Davis protestaient contre la hausse de leurs droits de scolarité et la brutalité policière.


En vertu de l'accord, l'université devra verser 30 000 $US à chacune des 21 personnes qui ont porté plainte, en plus de 250 000 $US que leurs avocats devront se partager.

La chancelière de l'université, qui s'est publiquement excusée après l'incident, devra faire parvenir des excuses formelles par écrit à chacun des plaignants, qui sont tous des étudiants ou d'ex-étudiants.

L'université et les plaignants, représentés par l'American Civil Liberties Union, ont déposé l'accord préliminaire devant un tribunal fédéral de Sacramento. L'accord, approuvé par le conseil d'administration de l'université à la mi-septembre, doit encore être validé par un juge fédéral. Les deux parties peuvent également faire appel.

L'accord prévoit que l'université mette de côté 100 000 $US pour dédommager d'autres éventuels plaignants capables de prouver qu'ils ont été arrêtés ou ciblés par du gaz irritant lors de l'incident.

«Nous pensons que l'accord proposé est dans le meilleur intérêt de l'université», a déclaré le porte-parole de l'établissement, Steve Montiel.

La plaignante Fatima Sbeih, qui a récemment obtenu son diplôme en études internationales, a affirmé qu'elle souffrait de crises de panique et de cauchemars après avoir reçu du gaz irritant lors de l'incident.

«Je veux être certaine qu'une telle chose ne se reproduira pas», a-t-elle déclaré dans un communiqué. «L'université a encore du travail à faire pour regagner la confiance des étudiants, et ce règlement est un pas dans la bonne direction.»


Par Terence Chea

jeudi 20 septembre 2012

mercredi 19 septembre 2012

Rentrée FÉMINISTE et ÉLECTRIQUE



Féminismes Électriques
LANCEMENT & TABLE RONDE
Vendredi 21 septembre

Cocktail 18h
Table ronde 19h à 20h30

Féminismes Électriques
BOOK LAUNCH & ROUND TABLE
Friday September 21st


Cocktail 6pm
Roundtable Discussion 7- 8:30 pm





La Centrale est fière d'annoncer la sortie de sa nouvelle publication, Féminismes Électriques. Venez célébrer sa parution en présence de plusieurs des écrivaines et artistes qui l'ont conçue.
Leila Pourtavaf, Helena Reckitt, G.B. Jones, Thérèse St-Gelais, Manon Tourigny, Roxanne Arsenault et Cecilia Berkovic seront présentes pour discuter de leur contributions au livre et célébrer avec La Centrale Galerie Powerhouse.
Féminismes Électriques regroupe des essais et textes d’artistes évoquant les préoccupations de la dernière décennie à la galerie. Les textes sont largement influencés par les discours contemporains sur le féminisme et par le renouvellement du mandat de ce centre d’artistes autogéré ; qui se veut désormais un espace plus inclusif, engagé avec un large éventail de perspectives esthétiques et critiques informés par le genre, les politiques de représentation et le dialogue inter-générationel.
Cet ouvrage interroge les différents processus institutionnels et discursifs à travers desquels l'art est produit et distribué. En effet, les artistes féministes ont redéfini les pratiques artistiques et ont questionné les questions de genre, de pouvoir et de la représentation. Dès les premières pages, une question fondamentale est posée: comment pouvons-nous comprendre et appliquer une politique féministe, dans nos pratiques artistiques et culturelles qui possèdent un regard critique sur les rapports de pouvoir au sein de notre société?
Coordonné par Leila Pourtavaf, le livre met en vedette des essais d’Helena Reckitt, deThérèse St-Gelais, de Trish Salah ainsi que de Bernadette Houde et Aneessa Hasmi, des conversations entre Manon Tourigny,  Stephanie Chabot etDominique Pétrin, entre Reena Katz etJumana Manna et enfin entre Onya Hogan-Finlay et Chris Kraus. 

Abondamment illustré, il inclut une affiche de l’artiste G.B Jones ainsi qu’un calendrier détaillé, d’une décennie de programmation à la galerie préparé par Roxanne Arsenault. Le graphisme est de Cecilia Berkovic.
FÉMINISMES ÉLECTRIQUES a été coédité avec Les Éditions du rémue-ménage. 
Il est distribué par DIMEDIA et Art Metropole.
Coût :
30 $ et 25 $ pour les membres de La Centrale

Les livres seront en vente à La Centrale et sur l'internet ICI.

La Centrale is proud to announce the publication of new, ground-breaking book,Féminismes Électriques. We invite you to come celebrate its launch in the presence of many of the writers and artists who created it.
Leila PourtavafHelena Reckitt, G.B. Jones, Thérèse St-Gelais, Manon TourignyRoxanne ArsenaultCecilia Berkovic and many more will be in attendance to discuss their contributions to the book and to celebrate with La Centrale Galerie Powerhouse.

Féminismes Électriques considers the evolution of feminist artistic practices over the last decade at La Centrale Galerie Powerhouse, a feminist artist-run center in Montréal with a 40 year history of exhibiting some of the most exciting local, national and international feminist and women artists.

The collection features essays and artist texts that engage with current debates about the evolution of feminism, and the re-orientation of La Centrale’s mandate in light of such debates. Taking into account the different institutional and discursive processes through which art is produced and circulated, feminist artists have reconceptualized art practices to examine questions of gender, power and representation. They have also appropriated the means through which art is presented and positioned within a larger system.

Féminismes Électriques focuses on these multi-layered and heterogeneous feminist interventions in contemporary art, and begins with a basic question: how do we understand and activate a feminist politics in our artistic and cultural practices that critically engages with relationships of power in our society?
Edited by Leila Pourtavaf, this bilingual collection features essays by Helena Reckitt, Thérèse St-Gelais, Trish Salah, Bernadette Houde, and Aneessa Hashmi, as well as a series of artist texts: Manon Tourigny in conversation with Stéphanie Chabot and Dominique Pétrin, Reena Katz with Jumana Manna and Onya Hogan-Finlay with Chris Kraus. The publication includes an artist poster by G.B. Jones as well a detailed programming history of a decade of the gallery's programming byRoxanne Arsenault. The extensively illustrated book was designed by Cecilia Berkovic.

FÉMINISMES ÉLECTRIQUES was co-published by Les Éditions du rémue-ménage.  It is distributed by DIMEDIA Art Metropole.
Price :
$30 / $25 for members

Books will be available for purchase at La Centrale and as well as online here.





Appel de dossiers
Date Limite 15 Octobre 2012

Call for Submissions
Deadline October 15th, 2012





Fondée et issue des mouvements féministes en 1973, La Centrale galerie Powerhouse est un des plus anciens centres d’artistes autogérés du Québec. Le centre s’est donné pour mandat de développer les pratiques artistiques féministes et de soutenir la visibilité d’artistes et d’initiatives moins ou peu représenté-es auprès des institutions culturelles établies. Le centre encourage les artistes à toutes les étapes de leur carrière afin de permettre les échanges intergénérationnels.

Le centre a pour objectif d’offrir une plateforme pour les langages en art actuel porté par les discours féministes, les théories du genre, la diversité culturelle et la transdisciplinarité.  Nous accueillons des propositions pour des projets d'expositions et de performances qui répondent à ces thématiques.
La sélection des propositions est effectuée par le comité de programmation, qui est composé de membres du centre et de ses employées. Les réponses seront envoyées par la poste ou par courriel dans un délai de 3 mois après la date de tombée.
Veuillez envoyer votre dossier à
l’attention du :
Comité de programmation
LA CENTRALE GALERIE POWERHOUSE
4296 Boulevard Saint-Laurent
Montréal, Québec
H2W 1Z3, Canada
Pour plus d'informations et un formulaire veuillez cliquer ici.

Growing out of the feminist art movement and founded in 1973, La Centrale Galerie Powerhouse is one of the oldest artist-run centers in Quebec.

The center’s mandate expands on a history of feminist art practices and engages a broader spectrum of underrepresented artists and their initiatives within established art institutions. We promote the work of artists at all stages of their careers to allow for intergenerational dialogue.
The centre's objective is to provide a platform for contemporary art in dialogue with feminist thought, gender theory, as well as intercultural and transdisciplinary practices.  We invite artist project proposals for both exhibitions and performances, that respond in some way to these preoccupations.
Projects are selected by the Programming Committee, which is composed of members of La Centrale and programming staff. Results will be mailed or e-mailed up to 3 months after the submission deadline.
Please send your application to the attention of:
ATT: Programing Committee
LA CENTRALE
4296 Boulevard Saint.Laurent
Montréal, Québec.
H2W 1Z3, Canada
For further information and an application form please click here.

lundi 17 septembre 2012

Arrestation durant la grève étudiante: il réclame 42 000$ au SPVM

Spvm Police Montreal

Le Huffington Post Québec

Le propriétaire du restaurant Zero8, Dominique Dion, qui a été arrêté à l'intérieur de son commerce lors d'une manifestation étudiante nocturne le 19 mai dernier, vient de déposer une plainte en déontologie policière et réclame 42 000$ à la Ville de Montréal.

Situé sur la rue St-Denis à Montréal à l'angle de la rue Ontario, le restaurant Zero8 s'est retrouvé au coeur des nombreuses manifestations nocturnes, parfois violentes, au printemps dernier.

Lors d'une charge des policiers du SPVM contre des manifestants vers minuit le 19 mai, un policier a procédé à l'arrestation de Dominique Dion dans le portique de son restaurant. M. Dion avait ouvert la porte de son établissement pour permettre à des clients installés à la terrasse de sortir par l'arrière du restaurant et éviter la rafle des policiers.

Dans un billet diffusé sur le Web, Dominique Dion décrit la scène ainsi:
La porte s’ouvre, on me prend par la chemise et le policier crie: «Lui, on l’embarque!». «Pardon? Je suis propriétaire!» «Je m’en calice», rétorque cet individu, complètement enragé qui me plaque sur la vitre du commerce avant de me projeter au fond de notre terrasse.
La scène est d'ailleurs visible sur une vidéo de la caméra de sécurité de l'établissement, mise en ligne sur YouTube par M. Dion.

Il ajoute que le policier qui l'a arrêté a refusé de s'identifier.

Nombreux manquements

En entrevue avec Le Huffington Post, Dominique Dion reproche plusieurs écarts de conduite aux policiers qui ont procédé à son arrestation. Il affirme que les policiers ont juré à plusieurs reprises, l'ont arrêté sans lui faire part de ses droits ou du motif de l'arrestation, en plus de conduire l'auto-patrouille de façon dangereuse avec les gyrophares allumés alors que, selon lui, la situation ne l'exigeait pas.

Dominique Dion ajoute que les attaches de plastique («tie-wrap») utilisées pour le contraindre pendant près de deux heures étaient si serrées que ses poignets en sont demeurés enflés pendant quatre jours. À ce jour, il affirme avoir encore mal au pouce régulièrement.

Le restaurateur croit notamment avoir été victime de «profilage». «Je portais le carré rouge en soutien au mouvement étudiant, dit-il. Je ne vois pas d'autre raison.»

Dans une mise en demeure envoyée le 13 septembre 2012 au Bureau des réclamations de la Ville de Montréal, que Le Huffington Québec a obtenu, M. Dion détaille le montant réclamé ainsi:
Détention arbitraire et privation de jouissance: $8,000.00 Perte de jouissance des mains pendant environ 4 jours: $4,000.00
Dommages corporels - pouce droit (perte de sensibilité, craquements, perte de motricité), avec droit de réserve si la situation se détériore: $10,000.00
Atteinte à ma réputation: $10,000.00
Dommages exemplaires pour arrestation injustifiable sur une propriété privée et pour violence physique et verbale utilisée alors que je n’ai présenté aucune résistance: $5,000.00
Dommages exemplaires pour avoir mis inutilement ma vie en danger en utilisant inutilement les gyrophares d’urgence et pratiquant une conduite dangereuse, de plus, sans ceinture de sécurité: $5,000.00
Total de la réclamation: $42,000.00
«Au-delà de ma cause personnelle, dit-il, je veux dénoncer les arrestations arbitraires. La façon dont j'ai été arrêté était inacceptable.» Il dit comprendre la fatigue des policiers, qui ont été très sollicités durant le conflit étudiant. «Mais ils doivent demeurer professionnels.»

Des excuses du SPVM

M. Dion a été relâché après environ six heures de détention. Il n'a pas été accusé et n'a pas reçu d'amende.

Le 20 juin 2012, Dominique Dion a reçu une lettre d'excuses signée par l'inspecteur Alain Simoneau, chef de police du poste de quartier 21. «Nous regrettons votre implication dans cet événement, qui, bien malgré vous, vous a causé du tort. Il est difficile pour nous d'expliquer l'attitude du policier concerné et nous prenons part à votre inquiétude face à ce comportement», écrit M. Simoneau.

Il a été impossible de rejoindre le SPVM avant l'heure de publication.

Le nouveau gouvernement fait sa rentrée, plusieurs centaines d’enfants la manquent


Le Collectif Éducation sans frontières fait connaitre ses revendications en matière du droit à l’éducation gratuite pour toutes et tous
 
Montréal, 17 septembre 2012 — Le Collectif Éducation sans frontières (CESF) exige que le nouveau gouvernement en place légifère en matière d’accès à l’éducation gratuite pour toutes et tous, peu importe leur statut migratoire ou le statut migratoire de leur(s) parent(s). Il demande à tous les partis politiques - PQ, PLQ, CAQ et QS - de s’entendre sur le fait que tous les enfants méritent et doivent aller à l’école sans distinction.

Le CESF travaille avec des migrant-e-s confrontés au problème du non-accès à l’éducation. Le nombre de personnes touchées par cette réalité reste difficile à fixer. Le CESF estime à, au moins, plusieurs centaines le nombre d’enfants nés ailleurs et sans statut légal (résident permanent, citoyen canadien ou tout autre statut) ou bien enfants de demandeurs d’asile refusés ou en instance d’expulsion n’ayant pas accès aux écoles comme les autres au Québec. Il a envoyé des lettres restées à chaque commissaire des cinq commissions scolaires de Montréal et à tous les partis politiques.

« Nous craignons que ces enfants soient les grands oubliés de la rentrée et de cette campagne électorale. Or il est encore temps de sauver leur année scolaire », soutient Linda Guerry, chercheure à l’UQAM et mère d’un petit garçon, engagée au CESF. « Dans une société qui se veut égalitaire et solidaire, toute personne, peu importe son statut migratoire, devrait avoir le droit à une éducation gratuite et ceci à tous les niveaux, de la garderie à l’université, comme c’est le cas dans de nombreux pays, par exemple en Europe où la quasi-gratuité de l’éducation est la norme », ajoute-t-elle.

« L’accès à l’éducation sans discrimination est consacré dans de nombreux instruments internationaux de protection des droits humains dont le Canada est signataire, rappelle Judith Rouan, organisatrice communautaire et mère de trois enfants scolarisés à la commission scolaire de Montréal, elle aussi engagée au CESF. De nombreux pays dans le monde ont des lois et des mécanismes qui protègent le droit à l’éducation des personnes sans statut d’immigration. Dans certains pays d’Europe, aucun document n’est requis pour l’inscription à l’école. Aux États-Unis, les écoles ne peuvent pas refuser l’admission d’un enfant en raison de son statut migratoire. »

Le climat de suspicion et de répression à l’égard des immigrant-e-s sans statut ainsi que les difficultés administratives sont autant d’obstacles pour l’inscription des enfants à l’école. L’absence de dispositions claires au sujet de l’accès à l’éducation de ces enfants entraîne des situations discriminatoires scandaleuses tributaires du pouvoir discrétionnaire des institutions d’enseignement. De jeunes adultes sont également concernés et l’accès aux formations professionnelles, collégiales ou universitaires pour les personnes sans-statut est aussi semé d’embûches.

« Comment ne pas être indigné par la situation québécoise où une résidence légale est exigée pour l’accès à l’école gratuite et où des écoles acceptent des enfants sans statut à la condition qu’ils payent des frais de scolarité de 5000 à 6000 $ ? », demande Judith Rouan.

Le CESF est un collectif issu de la campagne « Cité sans frontières », initiée par Solidarité sans frontières et visant à faire de la région montréalaise un espace où les immigrant-e-s sans statut puissent avoir accès aux services essentiels — tels que les hôpitaux, les cliniques, les écoles et les banques alimentaires. Plusieurs organismes et associations reconnaissent les revendications de CESF et soutiennent sa déclaration collective, dont la Ligue des droits et libertés ainsi que l’Association pour une solidarité syndicale étudiante.

samedi 8 septembre 2012

Des étudiants sans le sou

Réalisée l'année dernière, une étude de la clientèle... (PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE)

Ewan Sauves
 La Presse

À 12 h, vendredi dernier, dans le pavillon Judith-Jasmin de l'UQAM, impossible de ne pas remarquer les dizaines de boîtes de carton empilées les unes sur les autres. Peu après la fin des cours, un attroupement se forme dans le hall. Les étudiants n'attendent qu'une chose: leur sac d'épicerie. 

«C'est horrible d'avoir à quêter littéralement de l'argent pour payer ses dépenses. Dire «Je suis dans la merde, j'ai besoin d'aide» à de purs étrangers, c'est là où on est rendus, nous autres.» Valérie Mccutcheon est responsable de tout. Étudiante au baccalauréat en sociologie, la jeune femme de 28 ans a réussi à mettre sur pied, en moins d'une semaine, le Fonds de solidarité inter-UQAM. «C'est une idée qui a été discutée dans une assemblée générale et j'ai décidé de m'impliquer, de donner la première poussée.»

Au coeur des revendications du Fonds: dénoncer le non-versement, pour le mois de septembre, des prêts et bourses aux étudiants et collégiens annoncé en août par le gouvernement. Pendant un mois, ceux-ci se retrouvent le bec dans l'eau, sans aucune source de revenus. Le groupe recueille donc des denrées non périssables et des dons, afin d'aider les étudiants touchés par le non versement de l'aide financière aux études en septembre. Vendredi dernier, ils étaient 50 à profiter de la première distribution de nourriture de l'année.

 Parents étudiants 

«La majorité des bénéficiaires sont des parents étudiants, déplore celle qui ne recevra pas son chèque habituel de 850$ ce mois-ci. Vous devriez lire les courriels que je reçois depuis le mois d'août: des gens qui ne peuvent plus manger, qui doivent faire des choix entre nourriture-garderie et droits de scolarité-loyer.»

«Les coupes de l'AFE [aide financière aux études], c'est très majeur. De septembre à avril, c'est notre seule source de revenus. Avec ma charge de cours et ma fille, je ne peux pas travailler durant l'année.»

Ce n'est pas la première fois que Maryse, mère étudiante à l'UQAM, fait la queue pour obtenir un sac d'aliments. Elle se rend à une banque alimentaire proche de chez elle plusieurs fois par semaine. Maryse a peur pour les mois à venir, où elle devra, «plus que jamais» faire des choix difficiles. «Je gratte les fonds de tiroirs, j'ai travaillé cet été alors j'ai pu mettre un peu de sous de côté, mais jusqu'à quand ça va durer?»

Affluence importante 

La pauvreté et l'insécurité alimentaire chez les étudiants sont deux problèmes qui ne datent pas d'hier, selon l'organisme de collecte et de distribution de denrées Moisson Montréal. Réalisée l'année dernière, une étude de la clientèle ayant recours aux diverses banques alimentaires de l'île de Montréal relève une augmentation de 300% depuis 2008 de la demande provenant des étudiants.

Au Centre d'entraide et de ralliement familial (CERF), situé rue Ontario Est, une fréquentation importante se fait sentir depuis un an. «J'ai beaucoup de parents étudiants du cégep du Vieux Montréal à l'heure actuelle. Je les vois beaucoup ceux-là», partage Guy Cournoyer, le directeur général du CERF. Selon lui, le ministère de l'Éducation aurait dû prendre le temps d'analyser l'ampleur de sa décision.

Pour le moment, le Fonds de solidarité inter-UQAM compte organiser des distributions de produits alimentaires jusqu'au 28 octobre. Valérie Mccutcheon réajustera le tir si le besoin se fait sentir. «Je calcule que ça va leur [les étudiants] prendre trois semaines pour se remettre de leur déficit. On finira en fin octobre pour qu'ils reprennent un peu leur souffle.»