mercredi 30 avril 2014

Glacial...



«J'ai froid, dit le pauvre. C'est la saison qui veut cela, dit le riche.» 

J. Renard

mardi 29 avril 2014

Manifestation du 1er Mai 2014


GRANDE MANIFESTATION LE 1 MAI 2014 À MONTRÉAL Contre les Politiques d'Austérité 

Départ de la marche à 18h30 à l'angle des rues McGill Collège et Sherbrooke 

APPORTEZ VOTRE CASSEROLE, TAM-TAM OU AUTRE

dimanche 27 avril 2014

Isolé dans la foule



« Toute l’histoire du contrôle sur le peuple se résume à cela : isoler les gens les uns des autres, parce que si on peut les maintenir isolés assez longtemps, on peut leur faire croire n’importe quoi. »

Noam Chomsky dans Comprendre le pouvoir, deuxième mouvement

jeudi 24 avril 2014

Résistance



«Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes » 

Rosa Luxembourg

mercredi 23 avril 2014

Harper contre les femmes



Marianne Breton Fontaine
Culture du viol, discrimination, pauvreté, violence, etc. la liste des maux du patriarcat est longue. On pourrait tout de même croire que d’année en année, la situation des femmes s’améliore au Canada. Mais il n’en est rien. Et ce n’est pas seulement les groupes de gauche qui l’affirment. En effet, le Canada n’a cessé de reculer dans les index internationaux d’égalité, passant du 7e rang en 2004 au 25e rang en 2009 selon l’indice d’inégalité entre les sexes établi par le Forum économique mondial. Ceci n’est pas le fruit du hasard, c’est le fait d’orientations claires contre l’avancement des femmes vers l’égalité. Oui, Harper est contre les femmes!

Le financement des groupes de femmes

Depuis que Stephen Harper a pris le pouvoir en 2006, le gouvernement conservateur élimine peu à peu le financement fédéral des groupes qui font la promotion des droits des femmes. Il a fermé 12 des 16 bureaux régionaux de Condition féminine Canada et réduit de 38 % son budget de fonctionnement. Condition féminine Canada avant Harper était un organisme gouvernemental qui surveillait la mise en œuvre au Canada de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et qui faisait la promotion des droits des femmes par l’intermédiaire de son support à d’autres groupes. Mais les Conservateurs ont apporté des changements significatifs aux critères de financement des organisations de femmes, ne finançant maintenant que les groupes qui « interviennent directement » auprès des femmes. En d’autres mots, les groupes qui faisaient des recherches sur des questions touchant les femmes, qui défendaient des positions féministes ou faisaient du lobbying ne sont plus considérés éligibles à du financement. Faire la promotion de la planification familiale ou de la prévention contre la violence, ça ne marche plus dorénavant. Harper ne pouvait en rester là, il a aussi éliminé le mot « égalité » des objectifs du ministère. C’est ainsi que des groupes comme le Victoria Status of Women Action Group (SWAG), l’Association nationale Femmes et Droit (ANFD), l’Institut canadien de recherches sur les femmes (ICREF) et la Coalition pour l’équité salariale du Nouveau-Brunswick ont vu leur financement drastiquement coupé, et même dans certains cas, ont dû fermer leurs portes définitivement.
Comme la recherche sur la situation des femmes n’est plus un enjeu pour Harper, il a aussi, dans sa longue liste de coupes budgétaires, éliminé le Programme de contribution pour la santé des femmes vieux de 16 ans, qui finançait six programmes de recherche en santé des femmes.  

En 2010, 12 groupes de femmes dont le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT) et le Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec ont vu leur subvention abolie du jour au lendemain. Plusieurs y ont vu une punition puisque ces groupes s’opposaient à la nouvelle politique conservatrice d’aide à l’international qui refuse maintenant de financer des projets humanitaires qui supporteraient l’avortement à l’étranger. Dans la presque totalité des cas, les groupes ont été pris par surprise par le non-renouvellement de leur financement, les fonctionnaires n’ayant fourni aucun indice préalable. 

Le financement actuel des groupes de femmes privilégiés par les Conservateurs se dirige vers des groupes faisant la promotion des femmes dans l’entrepreneuriat ou la direction des affaires. C’est ce que les Conservateurs nomment faire la promotion du « leadership féminin ». De plus, la direction du financement des groupes de femmes se fait de plus en plus vers des groupes qui ont aussi des vocations religieuses. Tout pour nous rassurer!

Programmes sociaux et pauvretés des femmes

Nous savons que les politiques économiques et sociales des Conservateurs sont dévastatrices pour la majorité du peuple. Les services publics sont coupés, des emplois sont perdus, les syndicats sont attaqués, l’environnement est mis en péril, la bourgeoisie s’en met plein les poches... en d’autres mots, l’agenda néolibéral va bon train. 

Mais on oublie souvent que ces mesures privilégiées par la droite économique, mais aussi implantées au nom du marché mondial par des gouvernements sociaux-démocrates partout dans le monde, affectent disproportionnellement les femmes. Les femmes sont plus pauvres en raison du système patriarcal dans lequel nous vivons et dépendent plus que leurs homologues masculins des services publics et du « filet social » que les longues luttes populaires ont réussi à mettre en place. Les femmes du Canada gagnent en moyenne 71 cents pour chaque dollar fait par un homme. C’est encore pire pour les femmes autochtones du Canada qui gagnaient en moyenne en 2006, 46 cents pour chaque dollar que gagnaient les autres travailleurs et travailleuses. 

Les coupes dans les services sociaux ont d’ailleurs visé spécifiquement les femmes autochtones puisque Santé-Canada vient de procédé à de larges coupes en matière de soins de santé aux autochtones. En conséquence, un groupe comme Femmes autochtones du Québec s’est vue couper son financement, des programmes de santé élaborés par et pour les autochtones ont été abolis et plusieurs femmes autochtones hors-réserve ne reçoivent plus de soins adaptés à leurs besoins.  
Les Conservateurs s’attaquent aussi aux femmes âgées en imposant d’importants reculs aux régimes de retraite publics. Comme le dit le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) :
« En haussant l’âge de l’admissibilité aux prestations de la Sécurité de la vieillesse (SV) et du Supplément de revenu garanti (SRG), le gouvernement conservateur de Stephen Harper s’en est pris directement aux femmes âgées. Les femmes forment la majorité des prestataires du SRG parce qu’elles sont désavantagées pendant leur vie professionnelle active. Les faibles salaires et le travail précaire empêchent bon nombre d’entre elles d’épargner ou de se constituer des retraites acceptables pendant leur vie active. »

Ces coupes auront donc des conséquences majeures sur les femmes du troisième âge. Rappelons que ces femmes reçoivent 64 cents pour chaque dollar reçu par leur homologue masculin en raison de la permanence de l’iniquité salariale entre homme et femmes. 

Les coupes dans les services publics élimineront aussi de bons emplois syndiqués pour les travailleuses. Rappelons-nous qu’il y a plus de travailleuses que de travailleurs dans le secteur public. À titre d’exemple, l’AFPC signalait qu’au 31 mai 2013, plus de 21 000 de ses membres répartis dans 58 ministères avaient reçu un avis les informant que leur poste pourrait être supprimé.

Contre les travailleuses 

Possible abolition de la formule Rand, divulgation obligatoire des états financiers des syndicats pour s’assurer que ceux-ci ne financent pas trop de groupes faisant de la politique militante, loi spéciale de retour au travail, vote obligatoire pour la syndicalisation, Harper déteste les syndicats et les récentes mesures le prouvent hors de tout doute. Ceux-ci ont depuis longtemps été un outil de lutte majeur pour les revendications féministes. Ils ont aussi permis d’avancer concrètement les conditions de vie de leurs membres. Les femmes syndiquées au Canada gagnent 39 % de plus que les femmes non syndiquées. Elles ont aussi deux fois plus de chance de toucher une pension et ont de meilleurs avantages sociaux et de meilleures protections en matière de droits de la personne et de sécurité d’emploi.

La réforme de l’assurance-emploi est une autre attaque des Conservateurs contre les travailleurs et les travailleuses, mais particulièrement pour ces dernières. D’abord, les femmes travaillent davantage à temps partiel que les hommes souvent en raison du fardeau familial et/ou de la discrimination systémique sur le marché du travail qui prédispose les femmes à des emplois plus précaires et moins bien payés. Les femmes auront donc moins accès à l’assurance-chômage et seront plus sujettes aux enquêtes alors qu’avec leurs salaires inférieurs à ceux des hommes, elles étaient déjà désavantagées par le système en place. Le système de l’assurance- emploi était déjà discriminatoire, il l’est aujourd’hui encore plus avec les réformes conservatrices. 

Pourquoi s’arrêter là? Le gouvernement conservateur a remis en question le droit à l’équité salariale des travailleuses de la fonction publique. C’est-à-dire qu’il a retiré le droit des femmes occupant des postes dans la fonction publique fédérale de se tourner vers les tribunaux pour exiger un salaire égal pour un travail de valeur égale. Il a aussi cessé de reconnaître le travail invisible des femmes en supprimant des questions sur le travail gratuit dans le recensement. Merci Harper!

L’agenda anti-choix des conservateurs
 
Harper a multiplié les projets de loi remettant en question le libre choix en matière d’avortement et a cessé de financer ces services au niveau de l’aide internationale. Il y a eu notamment le projet de loi C-484 intitulés Loi sur les enfants non encore nés victimes d’actes criminels qui a été présenté en 2008. Un autre projet de loi prétendait vouloir protéger le droit de conscience des professionnels de la santé en leur évitant d’être forcés de participer à des actes médicaux contraires à leur conscience, comme des avortements. Plus récemment il y a eu le député conservateur Stephen Woodworth qui a déposé un projet de loi d’initiative parlementaire, la Motion 312, visant à réexaminer la définition d’« être humain » dans le Code criminel, et ce dans le but de recriminaliser l’avortement. Nous avons aussi eu droit à la motion du député Mark Warawa qui demandait à la Chambre de condamner la discrimination exercée contre les femmes au moyen d’avortements sexo-sélectifs qui était en fait une autre tentative pour entraver le droit à l’avortement. 

Heureusement, aucun de ces projets de loi n’a été adopté, mais nous ne sommes pas dupes. Selon une liste des députés anti-choix compilée par la Coalition pour le droit à l’avortement du Canada, les deux tiers du caucus conservateur actuel sont anti-choix, comme l’est 17 % du caucus libéral. Et pendant que le gouvernement Harper pense à recriminaliser l’avortement, beaucoup oublie que déjà, la lutte des pro-choix était loin d’être achevée. Ce n’est pas toutes les femmes au Canada qui ont accès aux services d’avortement. Par exemple, sur l’île du Prince-Édouard, il n’existe absolument aucun service de ce genre.

Harper complice de la violence envers les femmes

Vous avez un doute? Et pourtant Harper a mis en place des restrictions au système de réfugiés pénalisant ainsi les femmes victimes de violence sexuelle et homophobe.

Il a travaillé d’arrache-pied pour abolir le registre des armes à feu. Rappelons-nous que les femmes sont minoritaires parmi les propriétaires d’armes à feu, la vaste majorité étant des hommes. Mais au même moment, les femmes sont 3 fois plus susceptibles d’être victimes d’un homicide commis par leur conjoint, et les armes à feu n’y sont pas étrangères. La coalition pour le contrôle des armes à feu soulignait que : « Des études ont montré que la peur qui règne à la suite de menaces par armes à feu est une raison suffisante pour que des femmes souffrant de violence conjugale hésitent à partir ou à chercher de l’aide. »

Il refuse toujours de faire une enquête nationale sur les 500 femmes autochtones disparues ou assassinées malgré les appels internationaux, les demandes de la vérificatrice générale, les critiques qui fusent de toutes parts et les cris des familles autochtones. Pour ajouter à l’insulte, en 2010, il a éliminé le financement du projet de base de données de Sisters in Spirit, un groupe autochtone qui recensait ces femmes. 

L’abolition du Programme de contestation judiciaire

On ne peut pas dire que le système de justice canadien est « juste ». Nous le savons, les lois en place dans le cadre d’un État bourgeois défendent une classe sociale bien spécifique. Le système lui-même n’est pas accessible pour la majorité de la population en raison du fardeau financier que représente le droit. Mais notre système de justice a tout de même été un lieu de bataille privilégié par les mouvements sociaux puisqu’il codifie la société entière. Résultat, notre droit défend à la fois la sacro-sainte propriété privée, mais nous avons aussi à notre disposition la charte des droits et libertés. Que cela ne tienne, en 2006, le gouvernement conservateur a aboli le Programme de contestation judiciaire qui, pendant des années, a apporté un soutien financier à des femmes, à des organisations féministes et à d’autres groupes pour s’adresser aux tribunaux afin d’obtenir l’égalité en évoquant l’article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés qui existait depuis 1985. Pourquoi financer le recours aux tribunaux par des groupes de défense des droits et libertés? Une dépense évidemment superflue pour notre cher Harper.  

Femmes, restez chez vous!

Notons d’abord qu’il y a moins de femmes en politiques chez Harper. Les femmes ne représentent que 17 % du caucus conservateur. Seulement 30 % des personnes qu’Harper a nommées au Sénat sont des femmes. Le pourcentage des femmes nommées aux quelque 200 tribunaux, conseils, agences et sociétés d’État du Canada est passé de 37 % à 32,5 % depuis  l’arrivée au pouvoir d’Harper en 2006. Beau bilan!

Cela n’est pas le fruit du hasard. Dans l’idéologie véhiculée par Harper, la place d’une femme est au foyer. 

Par exemple, il a autorisé le fractionnement fiscal des revenus dans le couple dans ses nouvelles mesures fiscales. Non seulement cette mesure ne favorise-t-elle que les riches, mais en plus elle constitue une forte incitation chez les familles aisées pour que les femmes restent au foyer.
Il a aussi abandonné le programme national de garderies pour le remplacer par une allocation imposable de 100 $ par mois par enfant d’âge préscolaire. Un autre incitatif pour que les femmes à restent à la maison puisque les moyens de faire autrement — les garderies — sont de moins en moins accessibles. En décembre 2008, l’UNICEF a classé le Canada dernier sur 25 pays industrialisés en matière d’apprentissage et de garde de jeunes enfants. L’Organisation de coopération et de développement économiques et le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies ont également déploré le manque de services de garde d’enfants abordables au Canada.

En contrepartie des garderies, Harper à favorisé le recours à des « aides familiales » pour les familles aisées. Ces milliers d’aides familiales sous-payées, des femmes venant surtout des Philippines et des Caraïbes, sont particulièrement vulnérables parce que la réglementation sur l’immigration exige qu’elles travaillent pour l’employeur nommé sur leur permis de travail et qu’elles habitent chez cet employeur.

Les femmes ayant un handicap... de quessé?

On a vu toutes les mesures des Conservateurs contre les femmes, mais cette violence s’exprime aussi par l’inaction, l’inaction dans ce cas envers les femmes handicapées. 

Le gouvernement Harper ignore les demandes répétées pour l’élaboration d’une stratégie nationale pour les personnes ayant un handicap qui répondrait à leurs problèmes de pauvreté, d’exclusion et de marginalisation. Selon certaines études, les taux généraux de mauvais traitements, de violence et de négligence chez les femmes ayant un handicap atteignent 90 %. D’ailleurs, l’élimination du long questionnaire obligatoire du recensement et de l’Enquête sur la participation et les limitations d’activités a ruiné le profil statistique que les experts avaient commencé à élaborer sur les personnes handicapées. De plus, encore une fois, le financement des groupes de défense des personnes handicapées a été mis en danger par les Conservateurs.

REAL Women, groupes religieux et influences idéologiques

Mais de qui Harper prend t-il ses charmants conseils en terme de politique pour les femmes? Il s’appuie beaucoup sur un groupe du nom de « REAL Women ». Pour vous donner une idée de ce que défend ce groupe, il s’est déclaré très satisfait des coupures de 5 millions de dollars à Condition féminine Canada : 

« This is a good start, and we hope that the Status of Women will eventually be eliminated entirely since it does not represent ‘women’, but only represents the ideology of feminists. » (C’est un bon début, et nous espérons que Condition féminine Canada sera éventuellement éliminé puisque celui-ci ne représente pas les femmes; il représente plutôt l’idéologie féministe.)

Ce groupe estime que la famille nucléaire est l’unité la plus importante dans la société canadienne, et que la fragmentation de la famille canadienne est une des principales causes de désordre social. Il fait pression sur le gouvernement en faveur d’une législation pour promouvoir ce qu’il croit être le modèle judéo-chrétien de la vie familiale, et pour le soutien des femmes au foyer. Il s’oppose également au féminisme, à l’avortement, aux droits des LGBT et au mariage des conjoints de même sexe. REAL Women s’est d’ailleurs dit outrager par les propos du ministre John Baird qui accusait la loi anti-gaie russe d’être haineuse. 

Voilà un des groupes conseillant Harper. Mais il y en a plusieurs autres. Par exemple, les lobbys anti-choix ont un accès privilégié aux bureaux du premier ministre. Les groupes de lobby religieux tel que Defend Marriage Coalition (Coalition pour la défense du mariage) se vantent de leur nombre sans précédent à avoir accès au parlement d’Ottawa. Comme s'est rassurant!