jeudi 11 septembre 2014

Ciné PCQ le 25 septembre 2014 à 18h30

Ciné-club PCQ est gratuit. En septembre, pour commémorer le coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili, il sera présenté le documentaire "La Spirale". À noter que le film débutera à 18h30.



lundi 8 septembre 2014

À bas le projet de loi 3 sur les régimes de retraite.



Par Robert Luxley
Journal Clarté


Le gouvernement Couillard s’est empressé de répondre aux demandes des maires de Montréal et de Québec pour s’attaquer aux régimes de retraite des employées-és municipaux en déposant le projet de loi 3.

Le projet de loi couvre l’ensemble des municipalités de la province indépendamment que leurs régimes de retraite soient ou non en difficulté, soit 170 régimes, comptant 50 000 retraités et 122 000 participants.

Il a pour effet de forcer une renégociation de ce qui avait déjà été convenu entre les municipalités et leurs employées-és, mais en déterminant d’avance les concessions qu’on veut arracher à ces derniers. Les syndicats déclarent que la négociation ainsi imposée sera complètement bidon et que le projet de loi constitue une atteinte à la liberté d'association et de négociation.

Notamment, pour combler les déficits passés des caisses de retraite,  le projet de loi s’attaque aux rentes des retraitées-és en suspendant leur indexation. D’autre part, le projet de loi  impose aux villes et aux employées-és municipaux de rembourser, à parts égales, le déficit des caisses de retraite accumulé par les villes.
 
Or, comme le rappelle les organisations syndicales et de retraitées-és, ce sont, d’une part sur leurs propres salaires que sont prélevées les cotisations finançant les rentes. Les employés ont financé, souvent exclusivement, les caisses de retraite en y versant près de 10% de leurs salaires. D’autre part, les rentes sont déjà bien souvent insuffisantes, laissant les bénéficiaires dans  la pauvreté. Par exemple, la rente moyenne des retraitées-és des cols bleus de Montréal ne s’élève qu’à $24 000 par année, en incluant les prestations de la Régie des rentes et la pension de sécurité de la vieillesse.

Les déficits actuariels des régimes sont causés essentiellement par le fait que les employeurs se réservaient le droit de ne pas verser dans les caisses de retraite leur quote-part tel qu’il était convenu dans les conventions collectives. Le projet de loi va donner l’autorité aux municipalités de faire payer leurs dettes contractuelles par leurs employées-és et par les retraitées-és. Il s’agit ni plus ni moins d’un vol qualifié et d’une baisse rétroactive des salaires.

Effrontés pas à peu près

Pendant que le gouvernement s’apprête à dévaliser les travailleuses et les travailleurs, les discussions sont en cours entre les députés à l’Assemblée nationale en vue de faire des modifications à leur propre régime de retraite. Celui-ci est le plus généreux au Canada. Mais les députés ne sont pas trop pressés d’abaisser leurs conditions dorées.

Rappelons qu’un député peut retirer sa pleine pension à 60 ans, et qu’elle peut aller jusqu’à 100% de son salaire (environ $90 000 par année). Le premier ministre serait disposé à augmenter le salaire des députés de $46 000 par année pour compenser les concessions que ces petits chéris consentiraient à leur régime de retraite.

La résistance s’amplifie

Les protestations s’amplifient. Le 18 août dernier, des manifestantes et manifestants ont envahi l’Hôtel-de-Ville de Montréal et ont un peu chahuté les élus municipaux. Le premier Ministre Couillard s’est déclaré outré par de telles actions, affirmant que la bonne chose à faire serait de faire des représentations à la commission parlementaire sur le projet de loi. Or, il venait de déclarer quelques jours plus tôt à l’occasion d’un congrès des jeunes Libéraux, que de toute façon, il ne reculerait pas d’un pouce sur son projet de loi.

Le Projet de loi 3 s’inscrit dans l’attaque générale prévu dans l’agenda néolibéral contre le droit à la retraite de toutes les travailleuses et tous les travailleurs au Québec et au Canada. La voie à suivre, c’est l’unité dans la lutte. Le Syndicat des cols bleus de Montréal s’est déclaré prêts à tout pour s'opposer au projet de loi 3 et même s'il le faut, aller en grève générale illimitée. C’est la bonne chose à faire.

dimanche 7 septembre 2014

«Il faut gagner le monde, prolétaires, debout!»



Journal Clarté, aout 2014
Bureau de Montréal


Portugal: 40 000 manifestants dans les rues de Lisbonne

Le 11 juillet dernier, plus de 40 000 travailleurs tant du secteur public que privé a battu le pavé place São Bento à Lisbonne. Ce rassemblement a été convoqué par la CGTP, principal syndicat portugais affilié à la Fédération syndicale mondiale, pour s’opposer à la nouvelle Loi générale du travail dans la fonction publique et aux plans d’austérité imposés par le gouvernement. Cet appel a été relayé notamment par le Parti communiste portugais qui y a participé en masse et a réclamé, avec les salariés, la démission de l’actuel gouvernement illégitime, la hausse des salaires et des prestations de retraite ainsi que l’adoption d’une politique patriote et de gauche.

40 ans après la Révolution d’Avril, le Portugal connait la pire situation économique et sociale depuis l’instauration de la démocratie. Ceci n’empêche toutefois pas le patronat et le gouvernement qualifié d’illégitime par le PCP de s’engager dans un 7e amendement au code du travail qui a pour objectif de passer
les conventions collectives à la casse, de paver la voie au chantage patronal en imposant une coupe dans les salaires et les prestations de retraites s’élevant à plus de 4 milliards d’euros pour l’année 2014 - 2015.  Les autres lignes de cette nouvelle loi sont l’augmentation de la journée de travail, l’augmentation de la précarité des travailleurs, la baisse de droits sociaux.

Ce rassemblement a été l’occasion de s’opposer aux nouvelles mesures dictées par la Troïka (UE-BCE-FMI), en violation totale de la Constitution, qui imposent une réforme de l’État se traduisant par le démantèlement des pouvoirs locaux et des fonctions sociales de l’État.

Désireux de défendre leurs droits et ainsi réaffirmer les valeurs de la Révolution d’Avril, les travailleurs portugais sont à l’avant-garde des luttes sociales contre les plans d’austérité. En plus de cette importante manifestation, d’autres actions ont eu lieu notamment le 21 juin dernier à Lisbonne et, début juillet, à Porto. La CGTP et le PCP assurent  que d’autres mobilisations sont en préparation et qu’il n’est pas question de laisser le gouvernement diriger dans l’illégalité impunément. 


Afrique du Sud: les mineurs de platine obtiennent gain de cause

On se rappelle le massacre de la mine Marikala en 2012 par les forces de l’ordre qui a fait environ 47 victimes. Pour autant, les employés des trois magnats de l’industrie de l’extraction de platine que sont Amplats, Lonmin et Imapala Platinum, qui, à elles seules, contrôle près de 60% de la production mondiale, n’ont pas renoncé à lutter pour leurs droits.

Au contraire, plus de 70 000 salariés se sont engagés, le 23 janvier dernier, dans une grève historique qui allait durer environ 5 mois. Malgré les SMS de menaces envoyés à répétition par les patrons, le blocage des négociations et toutes les tentatives de sabotage du mouvement, les mineurs ont obtenu gain de cause. Non seulement les entreprises ont-elles dû leur accorder l’augmentation salariale demandée de 150% (de 5000 rands au «minimum vital» de 12500 rands), mais aussi le paiement rétroactif des salaires et l’amélioration des conditions de vie dans les villages miniers. Cette augmentation salariale sera, selon les cas, immédiate ou s’étalera d’ici 2017. La grève a été tellement intense que les minières ont dû consentir, à la reprise du travail, à mettre en place des dispositifs afin de pallier la fatigue chronique des gueules noires.

Si cette grève a eu un tel impact, c’est qu’elle a touché un secteur vital de l’économie sud-africaine qui enregistrait un recul de 0,6%. Les compagnies, quant à elles, ont calculé qu’elles auraient perdu 21 milliards de dollars!
Quoi qu’il en soit, les mineurs sud-africains ont bien montre que la lutte paye! 


 Grande-Bretagne: 1,5 million de salariés en grève

La coupe dans les services publics est une constante pour tous les pays capitalistes avancés et la crise de 2008 sert de prétexte au patronat pour imposer l’austérité à tous les salariés, accélérer les privatisations et la casse du service public. Aux premiers rangs de la riposte: les travailleurs.

Alors qu’au Québec, les fonctionnaires semblent s’unir pour former un front commun contre le projet de loi 3 au printemps 2015, le 10 juillet dernier, ce sont 1,5 million de salariés du secteur public qui ont pris part à une journée de grève historique pour dénoncer les politiques austéritaires du gouvernement Cameron et leurs conditions de travail. En effet, si la Grande-Bretagne est souvent présentée comme un exemple en termes de reprise économique (on parle d’environ 2,7% de croissance), il reste que celle-ci s’est bâtie sur le dos des travailleurs qui ont perdu 15% de pouvoir d’achat et ce, alors que leur temps de travail augmente et que l’âge de la retraite a été fixé à 68 ans. En outre, on estime qu’environ 500 000 fonctionnaires gagnent moins que le minimum vital.

Devant l’impact de cette grève qui a pratiquement paralysé le pays (on parle entre autres de plus de la fermeture de 6000 écoles en Angleterre, des musées nationaux, de fortes perturbations dans les aéroports, etc.), le gouvernement Cameron, vraisemblablement en vue de la prochaine campagne électorale de 2015, a menacé d’implanter des lois contraignantes dans le vote de mandats de grève.

Les salariés n’en démordent pas pour autant: assez, c’est assez. Ils ont même fixé à septembre leur prochaine action... 


Espagne: la solidarité prime contre les syndicalistes injustement emprisonnés

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Rajoy (PP, droite) ne cesse de multiplier les projets de loi antisociaux et les attaques contre les travailleurs. Si les femmes ont été durement touchées par la nouvelle loi restreignant l’accès à l’avortement, les travailleurs l’ont été tout autant puisqu’en 2013, on estime à 120 000 le nombre de licenciements alors que le patronat s’est partagé 8 milliards d’euros de bénéfices.

Dans ce pays durement touché par la crise, ces dernières années ont été marquées par plusieurs mobilisations de masse (certes spontanées) en opposition aux plans d’austérité (on peut penser, entre autres, au mouvement des Indignados qui a inspiré le mouvement Occupy ici en Amérique ou encore aux Marches de la dignité). Pour empêcher les travailleurs de se mettre en grève générale, le gouvernement n’a pas hésité à employer la manière forte et faire peur aux grévistes potentiels. Ainsi, pas moins de 265 syndicalistes sont aux prises de poursuites judiciaires ou de sanctions administratives pour avoir soit appelé à la grève, soit organisé des piquets de grève lors de journées d’action en 2010 et en 2012 principalement. Les charges les plus lourdes vont jusqu’à huit ans d’emprisonnement pour certains salariés d’Airbus et à 7 ans pour tous les travailleurs du secteur hôtelier de Madrid. Parmi les mis en cause dans cette affaire, la secrétaire générale du syndicat Comisiones Obreras des Baléares. Au total, les accusés risquent jusqu’à 120 ans de prison cumulative simplement pour avoir fait grève!

Les deux principaux syndicats, CCOO et UGT, ont dénoncé cette opération de restriction du droit de grève et ont appelé, le 9 juillet dernier, à un rassemblement de solidarité avec les syndiqués mis en cause et ont appelé à la révision du Code pénal pour empêcher que les droits fondamentaux ne soient bafoués de plus belle.

jeudi 4 septembre 2014

Gaza :

Arrêtons le massacre du peuple palestinien par Israël!
Soutenons la campagne BDS


Par Pierre Fontaine
Journal Clarté, Août 2014

L’agression meurtrière perpétré par Israël de Gaza et du peuple palestinien a fait jusqu’à présent plus de 2000 morts, une majorité de civils, et parmi eux des centaines d’enfants. Elle a blessé plusieurs milliers de personnes et forcé le déplacement de centaines de milliers de personnes. Plus qu’auparavant, elle a causé des dégâts matériels immenses aux infrastructures et à l’économie.

Si cela c’est fait sous le regard complice des classes dominantes dans les pays occidentaux, elle a provoqué partout dans le monde une mobilisation populaire massive pour la dénoncer et exiger qu’on y mette fin.

Le mouvement communiste international qui a condamné cette agression meurtrière et a exprimé sa solidarité avec le peuple palestinien, appelant la classe ouvrière internationale à se mobiliser.

Au Canada, le Parti communiste s’est joint au mouvement a réaffirmé son soutien au droit du peuple palestinien à résister à l'occupation de ses territoires et à sa lutte légitime pour un État palestinien indépendant viable. Il a rappelé que le droit de résister à l'oppression et à l’occupation est un droit naturel consacré par la déclaration des droits de l’Homme, reconnu par l’ONU et les lois internationales.

Le Parti communiste a dénoncé le gouvernement conservateur qui s’est avéré être le plus fervent complice des crimes d’Israël. À cet effet, le Parti communiste a réclamé la démission du ministre John Baird comme ministre des Affaires étrangères, puisqu'il poursuit une politique étrangère fondée sur des positions illégales et criminelles.

Le Parti communiste soutient la lutte du peuple palestinien pour un État indépendant viable dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Il exige le droit au retour pour toutes les réfugiées et tous les réfugiés palestiniens, et la libération de toutes les prisonnières et prisonniers politiques palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Le Parti a appelé au démantèlement du mur de séparation et condamné toutes les tentatives de division du peuple et des territoires palestiniens.

Le Parti communiste a appelé à renforcer la campagne mondiale du Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) ici au Canada pour faire pression directement sur Israël. C’est le moyen le plus efficace à notre disposition soutenir le peuple palestinien

L’origine du conflit israélo-palestinien

Vers la fin du 19ième siècle, des personnes de religion juive d’Europe ont fondé un mouvement appelé sionisme qui promouvait la création d’un État juif en Palestine, qu’elle considérait comme une «terre promise» qui leur permettrait d’échapper à la discrimination et à l’antisémitisme virulent dont elles étaient victimes. Ce mouvement encourageait les Juifs-ves à immigrer en Palestine et à s’emparer de ses terres.

Le sionisme est en fait une idéologie raciste (Le 10 novembre 1975, l'Assemblée générale des Nations Unis adoptait, par 72 voix contre 35 et 32 abstentions, une résolution déclarant que « le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ».) qui, comme les autres racismes fascisant de l'entre-deux guerres considère que son peuple, le peuple juif, a des droits particuliers. Ainsi, à l’exemple des nazis qui considéraient que le peuple élu était les aryens ou comme d'autres mouvements semblables un peu partout en Europe qui proclamaient la suprématie de leur peuple, les sionistes croient que le peuple juif est ce peuple élu et ils s’appuient sur la mythologie biblique pour revendiquer la totalité de la Palestine comme sa propriété de plein droit.

Cependant la Palestine était déjà habitée. Ses habitants, les Palestiniens-nes, qui étaient de vrais descendants des Juifs-ves du temps de Jésus-Christ, étaient ensuite devenus chrétiens à l’époque de la domination romaine et vers le 7ième siècle après Jésus-Christ, surtout musulmans à la suite de la domination arabe et ottomane (Turquie).

À la suite de la première guerre mondiale, l’empire ottoman qui s’était aligné sur l’Allemagne vaincue fut démantelé. La Palestine fut alors soumise par la Société des Nations (sorte d’ancêtre de l’ONU) à la tutelle de l’Angleterre. Les principales puissances capitalistes, dans le but d’en faire un instrument de leur politique coloniale au Moyen-Orient, en ont profité alors pour appuyer le mouvement sioniste et l’idée de créer un État juif en Palestine.

C’est ainsi qu’en novembre 1947, à la faveur de la sympathie que l’Holocauste (c.à.d. l’extermination des Juifs-ves par les nazis durant la Deuxième Guerre Mondiale) avait suscitée à l’endroit des Juifs-ves dans l’opinion publique mondiale, l’ONU décide de partager la Palestine en deux États, l’un arabe et l’autre juif. 56% du territoire fut alors attribué au 600,000 Juifs-ves principalement émigrés d’Europe et, sauf pour Jérusalem qui demeurait sous contrôle international, le reste du territoire laissé aux 1,2 million d’habitants Palestiniens.

Cependant, les sionistes déclarent unilatéralement l’indépendance de l’État d’Israël en mai 1948. Cela provoque la guerre entre Israël et les États arabes. Israël gagne cette guerre et en profite pour s’emparer de 78% de la Palestine. Israël va alors expulser par la force (nettoyage ethnique) plus de 750 000 Palestiniens-nes de leurs terres et de leurs maisons. La bande de Gaza qui correspond à environ 2% du territoire au sud-ouest de la Palestine sur le bord de la Méditerranée tombe sous contrôle égyptien alors que la Cisjordanie, environ 20% du territoire à l’Est, tombe sous le contrôle de la Jordanie. La Palestine pourtant reconnue par la Société des Nations depuis 1922 cesse alors d’exister juridiquement. Par la suite, en 1967, Israël déclenchera une autre guerre qu’il prétendra «préventive» pour s’emparer de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem et ainsi prendre le contrôle de 100% du territoire de la Palestine.

Israël va poursuivre dans ces territoires l’appropriation des terres et des ressources, notamment exercer un contrôle de l’eau, et y installer illégalement des colonies de peuplement juif, contrôler les déplacements de la population palestinienne par un système de check points, et détruire des milliers de maisons et d’oliveraies.

En juin 2002, Israël entreprend la construction d’un mur de 723 km dont 86% du tracé pénètre en territoires palestiniens en s’appropriant encore 16% de la Cisjordanie et en y emprisonnant la population dans des enclaves. En 2007, Israël a imposé à Gaza un impitoyable blocus et depuis 2008, il a lancé des attaques militaires tuant et blessant chaque fois des milliers de Gazoui-e-s et détruisant la plupart des infrastructures.

Les citoyens-nes palestiniens qui vivent en Israël comme tel sont traités comme des citoyens de deuxième classe : ils subissent une discrimination dans les législations concernant la nationalité et le mariage, l’accès à l’emploi et à la syndicalisation, la santé, l’éducation et même pour le droit d’obtenir un permis de conduire. Ils n’ont pas le droit en vertu de la loi, par exemple, de vivre ou de posséder des propriétés sur les 93% du territoire réservés exclusivement aux Juifs israéliens.

Depuis 1995, les maisons d’une centaine de milliers de Palestiniens-nes sont officiellement «non-reconnues» et se voient privées des services d’électricité, d’eau et d’égouts. De nombreuses routes sont interdites aux Palestiniens-nes et ils doivent porter une carte d’identité. En 2006, près de 10 000 Palestiniens-nes dont 400 enfants étaient détenus dans les prisons israéliennes où la torture est pratiquée. Un millier de ces détenus l’étaient sans procès ni accusation.

Les services secrets d’Israël, le Mossad, sont bien connues pour leurs actions terroristes et leurs exécutions extra-judiciaires en Palestine et partout dans le monde. Son armée, lourdement soutenue et financée par les Etats-Unis, est la 4ième plus grosse dans le monde aujourd’hui et elle dispose de l’arme atomique.

Les dirigeants israéliens sont des fascistes !

Dans une lettre adressée au New-York Times le 2 décembre 1948, le grand savant Albert Einstein avec d’autres personnalités juives de l’époque dénoncèrent les dirigeants d’Israël, dont Menahem Begin qui deviendra plus tard premier ministre de 1977 à 1983, les accusant d’être des fascistes et enjoignant les USA de ne pas les soutenir. Einstein était pourtant sympathique à Israël et était renommé pour sa lutte contre l’antisémitisme. En 1952, on lui propose même la présidence d’Israël, qu’il refuse. (D’’ailleurs, il faut mentionner que la majorité des Juifs-ves ne vivent pas en Israël et que plusieurs s’opposent au sionisme, même parmi ceux et celles qui vivent en Israël).

Selon Einstein et les co-signataires de la lettre, le parti politique de Begin, le Tnuat Haherut qui fut un précurseur du Likoud, est «un parti politique étroitement apparenté dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son appel social aux partis Nazi et fascistes». Ce parti avait été «formé par les membres et partisans de l’ancien Irgun Zvai Leumi, une organisation terroriste d’extrême-droite et nationaliste en Palestine» qui s’était rendue coupable de tueries et de massacres de centaines de Palestiniens-nes.

La politique d’Israël est essentiellement demeurée la même depuis: exercer une violente dictature terroriste et une politique de discrimination systématique, semblable à l’apartheid d’Afrique du Sud, contre la population palestinienne, pour la chasser de son pays et y installer à la place son État juif.

Les puissances impérialistes et en particulier les États-Unis soutiennent Israël parce qu’en retour il leur sert d’État-policier pour contrôler le Moyen-Orient et le pétrole. La situation en Palestine est donc d’une importance décisive pour la lutte des peuples contre la domination impérialiste dans le monde d’aujourd’hui.
 
Honte au Canada!

Le gouvernement du Canada est l’un des principaux soutiens d’Israël. En notre nom, il avalise ses crimes de guerre et ses crimes contre l’humanité parmi les pires qui peuvent se commettre de nos jours.

Pourquoi le gouvernement canadien soutient-il aussi inconditionnellement et aussi férocement Israël? Certes, Stephen Harper se reconnait-il probablement une certaine parenté idéologique avec le fascisme israélien, mais il y aussi la promotion d’intérêts économiques que défendent les Conservateurs.

Il est connu que l’industrie de guerre canadienne profite directement du conflit en Palestine. Une cinquantaine d’entreprises canadiennes, comme Pratt & Whitney, Bell Helocopter Textron, CAE, Alphacasting Inc., jouent un rôle important dans la fabrication d’armement, d’engins militaires et de technologies, utilisés par Israël contre le peuple palestinien. De plus, les exportations canadiennes vers Israël se chiffrent à près de 400 millions de dollars par année actuellement.

Mais il y plus. Israël, avec sa politique agressive et colonialiste, est au cœur des tensions et de l’instabilité politique au Moyen-Orient. Cette instabilité contribue à faire augmenter le coût du baril de pétrole sur les marchés. Or justement, l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta qui coûte beaucoup plus cher à produire que le pétrole régulier, exige pour être rentable que le coût du baril de pétrole soit maintenu le plus élevé possible.

Bref, la politique conservatrice criminelle contre le peuple palestinien a une certaine cohérence avec sa politique interne. Ses politiques s’opposent donc non seulement aux intérêts du peuple palestinien, mais aussi à ceux du peuple canadien, qui en souffre aussi, notamment du point de vue environnemental.

Nous débarrasser des Conservateurs le plus vite possible aiderait la lutte du peuple palestinien. Mais nous ne pouvons nous fier sur les partis d’opposition siégeant actuellement aux Communes. Aucun d’eux n’a adopté une bonne position sur la situation actuelle en Palestine. Au mieux ont-ils essayé d’occuper une position neutre, blâmant davantage la victime que l’agresseur pour le massacre actuel.

Nous devons donc compter sur la mobilisation populaire, celles des syndicats, du mouvement pour la paix pour forcer le gouvernement canadien à condamner Israël pour ses crimes et adopter une position favorisant la paix en Palestine.

La campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS)
Depuis 2005, une campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre les politiques d’apartheid israéliennes qui violent systématiquement le droit international et les droits des Palestiniens-nes a été lancée. La campagne vise à faire pression sur Israël par des moyens pacifiques pour qu’il respecte les droits. La campagne veut obtenir :

· Qu’Israël se retire des territoires qu’il occupe illégalement depuis 1967;
· Le démantèlement des colonies de peuplement juif en territoire palestinien
· Le droit de retour ou de compensation pour les réfugié-e-s palestiniens;
· Le démantèlement du mur dans les territoires palestiniens;
· La fin du blocus de Gaza;
· L’égalité des droits pour les citoyens palestiniens d’Israël et la fin de la discrimination raciale.

La campagne BDS soutenue au départ par des individus, des organisations progressistes et syndicales partout dans le monde et au Canada s’est considérablement renforcée depuis les derniers évènements. Les produits israéliens ont de plus en plus de difficulté a trouvé de la place dans les étalages des magasins dans plusieurs pays d’Europe et elle est maintenant aussi soutenue par plusieurs États, notamment en Amérique du Sud.

LES KOKUMS ANISHINABE ANNONCENT UNE CAMPAGNE POUR PROTÉGER LA TERRE, LES ANIMAUX, L’EAU ET L’AIR.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Pour diffusion immédiate
Mercredi, 27 août 2014

Les grand-mères algonguines Anishinabe ( kokums dans leur langue) appellent à une campagne visant à s’unir pour la Terre-Mère. La campagne «Kika Kina» (le territoire est nôtre) a été annoncée samedi soir, le 23 août, au Forum social des Peuples à Ottawa.

Devant des centaines de personnes, les kokums de la Nation algonquine du bassin-versant de la rivière des Outaouais (NABRO) ont émis un appel passionné au Forum Social des Peuples. Elles en ont appelé à tous les peuples des quatre directions de se lever et de protéger la Terre-Mère. La grand-mère algonquine Liza Thomas a dit : « Je ne peux pas revenir en arrière. Je dois le faire pour mes petits-enfants, pour vos petits-enfants. »

Comme plusieurs, elle vit en tirant sa subsistance du territoire, selon le mode de vie traditionnel, comme ils l’ont toujours fait, à 350 km au nord d’Ottawa, dans ce qui est aujourd’hui appelé la Réserve faunique La Vérendrye. Les Anishinabe obtiennent leur nourriture, leur médecine et les matériaux pour leurs maisons du territoire lui-même. Depuis les 25 dernières années jusqu’au printemps dernier, 60 % de leur territoire a été coupé par ce qu’ils appellent une coupe à blanc illégale. Cette année, 25 % de ce qui restait a été coupé. Louisiana-Pacific continue de mener une coupe à blanc à un rythme d’environ 25 acres tous les deux jours.

En écho aux sentiments des Autochtones vivant partout sur l’île de la Tortue, les grand-mères appellent les peuples à se lever pour le territoire, l’eau, l’air et les animaux. La grand-mère Shelley Chabot a parlé avec éloquence de son enfance sur le territoire et de la manière dont ce mode de vie est aujourd’hui menacé : « Aujourd’hui, la Terre-Mère est détruite. Ses rivières et lacs sont pollués. Ce qui est fait sur notre territoire a des conséquences sur vous tous, même ici».

Tenant des plumes d’aigle, appuyées par les tambours et les chanteurs, les grand-mères sont allées d’assemblée en assemblée au FSP pour exprimer un appel à l’action visant à rectifier une situation de plus en plus désespérée à laquelle font face plusieurs Premières Nations sur ce territoire.

Liza Thomas a parlé des promesses non tenues et de comment les structures coloniales ont allumé des «feux». Elle a dit : «Nous avons besoin de rallumer nos feux, les feux de nos familles et les feux de nos communautés. Nous devons restaurer nos coutumes, nos lois.»

Il y a eu un appel pour que tous les peuples allument des feux dans des lieux publics en guise de protestation contre la destruction de l’environnement sur l’île de la Tortue.

Le Territoire Algonquin n’a été cédé par aucun traité. Malgré 28 pétitions s’étalant sur 100 ans de gouvernance britannique et canadienne, leurs droits territoriaux ont été ignorés. Ottawa occupe le territoire non-cédé Algonquin. Dans le nord du territoire, jusqu’aux 20 dernières années et malgré des activités colonisatrices variées, ils ont été en mesure de maintenir leur mode de vie. Ce mode de vie est grandement menacé de destruction et, avec ce mode de vie, la biodiversité naturelle de la forêt.

La grand-mère Shelly Chabot, membre de NABRO, commente : «Si ces arbres sont détruits, je ne verrai plus jamais d’arbre comme ça ». Les coupes à blanc industrielles détruisent la biodiversité et la remplacent avec une monoculture où ni les animaux, les oiseaux ou les humains ne peuvent soutenir leur existence.

«Assez, c’est assez. Il est temps de nous lever!» 

mercredi 3 septembre 2014

Négociation des secteurs public et parapublic au Québec :

Faisons de la lutte pour les salaires une lutte de classe!

PIERRE FONTAINE*
Journal Clarté


Au moment d’écrire ces lignes, le processus de consultations des membres du Front commun syndical du secteur public sur leurs revendications est en cours. Le Front commun propose de faire porter la négociation prioritairement sur les salaires afin de faire un rattrapage salarial pour « combler le retard de la rémunération globale accusé par le secteur public par rapport aux autres secteurs d’emploi ».

Dans son cahier de consultation, le Front commun explique que…« les faibles augmentations salariales offertes à coups de gels de nos salaires et de décrets de nos conventions collectives ont entraîné, lentement, mais sûrement, un écart croissant entre nos salaires et ceux offerts dans le secteur privé ainsi que dans la fonction publique fédérale et municipale. En novembre dernier (2013, ndlr), l’Institut de la statistique du Québec statuait que la rémunération globale (La rémunération globale inclut outre le salaire, l’ensemble des avantages sociaux, régimes de retraite, assurances, congés, vacances, etc., ndlr) octroyée dans le secteur public accusait un retard de 8,3 % par rapport aux autres salariés québécois. Cet écart se situait à 2,9 % il y a à peine cinq ans. »

Toujours selon l’ISQ, c’est pire si on ne considère que le salaire, les employées-és du secteur public gagnant en moyenne 11,7 % de moins que toutes les autres travailleuses et travailleurs du Québec, et même 3% de moins que les salariées-és non syndiqués du secteur privé.

Le tableau ci-dessous illustre l’évolution réelle des salaires des employées-és du secteur public depuis le décret imposé par le gouvernement libéral de Jean Charest en 2005 (Le salaire de 2005 servant de point de départ correspond donc à 100%). Pour les fins de la démonstration, on y utilise le taux horaire du salaire de préposé à l’entretien ménager travaux lourds du secteur de la santé parce que ce titre d’emploi n’a jamais bénéficié de redressement lié à l’équité salariale.


Le tableau montre bien que de 2005 à 2008, les hausses du salaire nominal décrétées (2% par année) par le gouvernement étaient inférieures à la hausse du coût de la vie, de telle sorte qu’à la fin de 2008, les salaires avaient diminué en réalité de 1,3% (C’est ce qu’on appelle une croissance réelle négative, ndlr.).

En 2009, dernière année du décret, la survenance de la crise économique avait provoqué une certaine déflation et le salaire réel a pu ainsi remonter légèrement au dessus du niveau qu’il avait eu en 2005.

Cette situation a inquiété le gouvernement et a déterminé sa stratégie dans la négociation qui a suivi pour que soit rapidement rétablie une courbe descendante de l’évolution réelle des salaires.

Il a donc offert des hausses de salaire extrêmement basses. Les augmentations accordées étaient les suivantes : 0,5 % le 1er   avril 2010, 0,75 % le 1er  avril 2011, 1,0 % le 1er  avril 2012, 1,75 % le 1er  avril 2013 et de 2,0 % le 1er avril 2014. Pour les trois premières années de la convention, les hausses consenties se retrouvaient donc très nettement sous le niveau d’inflation.

Quant aux deux dernières années de la convention, les hausses accordées demeuraient malgré tout inférieures au taux d’inflation (En 2014, le taux annualisé d’inflation est actuellement à 2,4%), et étaient assorties d’une formule d’indexation partielle, conditionnelle à une progression du produit intérieur brut (PIB) au-delà d’un seuil déterminé. Toutefois, la majoration ainsi calculée ne pouvait être supérieure à 0,5 %. Malgré ce compromis qu’il consentait aux syndicats, cette formule assurait au gouvernement la garantie d’une régression récurrente des salaires réels.

Comme le tableau le démontre, selon son point de vue, le gouvernement a ainsi réussi à corriger les effets de la crise économique en réduisant drastiquement les salaires réels de 4% durant les trois premières années de la dernière convention et il a pu les maintenir en bas de ce qu’ils étaient réellement en 2005 jusqu’à aujourd’hui.

PETIT RETOUR SUR LA NÉGOCIATION DE 2010

Lors de la négociation de 2010, les salaires étaient aussi une priorité de négociation pour les syndicats. Ils demandaient alors une augmentation salariale de 11,25% sur trois ans, un peu comme dans la négociation qui s’en vient (On demande 13,5% sur trois ans).

La première réponse du gouvernement fut d’offrir une hausse salariale de 5% sur 5 ans, avec une possible amélioration de son offre pour les deux dernières années, conditionnée par une croissance du PIB au-delà de 4%. Au niveau des conditions de travail, négociées aux tables sectorielles, le gouvernement déposa le 26 mars 2010 des demandes de reculs majeurs pour créer un état de panique dans les rangs syndicaux. Ce dépôt n’étant rien de moins qu’un affront, les syndicats se mirent en recherche de mandats de grève.

Soudain en juin 2010, coup de théâtre : le gouvernement retira ses demandes de reculs aux tables sectorielles et la négociation débloqua rapidement. C’est là la « fenêtre » de règlement dans laquelle ont sauté les négociateurs syndicaux, pour arriver à une entente de principe, qui grosso-modo assurait le statu quo des conditions de travail. Sur le plan des salaires, le gouvernement n’a eu qu’à ajouter 1% à son offre initiale, soit un total de 6% sur 5 ans, et promettre 1% supplémentaire à verser à la fin de la convention collective le 31 mars 2015, si la hausse totale du coût de la vie durant la convention était supérieure aux augmentations consenties (Ce qui sera assurément le cas, mais cette indexation pourrait être compromise avec l’annonce récente du gouvernement de gel de la masse salariale).

Bref, pour le gouvernement aussi, les salaires étaient une priorité, et il a pu célébrer l’atteinte ses objectifs.

MAIS POUR QUELLE RAISONS LE GOUVERNEMENT SE VOUE-T-IL TANT À L’APPAUVRISSEMENT DE SES EMPLOYÉES-ÉS?

Le développement des services publics sous la gouverne de l’État avec la révolution tranquille durant les années 1960 a entraîné la syndicalisation des employées-és. Mais,  «…la situation monopolistique de l’employeur des secteurs public et parapublic entraîne chez la partie syndicale un processus d’adaptation : elle tente en conséquence de créer en monopole syndical ou, du moins, de présenter un « front commun » de manière à équilibrer les forces en présences. (… ) Pour infléchir le rapport de force en sa faveur, la partie syndicale fondera ses revendications sur des thèmes mobilisateurs : sécurité d’emploi, revenu familial minimum…, amélioration de la qualité de l’enseignement ou des services de santé, etc. Qui pourrait valablement s’insurger contre de tels objectifs dans une perspective sociale? On cherche aussi à réaliser des gains importants (indexation des salaires, congés de maternité, etc.) qu’on tentera par la suite de généraliser ailleurs. (…) Il s’ensuit que les négociations collectives dans les secteurs public et parapublic revêtent un caractère essentiellement politique. »
(Rapport Martin-Bouchard, Commission d’étude et de consultation sur la révision du régime des négociations collectives dans les secteurs public et parapublic, Yves Martin et Lucien Bouchard, Février 1978).

Ce caractère objectivement politique de la négociation des secteurs public et parapublic est aussi renforcé du fait qu’elle peut mettre en cause le budget de l’État. À l’époque, contrairement aux avis de la majorité des associations patronales qui plaidaient qu’il appartenait au gouvernement seul de déterminer la masse monétaire globale que les citoyennes et les citoyens sont en mesure de payer pour les missions sociales, la commission Martin-Bouchard avait recommandé « qu’il soit clairement établi que sont objets de négociations aussi bien les principes ou paramètres de la politique salariale du Gouvernement que la masse monétaire en découlant, de même que toute autre matière ayant une incidence sur le budget de l’État ». La commission arguait à juste titre: « Comment pourrait-on prétendre garder son sens véritable à la négociation si, dès le départ, on y soustrayait tout le champs des matières ayant une incidence sur le budget de l’État?… Il apparaît, en effet complètement illusoire de concevoir une négociation authentique dans le cadre d’une masse monétaire prédéterminée. »

Malgré tout,  le gouvernement ne respectera pas cette recommandation par la suite. Il aura au contraire régulièrement recours à des décrets et à des lois spéciales déterminant unilatéralement le gel et même la baisse des salaires, et les législations encadrant cet aspect des négociations chercheront plutôt à soustraire cette question à la libre négociation. Aujourd’hui, le gouvernement Couillard récidive.

Néanmoins cela n’en atténue d’aucune façon le caractère politique, mais au contraire l’accentue. En effet, la négociation des salaires est à l’origine même du mouvement syndical, elle fait partie de son essence. Empêcher la libre négociation des salaires n’est rien de moins que remettre en question le droit d’association.

Finalement, ce qui plus que tout confère un caractère objectivement politique à la négociation des salaires dans les secteurs public et parapublic est qu’elle implique en même temps une large part de l’ensemble du mouvement syndical québécois (environ 35% de tout le mouvement) et que de ce fait, ses résultats ont nécessairement un effet d’entraînement, positif ou négatif, sur l’ensemble des salaires de la classe ouvrière au Québec.

La bourgeoisie et le gouvernement étant bien conscients de cela, savent qu’en neutralisant une force aussi formidable que le front commun et en empêchant que se produisent une hausse réelle des salaires dans le secteur public, ils pourront ensuite réussir beaucoup plus facilement à contenir les salaires dans le secteur privé, où les négociations se font en général en détachements isolés.

Éventuellement, c’est toute la classe ouvrière, tant syndiquée que non syndiquée, qui subit les conséquences des défaites dans le secteur public, permettant ainsi à la bourgeoisie d’augmenter globalement la plus-value, et par conséquent, d’augmenter le taux des profits. Outre le fait que « la tendance générale de la production capitaliste n’est pas d’élever le salaire normal moyen, mais de l’abaisser (Karl Marx, Salaire prix et profit), une bonne part de l’accroissement des écarts de richesse entre les plus riches et les plus pauvres des dernières décennies au Québec est attribuable au fait que le front commun syndical des secteurs public et parapublic a pu être tenu en échec sur cette question essentielle.

LUTTONS CLASSE CONTRE CLASSE POUR DE MEILLEURS SALAIRES

Des critiques se sont fait entendre sur le choix du front commun de prioriser les revendications salariales. On soutient qu’il serait mieux de prioriser la lutte contre la fiscalité régressive, l’élimination d’emplois et la réduction de l’offre de services publics.

Sans nier que ces revendications soient importantes, je dirais qu’en réalité, la revendication prioritaire la plus appropriée sera sûrement celle qui sera la plus susceptible d’unir et de mobiliser le plus les membres des syndicats. À cet égard, les revendications salariales ont historiquement joué un rôle du dénominateur le plus commun pour réunir les centaines de professions et de titres d’emploi différents que rassemblent le front commun. De plus, comme je viens d’essayer de le démontrer dans les lignes précédentes, l’appauvrissement systématique subi par les travailleuses et les travailleurs des secteurs public et parapublic depuis de nombreuses années a créé énormément d’appétit pour des augmentations salariales et en rend la demande extrêmement pertinente.

C’est encore plus vrai pour les couches prolétariennes du front commun dont le revenu souvent se situe très près du seuil de pauvreté, voire en dessous, si on tient compte que de nombreux emplois sont précaires et à temps partiel.

À titre d’exemple, j’avais déjà fait une intervention au micro lors d’un conseil fédéral de la FSSS pour témoigner du fait qu’une fois toutes les déductions faites de mon salaire brut, mon salaire net pour un poste à temps complet dans un hôpital dépassait à peine celui au net de mon fils qui venait de débuter un emploi non syndiqué, à temps complet, au salaire minimum. En fait, c’était en juin 2013. Je gagnais $410 net par semaine alors qu’il en gagnait un peu plus de $350. À ce niveau de salaire, dans mon quartier d’Hochelaga-Maisonneuve, le coût moyen d’un loyer pour un 4½ absorbe très souvent la moitié d’un pareil salaire mensuel. Pour tout le reste, il n’en reste donc pas beaucoup.

Je ne raconte pas cela pour me plaindre mais pour illustrer le fait que l’appauvrissement des employées-és des secteurs public et parapublic, majoritairement des femmes, nous ramène un peu à la situation qu’on avait connu en 1972, lorsque le front commun se battait pour le $100 par semaine au minimum pour toutes et tous. Il existe cette possibilité de faire des revendications salariales une véritable lutte de classe.

Il sera cependant nécessaire que dans sa propagande, le front commun ne se contente pas comme il le fait présentement de parler de rattrapage et de comparaison avec le privé, et d’attraction de personnel, mais place plutôt ses revendications dans la perspective d’exiger que les besoins vitaux de la classe ouvrière soient satisfaits. Il s’agit de rechercher la sympathie de la classe ouvrière pour les revendications salariales pour contrer la division que tente de faire le gouvernement entre employées-es syndiqués et usagers payeurs de taxes. Par exemple, la demande d’augmentation du front commun  pour un préposé à l’entretien ménager est de l’ordre de $100 par semaine sur trois ans. C’est loin d’être exagéré. Aujourd’hui personne ne peut vivre décemment et reproduire sa force de travail avec moins que cela.

C’est en réunissant les conditions d’une victoire que les syndicats seront le plus en mesure de résister et de lutter contre toute les attaques du patronat sur toutes les questions et sur tous les fronts, incluant la sauvegarde des services publics.

LA VRAIE QUESTION : PRÉPARER LA GRÈVE.

L’une des principales raison du succès du mouvement étudiant en 2012, mouvement auquel on se réfère volontiers en tant qu’exemple positif, est d’avoir pris le temps de préparer la grève pendant de longs mois. Cette préparation consistait notamment dans le développement d’un argumentaire et un travail d’éducation des étudiantes et des étudiants à l’effet que non seulement la grève était nécessaire, mais qu’elle pourrait être victorieuse malgré la détermination du gouvernement.

En 1989, la Fédération des affaires sociales de la CSN (la FSSS aujourd’hui) avait obtenu l’un des mandats de grève le plus fort de son histoire. Mais, cela avait été aussi longuement préparé. La FAS avait même organisé un large débat sur le thème de la grève avec un panel lors d’une de ses instances au moins une année auparavant. Notamment, l’existence d’obstacle comme la loi 160 extrêmement répressive que le gouvernement avait adoptée en 1986 fit partie des considérations. Un travail de mobilisation intensif s’ensuivit.

L’une des raisons importante de la régression salariale des secteurs public et parapublic tient justement au fait que dans le réseau de la santé et des services sociaux en particulier, les salarié(e)s n’ont plus réellement fait de grève véritable après 1989. Cela a bien sûr affecté le résultat des négociations, en particulier pour la question salariale, de l’ensemble du secteur public québécois puisque le secteur de la santé compte pour une part significative de l’ensemble, et de ce fait, un élément essentiel du rapport de force nécessaire pour gagner des hausses réelles de salaire.

Il faudrait être très naïf pour croire que l’État-employeur, qui cherche toujours à réduire ses dépenses et à contrôler les salaires, pourrait accorder une hausse sans y être obligé.

*L’auteur a été vice-président du syndicat des employé(e)s du CHUM
   et vice-président de la FSSS-CSN responsable des régions de Montréal, Laval et Grand-Nord