lundi 8 septembre 2014

À bas le projet de loi 3 sur les régimes de retraite.



Par Robert Luxley
Journal Clarté


Le gouvernement Couillard s’est empressé de répondre aux demandes des maires de Montréal et de Québec pour s’attaquer aux régimes de retraite des employées-és municipaux en déposant le projet de loi 3.

Le projet de loi couvre l’ensemble des municipalités de la province indépendamment que leurs régimes de retraite soient ou non en difficulté, soit 170 régimes, comptant 50 000 retraités et 122 000 participants.

Il a pour effet de forcer une renégociation de ce qui avait déjà été convenu entre les municipalités et leurs employées-és, mais en déterminant d’avance les concessions qu’on veut arracher à ces derniers. Les syndicats déclarent que la négociation ainsi imposée sera complètement bidon et que le projet de loi constitue une atteinte à la liberté d'association et de négociation.

Notamment, pour combler les déficits passés des caisses de retraite,  le projet de loi s’attaque aux rentes des retraitées-és en suspendant leur indexation. D’autre part, le projet de loi  impose aux villes et aux employées-és municipaux de rembourser, à parts égales, le déficit des caisses de retraite accumulé par les villes.
 
Or, comme le rappelle les organisations syndicales et de retraitées-és, ce sont, d’une part sur leurs propres salaires que sont prélevées les cotisations finançant les rentes. Les employés ont financé, souvent exclusivement, les caisses de retraite en y versant près de 10% de leurs salaires. D’autre part, les rentes sont déjà bien souvent insuffisantes, laissant les bénéficiaires dans  la pauvreté. Par exemple, la rente moyenne des retraitées-és des cols bleus de Montréal ne s’élève qu’à $24 000 par année, en incluant les prestations de la Régie des rentes et la pension de sécurité de la vieillesse.

Les déficits actuariels des régimes sont causés essentiellement par le fait que les employeurs se réservaient le droit de ne pas verser dans les caisses de retraite leur quote-part tel qu’il était convenu dans les conventions collectives. Le projet de loi va donner l’autorité aux municipalités de faire payer leurs dettes contractuelles par leurs employées-és et par les retraitées-és. Il s’agit ni plus ni moins d’un vol qualifié et d’une baisse rétroactive des salaires.

Effrontés pas à peu près

Pendant que le gouvernement s’apprête à dévaliser les travailleuses et les travailleurs, les discussions sont en cours entre les députés à l’Assemblée nationale en vue de faire des modifications à leur propre régime de retraite. Celui-ci est le plus généreux au Canada. Mais les députés ne sont pas trop pressés d’abaisser leurs conditions dorées.

Rappelons qu’un député peut retirer sa pleine pension à 60 ans, et qu’elle peut aller jusqu’à 100% de son salaire (environ $90 000 par année). Le premier ministre serait disposé à augmenter le salaire des députés de $46 000 par année pour compenser les concessions que ces petits chéris consentiraient à leur régime de retraite.

La résistance s’amplifie

Les protestations s’amplifient. Le 18 août dernier, des manifestantes et manifestants ont envahi l’Hôtel-de-Ville de Montréal et ont un peu chahuté les élus municipaux. Le premier Ministre Couillard s’est déclaré outré par de telles actions, affirmant que la bonne chose à faire serait de faire des représentations à la commission parlementaire sur le projet de loi. Or, il venait de déclarer quelques jours plus tôt à l’occasion d’un congrès des jeunes Libéraux, que de toute façon, il ne reculerait pas d’un pouce sur son projet de loi.

Le Projet de loi 3 s’inscrit dans l’attaque générale prévu dans l’agenda néolibéral contre le droit à la retraite de toutes les travailleuses et tous les travailleurs au Québec et au Canada. La voie à suivre, c’est l’unité dans la lutte. Le Syndicat des cols bleus de Montréal s’est déclaré prêts à tout pour s'opposer au projet de loi 3 et même s'il le faut, aller en grève générale illimitée. C’est la bonne chose à faire.

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