lundi 30 mars 2015

L’augmentation des salaires : une priorité du programme de Maduro


Par Ben Chacko, MorningStar (UK)

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a promis des solutions socialistes pour les problèmes économiques du pays le 21 janvier, jurant que la baisse des prix du pétrole ne ferait pas dérailler la révolution bolivarienne.

Dans son discours annuel à l'Assemblée nationale Maduro a dénoncé la « guerre économique » menée contre le pays par des intérêts désespérés du monde des affaires pour saboter le projet socialiste. Il a reconnu que l'emballement de l'inflation était source de problèmes pour les Vénézuéliennes et Vénézuéliens ordinaires – et a annoncé une hausse de 15 % des salaires et des retraites pour aider les gens à s’en sortir.

Les bourses d'études seront augmentées et 400 000 nouvelles maisons construites pour les personnes à faible revenu, a dit Maduro.

Ses mesures ambitieuses sont un camouflet pour les économistes de droite et les organismes internationaux qui ont recommandé leur médecine habituelle d’austérité pour les difficultés économiques, malgré l'impact désastreux qu'elle a eu sur les pays en Europe.

Le président a dit que les prix de l’essence - les plus bas dans le monde - étaient une « distorsion » qu’il serait impossible de maintenir indéfiniment, quoiqu’aucune augmentation immédiate n’ait été annoncée. La subvention de l'État pour l’essence peut être retirée, a t-il averti, ajoutant avec ironie: « Si vous voulez, crucifiez-moi, tuez-moi. Oui, nous avons moins de dollars. Mais Dieu y pourvoira.»

L'écart entre riches et pauvres continuait à diminuer, a t-il dit, et avec l'aide des alliés du pays - la Chine, en particulier, a été une source-clé de prêts - les problèmes financiers immédiats pourraient être traités. Même si le pétrole était moins rentable qu'auparavant, la nation doit être fière de son l'indépendance, a t-il dit.

«Imaginez si les États-Unis contrôlaient encore les champs pétrolifères du Venezuela. Ils utilisent le pétrole comme une arme géopolitique pour gagner une position dominante dans le monde ».

Le critique de l'opposition, Juan Pablo Garcia a prétendu que c’était le bon moment pour le «régime» de «quitter le pays », malgré les échecs répétés de la droite de le renverser aux élections.

Mais comme Maduro commençait son discours, la majorité socialiste unifiée et communiste dans l’Assemblée a scandé: « Ils ne vont pas revenir », se référant aux gouvernements corrompus de droite dont le pays a souffert avant que le prédécesseur du président, Hugo Chavez soit élu en 1998.

Andreina Tarazon, la directrice du ministère des femmes et de l'égalité des sexes du Venezuela, créé pour répondre aux questions que le Comité des Nations Unies sur l'élimination de la discrimination l'égard des femmes (CEDAW) s’occupe au niveau international, vue ici avec le président Nicolas Maduro.

dimanche 29 mars 2015

Le protocole d'entente Canada-Israël et le projet de loi C-51


Journal Clarté

Lorsque John Baird a démissionné de son poste au cabinet fédéral au début de février, on a pu voir une « consternation » profondément ridicule et la question s’est posée: comment Israël pourra-t-il fonctionner avec un seul ministre des Affaires étrangères?

Probablement est-ce juste une coïncidence, mais son soudain départ est survenu deux semaines seulement après un "protocole d'entente" choquant qui a été co-signé par Baird au nom du Canada, et le faucon sioniste notoire, Avigdor Lieberman, l’actuel ministre des Affaires étrangères d'Israël. Les lectrices et les lecteurs sont invités à consulter le protocole d'entente sur Internet, mais quelques extraits suffisent à expliquer son contenu.

« Profondément préoccupés par les efforts de critiquer et d’isoler l'État d'Israël, y compris à l'échelle internationale par les appels au boycott de l'État d'Israël, pour la cession des investissements, et pour des sanctions à imposer à Israël (et), Reconnaissant que le ciblage sélectif d'Israël reflète le nouveau visage de l'antisémitisme, (les deux états) vont travailler ensemble pour s’opposer aux efforts pour cibler ou isoler l'État d'Israël à travers: le développement d’une initiative de diplomatie publique coordonnée ... »

Pris dans le contexte des dénonciations vitrioliques du gouvernement Harper des mouvements de solidarité avec la Palestine, ce protocole d'entente donne au projet de loi C-51, la législation actuellement devant le Parlement, une nouvelle et terrifiante dimension. Essentiellement, le Canada a signé un engagement à définir toute partisane et tout partisan du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre la politique d'apartheid d'Israël comme une et un terroriste potentiel sujet à un large éventail de surveillance policière, aux détentions préventives, à la saisie d'ordinateurs, et autres sales trucs et à la répression étatique. Les partisan(ne)s de l'occupation israélienne des territoires palestiniens et de l'assassinat brutal de civil(e)s palestinien(ne)s par les forces de défense israéliennes et les colons sionistes dérangés, seront bien sûr traités comme des héros. La puanteur de l'hypocrisie raciste sur la Colline du Parlement ces jours-ci est accablante.

samedi 28 mars 2015

La Fédération du Travail de Saskatchewan salue la décision de la cour suprême


Bureau de People’s voice à Vancouver

Les travailleuses et les travailleurs ont remporté une victoire majeure le 30 janvier dernier lorsque la Cour suprême du Canada (CSC) a statué dans une affaire présentée par la Fédération du Travail de la Saskatchewan (SFL) et ses organisations affiliées. La décision 5 contre 2 établit un précédent en déclarant que la Loi sur les services essentiels des services publics du gouvernement du Parti de la Saskatchewan (projet de loi 5) est inconstitutionnelle parce qu'elle viole le droit de grève qui est protégé par la Charte des droits et libertés.

La FTS dit que le jugement signifie que tout gouvernement qui tente de limiter les droits des travailleuses et des travailleurs sera vulnérable face à des contestations judiciaires. Une protection juridique plus forte pour le droit de grève, selon la Fédération, aidera les travailleuses et les travailleurs à former des syndicats et à négocier collectivement pour des salaires équitables et des conditions de travail, et à contrer le pouvoir des employeurs.

«Le mouvement ouvrier de la Saskatchewan a toujours lutté pour les droits des travailleuses et des travailleurs, assuré la protection du public pendant les conflits de travail, et veillé à ce que l'action de grève soit un dernier recours,» a déclaré le président de la FTS, Larry Hubich, « cependant, la reconnaissance du droit de grève est nécessaire pour rétablir l'équilibre entre les travailleuses, les travailleurs et les employeurs ».

«En tant que Canadiennes et Canadiens, nous apprécions la Charte des droits et libertés. Aussi, cette décision aujourd'hui n’est pas seulement une victoire pour les travailleuses et les travailleurs, elle est aussi une victoire pour les valeurs d'équité que nous partageons tous », a déclaré Hubich, « j’ai l’espoir que le gouvernement du Parti de la Saskatchewan reconnaîtra son erreur, et s’engagera à ne jamais plus laisser son idéologie faire obstacle à une bonne politique publique ».

Les observatrices et les observateurs s’accordent pour dire que la décision lève la barre pour les gouvernements fédéral et provinciaux dans leurs relations avec les employé(e)s du secteur public, en affirmant que droit de grève est protégé par la Constitution.

La Cour suprême a donné à la Saskatchewan une année pour adopter une nouvelle législation, et a averti que toute nouvelle loi devra être équitable pour les travailleuses et les travailleurs. Le même principe a été utilisé dans une autre décision récente de la CSC donnant le droit aux membres de la GRC de former des syndicats ou des associations.

Après avoir remporté l'élection en 2007, le Parti de la Saskatchewan a présenté le projet de loi 5, qui statuait que, si les employeurs et les syndicats n’étaient pas capables de s’entendre sur lesquelles travailleuses et des travailleurs devraient être considérés essentiels et ne pourraient légalement faire la grève, le gouvernement allait décider.

La majorité des juges de la Cour suprême a statué que ce pouvoir unilatéral violait l'article de la Charte des droits et libertés qui protège la liberté d'association.

Le ministre du Travail de la Saskatchewan Don Morgan a d’abord dit que la loi de son gouvernement « aurait pu être beaucoup mieux faite qu’elle était.» Mais depuis, son gouvernement a averti qu'il pourrait utiliser la «clause nonobstant» pour s’opposer à la Charte.

Hassan Yussuff, le président du Congrès du travail du Canada, a déclaré que la décision allait forcer le gouvernement à être plus prudent dans l’élaboration des lois visant à empêcher les travailleuses et les travailleurs des services essentiels de faire grève, comparé à l’approche « beaucoup plus cavalière » qu'il avait adoptée par le passé.

«Le gouvernement devra faire plus attention s’il veut intervenir pour interrompre ce droit des travailleuses et des travailleurs», a déclaré Yussuff.

La loi 5 était largement considérée comme des représailles à l’encontre des travailleuses et les travailleurs du secteur public, suite à une grève de milliers d'infirmières en 1999 et un autre des travailleuses et des travailleurs de la route et les agentes et agents correctionnels à la fin de 2006 et au début de 2007.

Les contestations judiciaires avaient commencé en 2008, et la Cour du Banc de la Reine de Régina déclara la loi inconstitutionnelle en Février 2012. Après que Cour d'appel de la Saskatchewan eut infirmé cette décision en 2013, la FTS a interjeté appel à la Cour suprême et l’a emporté.

La décision pourrait affecter syndicats des services publics à travers le pays, comme en Nouvelle-Écosse, où le gouvernement libéral a imposé une loi controversée sur les services essentiels pour les travailleuses et les travailleurs de la santé en avril dernier. Terre-Neuve-et-Labrador et la Colombie-Britannique ont adopté des lois similaires

(Ainsi qu’au Québec dont le gouvernement est présentement en négociation avec ses 500 000 employé(e)s des services publics et parapublics et qui, comme de grandes entreprises comme Air Canada, est intervenu devant la Cour Suprême pour soutenir le gouvernement de la Saskatchewan. Ndrl)

vendredi 27 mars 2015

INTERVIEW DE GIORGOS MARINOS, MEMBRE DU BP DU CC DU KKE DANS LE JOURNAL "UNSERE ZEIT" DU PC ALLEMAND



UZ: Les développements récents en Grèce conduisent aux élections législatives le 25/1. Le KKE, comment agira-t-il dans cette lutte électorale? Sera le KKE en mesure de faire face avec succès à la polarisation attendue autour du scénario prétendue «en faveur de» ou «contre» l'UE?

Giorgos Marinos: On ne va pas voir la polarisation décrite ci-dessus (concernant l'UE), puisque les deux partis principaux qui se disputent le pouvoir (ND et SYRIZA) se sont engagés à l'UE. En effet, le président de SYRIZA, A. Tsipras, a déclaré clairement: «Nous appartenons à l'Occident, l'UE et l'OTAN. Nous ne contestons pas cela ». Ainsi, la polarisation qui sera recherchée sera entre d'une part la peur qui est cultivée par ND, que si la ligne politique actuelle antipopulaire n’est pas suivie, il y aura une catastrophe, et d'autre part, l'exploitation de l'indignation du peuple et les illusions de gestion favorisées par SYRIZA, qui, malgré son pourcentage électoral haute ne contribue pas au développement des luttes de la classe ouvrière.

Notre Parti, avec des luttes importantes et le travail de propagande de masse, démontre aux travailleurs que quelle que soit la formule de la gestion bourgeoise, dans le cadre de l'UE, de l'OTAN et du chemin de développement capitaliste, ce ne sera pas dans l'intérêt des travailleurs et d’autres couches populaires. La solution est de renforcer le KKE partout, dans le parlement aussi, afin de renforcer la lutte du peuple et ouvrir la voie à des changements radicaux.

UZ: Les médias de masse en Allemagne tiennent des discours alarmistes sur l'effondrement de la Grèce si la « gauche radicale », c’est à dire SYRIZA, remporte les élections. L'UE intervient déjà dans la lutte électorale. Quelles sont vos attentes par rapport à la ligne politique qu’Alexis Tsipras va suivre?

Giorgos Marinos: Ils peuvent tenir des discours alarmistes en Allemagne, comme le fait le parti gouvernemental ND en Grèce, mais d'autres sections du capital s’expriment différemment et ils soutiennent ouvertement un possible gouvernement de SYRIZA.

Bien sûr, les deux partis (ND-SYRIZA) ont des différences qui expriment les différences qui existent au sein des pays de la zone euro et entre des sections des monopoles, de la bourgeoisie et des hommes d'affaires. L’une des vues, qui est à l'heure actuelle la dominante au sein de la Commission, l'UE, l'Allemagne, parle d'une ligne politique restrictive, de la poursuite des mesures d'austérité afin que chaque pays puisse sortir de la crise et que la zone euro dans son ensemble ne glisse pas dans la crise. De l'autre côté, il y a le point de vue qui parle d'une politique plus expansive, en tout cas, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a parlé d’un relâchement fiscal afin d'accroître la liquidité, pour fournir de l'argent à des hommes d'affaires pour des investissements. Ils affirment, comme SYRIZA le fait aussi, que l'économie va « respirer » de cette manière. Cet argent quand même n’ira pas au peuple, mais aux différentes sections de la ploutocratie, les monopoles.

Donc, lors SYRIZA est en concurrence avec ND par rapport à la question qui permettra le meilleur renforcement de la rentabilité du capital, la «compétitivité» de l'économie, le remboursement de la dette, il ne peut y avoir aucune attente qu'une ligne politique en faveur du peuple soit mise en œuvre par un gouvernement de SYRIZA. SYRIZA est devenu un parti social-démocrate. La vie a démontré que les « gouvernements de gauche», à la fois en Grèce et dans l'Europe, sont devenus les « ponts » pour des politiques plus à « droite ».


UZ: Quel est le chemin pour le pays proposé par le KKE concernant la dette et l'UE?

Giorgos Marinos: Le KKE a démontré que ce n’est pas le peuple qui est à blâmer pour la dette, mais le capital et ses gouvernements. En bref, c’est l'adhésion du pays à la CEE - l'UE, qui a détruit des secteurs traditionnels de l'économie, qui est responsable, ainsi que le chemin de développement capitaliste dans son ensemble, puisque l'état a fait des emprunts afin de servir la rentabilité du capital et demande maintenant les travailleurs à payer. Nous appelons le peuple à ne pas reconnaître la dette.
En outre, nous soulignons que le plan de ND pour un « allongement » du remboursement de la dette, qui est maintenant également accepté par des cadres de SYRIZA, ainsi que l'objectif officiel de SYRIZA et du FMI au sujet d'une «décote» de la dette de sorte qu'elle puisse devenir «viable», ne libèrent pas le peuple de ce fardeau financier insupportable, ne conduisent pas à une reprise des pertes affectant le revenu du peuple depuis le début de la crise capitaliste, ne mettent pas non plus un frein à la poursuite des mesures antipopulaires.

Ce que le peuple doit faire est de créer les conditions préalables, dans la société, pour ouvrir la voie pour une annulation unilatérale de la dette, le désengagement de la Grèce de l'UE et de l'OTAN, la création d'une économie qui fonctionnera sur la base des besoins du peuple, et non pas pour la rentabilité du capital. Cela exige un pouvoir ouvrier-populaire. Le regroupement du mouvement ouvrier-populaire est une condition préalable, ainsi que la formation de l'alliance populaire de la classe ouvrière avec les autres couches populaires, ce qui peut être mis en place à travers le renforcement décisif du KKE.

UZ: Le KKE rejette la participation dans le PGE. Quelles sont les raisons qui vous conduisent à cette position? Il n’y a pas de raisons qui militent en faveur d'une telle coopération?

Giorgos Marinos: Le KKE a fêté 96 ans d’activité incessante. Depuis sa fondation, notre Parti a été et reste un parti internationaliste. Les Rencontres internationales des Partis communistes et ouvriers ont commencé il y a 16 ans à Athènes, à son initiative. Il répond activement aux invitations internationales d’autres partis, il entreprend des initiatives pour coordonner l’activité au niveau mondial et régional. Donc, nos différences avec le PGE ne sont pas liées à la question si il devrait y avoir une tentative de coordonner l’action, mais dans quelle direction cette coordination devrait être.
Plus précisément, le KKE considère que l'activité conjointe contre la guerre et les interventions impérialistes, contre le chemin de développement capitaliste, contre les mesures anti-ouvrières et antipopulaires, les unions impérialistes de l'UE et l'OTAN, contre toute union impérialiste, doit être renforcée. Notre objectif doit être l’élaboration d’une stratégie révolutionnaire contemporaine à un niveau international.

Cela ne peut être réalisé par le PGE, qui a été établi sur la base des décisions de l'UE elle-même. Tous les soi-disant «partis européens» (y compris le PGE) dans leurs documents acceptent obligatoirement et soutiennent l’« édifice » impérialiste de l'UE et reçoivent un soutien multiforme de celle-ci.

Le KKE donne la priorité à une nouvelle forme de coopération et de ralliement des partis communistes et ouvriers au niveau européen, sur la base de principes communs. Aujourd'hui il y a 29 partis participant à «L'Initiative des Partis Communistes et Ouvriers d'Europe pour l'étude et l'élaboration des sujets européens et la coordination de leur action». Ce sont des partis qui ne sont pas membres ou membres à part entière du PGE, se fondant sur les principes du socialisme scientifique, unis par la vision d'une société sans exploitation de l'homme par l'homme, sans pauvreté, injustice sociale et guerres impérialistes. Dans le même temps nous avons un engagement clair à lutter contre l'UE. L'UE constitue le choix du capital et promeut des mesures favorables aux monopoles, renforce ses caractéristiques en tant que bloc économique, politique et militaire impérialiste contre les intérêts de la classe ouvrière, des couches populaires. Elle augmente les dépenses militaires, intensifie l'autoritarisme et la répression étatique. Nous croyons au droit de chaque peuple de choisir son propre chemin souverain de développement, y compris le droit de se désengager de dépendances à plusieurs niveaux vis-à-vis l'UE et l'OTAN, ainsi que le droit de choisir le socialisme.

À notre avis, tout PC européenne voulant rester fidèle à sa mission historique, en tant que parti de la classe ouvrière, de la perspective socialiste, sera contraint par les développements eux-mêmes de prendre sa place dans notre front commun contre les monopoles, le capitalisme et ses unions, comme l'UE et l'OTAN. Sinon, il va glisser, ouvertement ou non, dans un vain effort pour «humaniser» l'UE et le capitalisme. Il va perdre son identité communiste. Et par conséquent, il donnera la mauvaise réponse aux dilemmes historiques «socialisme ou barbarie?» et «réforme ou révolution?», posés par la révolutionnaire allemande Rosa Luxemburg dans ses écrits. Il se rangera éventuellement contre les intérêts de la classe ouvrière, du peuple, comme c’est le cas aujourd'hui, entre autres, du PGE.

UZ: Nous vous souhaitons beaucoup de succès dans les élections et les luttes que 2015 apportera!

jeudi 26 mars 2015

N'oubliez pas la manifestation nationale de l'ASSÉ le 2 avril prochain


Rejet mondial de l’agression des Etats-Unis contre le Venezuela

Salim Lamrani
Sur Michel Collon.info

L’annonce faite par la Maison-Blanche de décréter un état d’urgence nationale, dans le but de briser l’ordre constitutionnel au Venezuela, a unanimement été rejeté par la communauté internationale.



Le 9 mars 2015, Barack Obama a signé un ordre exécutif et a décrété un « état d’urgence » aux Etats-Unis en raison de la « menace inhabituelle et extraordinaire » que représenterait le Venezuela pour la sécurité nationale. Cette décision, hostile à l’égard d’une autre nation souveraine, est d’une extrême gravité et s’est accompagnée de nouvelles sanctions contre plusieurs fonctionnaires du gouvernement de la République latino-américaine.(1)

Pour justifier une telle décision, la Maison-Blanche évoque « l’intimidation des opposants politiques » au Venezuela, exige « le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales » et demande « la libération de tous les prisonniers politiques, y compris des dizaines d’étudiants, le leader de l’opposition Leopoldo López ainsi que les maires Daniel Ceballos et Antonio Ledezma »,… mais n’évoque aucune menace concrète contre les Etats-Unis.(2)

En effet, Washington ne fait allusion à aucune menace précise portée contre sa sécurité, ni à d’éventuelles armes stratégiques d’un pays – qui n’en possède aucune – qui se trouve à plusieurs milliers de kilomètres de ses côtes et qui, de son histoire, n’a jamais été en guerre contre les Etats-Unis, ni n’a agressé une autre nation. Au contraire, le Président vénézuélien Nicolás Maduro, démocratiquement élu en 2013 lors d’un scrutin reconnu pour sa transparence par tous les organismes internationaux, de l’Organisation des Etats américains à l’Union européenne, a toujours fait part de sa volonté d’établir des relations pacifiques et d’égal à égal avec le Voisin du Nord. Pour justifier sa décision, Obama fait uniquement référence à des faits qui relèvent de la situation interne du Venezuela et qui sont de la compétence unique et exclusive du peuple bolivarien, faisant ainsi preuve d’un acte d’ingérence – donc contraire au Droit international – dans les affaires internes d’une nation souveraine .(3)

Cette nouvelle mesure marque une recrudescence de l’hostilité des Etats-Unis vis-à-vis de la démocratie vénézuélienne. En effet, depuis l’arrivée d’Hugo Chávez au pouvoir en 1999 et l’avènement de la Révolution bolivarienne, Washington n’a eu de cesse de déstabiliser le Venezuela. Le 11 avril 2002, l’administration Bush avait orchestré un coup d’Etat contre le Président Chávez et brisé l’ordre constitutionnel. L’intervention massive du peuple avait permis de mettre un terme à la dictature militaire la plus courte de l’histoire de l’Amérique latine (48 heures). En décembre 2002, Washington avait soutenu le sabotage pétrolier qui avait coûté plus de 10 milliards de dollars à l’économie vénézuélienne. Depuis, les Etats-Unis n’ont eu de cesse de soutenir l’opposition antidémocratique et putschiste, qui n’a pas hésité à recourir à la violence, comme le montre la vague meurtrière qui a frappé le pays en février 2014, pour obtenir par la force ce qu’elle a été incapable de remporter par les urnes. En effet, depuis 1998, la droite vénézuélienne a perdu 19 des 20 processus électoraux – reconnus comme transparents par toutes les instances internationales – qui se sont tenus sous la Révolution bolivarienne.

Caracas a immédiatement dénoncé une tentative de coup d’Etat à son encontre. L’annonce de Washington survient quelques semaines après que le Venezuela a révélé l’existence d’une conspiration, planifiée par l’opposition, destinée à renverser l’ordre constitutionnel, qui a conduit en prison le maire de Caracas Antonio Ledezma et plusieurs membres des forces armées, entre autres (4) . Nicolás Maduro a ainsi déclaré que Barack Obama avait « assumé personnellement la tâche de renverser [s]on gouvernement, d’intervenir au Venezuela, et d’en prendre le contrôle (5) ». « Il s’agit de la plus grave menace contre la nation de toute son histoire », a-t-il ajouté, rappelant que « personne ne peut croire que le Venezuela soit une menace pour les Etats-Unis (6) ». L’objectif de Washington est évident, selon Maduro : avec les premières réserves en hydrocarbures au monde, le Venezuela est en effet une priorité stratégique pour les Etats-Unis, qui souhaitent contrôler ces ressources.

La mesure prise par les Etats-Unis à l’encontre du Venezuela a suscité le rejet unanime de la communauté internationale, y compris de ses plus fidèles alliés. L’Union européenne a déclaré qu’il était hors de question de s’aligner sur la politique de Washington et qu’elle « n’envisage[ait] pas [d’imposer] des mesures restrictives » contre Caracas. « L’Union européenne n’a pas à prendre de décision » concernant le Venezuela, a souligné José Manuel García-Margallo, Ministre espagnol des Affaires étrangères (7). Mais les condamnations les plus fermes sont venues du Nouveau Monde. Cuba a été la première nation à fustiger le décret présidentiel le jour même de sa divulgation. La Havane a utilisé un langage diplomatique fort et a réaffirmé « son soutien inconditionnel […] au gouvernement légitime du Président Nicolás Maduro », montrant ainsi que le rapprochement avec les Etats-Unis n’interférait en aucune manière dans sa politique étrangère. La déclaration émise le 9 mars 2015 est édifiante :

« Le Gouvernement révolutionnaire de la République de Cuba a pris connaissance du Décret Présidentiel arbitraire et agressif émis par le Président des Etats-Unis contre le Gouvernement de la République Bolivarienne du Venezuela, qui qualifie ce pays comme une menace pour sa sécurité nationale […] De quelle manière le Venezuela menace-t-il les Etats-Unis ? A des milliers de kilomètres de distance, sans armes stratégiques et sans employer de ressources ou de fonctionnaires pour conspirer contre l’ordre constitutionnel étasunien, la déclaration est peu crédible et met à nu les objectifs de ses auteurs. […] Personne n’a le droit d’intervenir dans les affaires internes d’un Etat souverain ni de le déclarer, sans fondement aucun, comme étant une menace à sa sécurité nationale. Tout comme Cuba n’a jamais été seule, le Venezuela ne le sera pas non plus (8) ».

Lors du Sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’Alliance bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA), tenu le 17 mars 2015, le Président cubain Raúl Castro a réaffirmé son soutien au Venezuela et a lancé un message explicite à Washington :

« Les Etats-Unis devraient comprendre une fois pour toutes qu’il est impossible de séduire ou d’acheter Cuba, ni d’intimider le Venezuela. Notre unité est indestructible. Nous ne cèderons pas non plus d’un pouce dans la défense de la souveraineté et de l’indépendance, et ne nous tolèrerons aucun type d’ingérence, ni de conditionnement dans nos affaires internes. Nous ne renoncerons pas à la défense des causes justes de Notre Amérique et du monde, et nous n’abandonnerons jamais nos frères de lutte. Nous sommes venus serrer les rangs avec le Venezuela et l’ALBA et ratifier que les principes ne sont pas négociables […]. Nous ne permettrons que l’on porte atteinte à la souveraineté ou que l’on brise la paix en Amérique latine (9) ».

Pour sa part, l’Argentine a publié une longue déclaration rejetant les mesures hostiles adoptées par Washington et apportant son soutien à la démocratie vénézuélienne :

« Le Gouvernement argentin a pris connaissance avec inquiétude du contenu du Décret exécutif émis par le Gouvernement des Etats-Unis […]. La gravité d’une telle dénonciation cause non seulement de la consternation en raison de la dureté inhabituelle de ses termes, presque menaçants, mais elle provoque également de la stupeur et de la surprise. Il est absolument invraisemblable pour toute personne moyennement informée que le Venezuela, ou n’importe quel autre pays sud-américain ou latino-américain, puisse constituer une menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis d’Amérique du Nord. Le caractère absurde et injuste de l’accusation est source de consternation […]. L’Argentine, tout comme les autres pays de la région […], rejette toute ingérence dans les affaires internes des autres Etats. En ce sens, l’Argentine lance un appel au Gouvernement des Etats-Unis pour qu’il évite l’usage d’un langage impropre pour un pays de son importance et de sa responsabilité en tant que puissance mondiale, ou de sanctions qui ont déjà démontré, dans d’autres cas, qu’elles conduisent uniquement à l’échec et à l’inimitié entre les peuples et leurs gouvernements (10) ».

De son côté, le Président bolivien Evo Morales a exigé des Etats-Unis qu’ils « demandent pardon à l’Amérique latine, et en particulier au Venezuela ». L’Amérique latine refuse « toute intervention militaire [ou] menace contre la démocratie et contre nos révolutions », a-t-il ajouté (11).

L’Equateur a qualifié la décision de Washington de « grotesque » et de « grave risque pour la paix et la démocratie dans la région ». « Il ne manque plus que l’on sanctionne les électeurs vénézuéliens », a annoncé sur un ton sarcastique son président Rafael Correa. Pour sa part, le Nicaragua a exprimé « son profond rejet et indignation face à cette déclaration inacceptable de facture impériale (12) ».

L’ancien président de l’Uruguay, Pepe Mujica, considéré comme étant la conscience morale du continent latino-américain, a condamné l’attitude agressive des Etats-Unis : « Je n’ai pas besoin de preuves pour savoir que les Etats-Unis s’immiscent dans les affaires internes du Venezuela. Il faut être fou pour oser dire que le Venezuela peut être une menace. Ils [les Vénézuéliens] ont une Constitution merveilleuse, la plus audacieuse d’Amérique latine. Nous avons besoin d’une Venezuela indépendante (13) ».

Les organismes latino-américains ont également stigmatisé le décret présidentiel d’Obama. L’Union des nations sud-américaines (UNASUR), qui regroupe les 12 pays d’Amérique du Sud, a unanimement rejeté l’ingérence étasunienne. Dans une déclaration commune, l’UNASUR a dénoncé un acte hostile :

« Les Etats membres de l’Union des nations sud-américaines font part de leur rejet du Décret exécutif du Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, approuvé le 9 mars 2015, car il constitue une menace d’ingérence contre la souveraineté et le principe de non-intervention dans les affaires internes des autres Etats. Les Etats membres de l’UNASUR réaffirment leur engagement en faveur de la pleine application du Droit International, de la Solution pacifique des controverses et du principe de Non-intervention, et réitèrent leur appel aux gouvernements afin qu’ils s’abstiennent d’appliquer des mesures coercitives unilatérales qui contreviennent au Droit International. L’UNASUR réitère son appel au gouvernement des Etats-Unis d’Amérique afin qu’il évalue et mette en pratique des alternatives de dialogue avec le gouvernement du Venezuela, sous les principes de respect de la souveraineté et de l’autodétermination des peuples. En conséquence, elle sollicite la dérogation dudit Décret Exécutif (14) ».

Le Parlement du Marché commun du Sud (Mercosur), qui regroupe 10 pays sud-américains (5 membres permanents et 5 membres associés), a fait part de son « rejet le plus énergique et le plus catégorique » des sanctions annoncées par les Etats-Unis, dénonçant une « menace réelle d’agression contre la souveraineté, la paix et la stabilité démocratique de ce pays sud-américain et donc contre le Mercosur ». Ces mesures « constituent en elles-mêmes un danger d’intervention armée contre le Venezuela, et cela doit déclencher une alerte nationale et internationale (15) ».

L’Association latino-américaine d’intégration (ALADI) a exprimé sa solidarité « avec le peuple vénézuélien » et « son gouvernement légitime et rejette cette déclaration qui est inexplicable et arbitraire. Le monde sait qu’aucun pays d’Amérique latine ne représente une menace pour la paix ». Le secrétariat général de l’entité a rejeté l’intromission de Washington : « L’Amérique latine et la Caraïbe ont été proclamées par le Second sommet de la CELAC (Communauté des Etats latino-américains et caribéens) comme zone de paix et c’est pourquoi cette attitude constitue une agression inacceptable pour la Région (16) ».

Le Parlatino, Parlement latino-américain intégré par 23 pays, a également condamné l’action hostile de Barack Obama et a exigé le retrait du décret présidentiel étasunien contre le Venezuela. « Ce qui est en jeu, c’est la défense de notre souveraineté, le contrôle de nos ressources naturelles et la liberté de décider de notre propre destin », a souligné Angel Rodríguez, le représentant vénézuélien (17) .

L’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA) a exprimé « son rejet le plus énergique du Décret exécutif ». « Cette agression viole toute norme internationale qui régit la vie des Etats égaux et souverains, ignore la tradition antiimpérialiste qui nos peuples ont historiquement revendiqué, et constitue une menace pour la paix et la tranquillité de nos pays (18) ».

La politique agressive de Washington a également été dénoncée aux Nations unies, au sein du Conseil des droits de l’homme de Genève. La Communauté des Etats latino-américains et caribéens – qui regroupe les 33 pays–, la Russie et la Chine, entre autres, ont dénoncé « l’imposition de mesures coercitives unilatérales comme mécanisme de pression politique et économique, fait qui viole les principes de la Charte des Nations unies (19) ».

Face au rejet unanime de la communauté internationale, les Etats-Unis ont été contraints d’effectuer une déclaration affirmant que leur objectif n’était pas de renverser le gouvernement démocratique de Nicolás Maduro. Le Département d’Etat a ainsi assuré que les « Etats-Unis ne cherchent pas à obtenir la chute du gouvernement vénézuélien et ne tentent pas non plus de saboter l’économie vénézuélienne ». Mais l’Amérique latine n’a pas été convaincue par ces propos, tant Washington a multiplié les actes hostiles envers le Venezuela depuis l’avènement de la Révolution bolivarienne (20) .

A moins d’un mois du Sommet des Amériques qui se tiendra les 10 et 11 avril 2015 au Panama, le Président des Etats-Unis vient de s’aliéner toute l’Amérique latine en imposant une politique hostile et agressive au Venezuela, violant le principe de non-ingérence dans les affaires internes d’une nation souveraine. Alors qu’il avait l’opportunité de se présenter face à la communauté latino-américaine paré du prestige que lui a conféré sa décision de rétablir un dialogue historique avec Cuba, Barack Obama sera accueilli par les pays du Sud avec suspicion et rejet, tout comme son prédécesseur à la Maison-Blanche… un certain George W. Bush.

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano. http://www.amazon.fr/Cuba-m%C3%A9di... Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamra...

Source : Al Mayadeen

Notes

1. Antonio María Delgado, « Obama aplica sanciones y declara emergencia nacional por amenaza de Venezuela », El Nuevo Herald, 10 mars 2015.
2. The White House, “Statement by the Press Secretary on Venezuela”, 9 mars 2015. https://www.whitehouse.gov/the-pres... (site consulté le 13 mars 2015).
3. Ultimas Noticias, « Maduro : Le tiendo la mano al gobierno de EEUU”, 13 mars 2015.
4. Ignacio Ramonet, “La tentative du coup d’Etat contre le Venezuela”, Medelu, 10 mars 2015.
5. Fabiola Sánchez, “Maduro : EEUU asumió la tarea de derrocar a mi gobierno”, The Associated Press, 10 mars 2015
6. Agencia Venezolana de Noticias, “Presidente llama a la unidad para vencer la amenaza más grave en la historia de Venezuela”, 11 mars 2015.
7. Agence France Presse, « La Unión Europea ‘no está considerando’ sanciones contra Venezuela », 10 mars 2015.
8. Gobierno Revolucionario de la República de Cuba, “Declaración”, Cubadebate, 9 mars 2015.
9. La Iguana TV, “Raúl Castro : Es imposible comprar a Cuba, ni intimidar a Venezuela. Nuestra unidad es indestructible”, 17 mars 2015.
10. Presidencia de Argentina, “Declaración sobre las medidas adoptadas por Estados Unidos contra Venezuela”, 11 mars 2015. http://www.presidencia.gob.ar/event... (site consulté le 18 mars 2015)
11. Página 12, Suma apoyos el gobierno de Venezuela”, 14 mars 2015.
12. El Nuevo Herald, “Latinoamérica defiende a Venezuela y EEUU niega promover inestabilidad”, 10 mars 2015.
13. El Observador, “Mujica no duda de que “los gringos se meten en Venezuela”, 12 mars 2015.
14. UNASUR, « Comunicado de la Unión de Naciones Suramericanas sobre el Decreto Ejecutivo del Gobierno de los Estados Unidos sobre Venezuela », 14 mars 2015. http://www.unasursg.org/node/169 (site consulté le 17 mars 2015).
15. EFE, « Presidencia de Parlasur dicta su ‘enérgico y categórico’ rechazo a medidas EEUU », 11 mars 2015.
16. EFE, « Aladi y Parlasur rechazan sanciones de EEUU a funcionarios de Venezuela », 11 mars 2015.
17. Parlatino, « Parlamento Latinoamericano en Panamá exhorta a EEUU a derogar decreto contra Venezuela », 17 mars 2015. http://www.parlatino.org.ve/index.p... (site consulté le 18 mars 2015).
18. Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra América, “Alba rechaza toda agresión de Estados Unidos que busque vulnerar la soberanía de Venezuela”, 9 mars 2015.
19. PSUV, « Venezuela recibe apoyo en ONU ante sanciones de EEUU », 13 mars 2015.