vendredi 1 mai 2015

1er mai 2015: Solidarité et Lutte contre l'austérité


Déclaration du comité exécutif central 
du Parti communiste du Canada

En ce 1er mai, journée internationale des travailleuses et des travailleurs, le Parti communiste du Canada leur souhaite ses meilleurs vœux dans notre lutte commune pour un avenir socialiste et pour mettre fin à l'exploitation et à l'oppression capitaliste. Le 1er mai est une occasion importante pour célébrer nos victoires historiques, comme le 80ième anniversaire de la Grande Marche des chômeuses et des chômeurs sur Ottawa, qui a commencé au printemps de 1935 à Vancouver, le 70ième  anniversaire de la victoire sur le fascisme hitlérien en mai 1945, et le 40ième anniversaire de la libération du Vietnam des griffes de l'impérialisme américain, le 30 Avril 1975.

Cette année, une nouvelle solidarité prend forme à travers le Canada. Elle se construit sur les bases solides de l’expérience de la classe ouvrière, adaptées aux conditions actuelles. Elle s’est fortement manifestée durant la grève étudiante au Québec en 2012, avec le mouvement Occupy, Idle No More et au cours des luttes à propos de l'environnement. La solidarité a été le pivot de la victoire des grèves remarquables des assistantes et assistants à l’enseignement de l'Université de Toronto et de l'Université York, en Ontario. Cette nouvelle solidarité s’étend jusqu’à l'extérieur pour rallier des alliés au-delà des rangs de la vieille solidarité syndicale qui l'avait créée, faisant de l'unité du mouvement syndical avec les mouvements pour la justice sociale et avec le public un ingrédient-clé de la formule du succès. La solidarité d'aujourd'hui reflète des changements au sein la classe ouvrière elle-même, qui est en grande partie jeune, éduquée, dégourdie, ayant des emplois précaires, et de plus en plus féminine et basée dans les communautés ethniques. Plus important encore, la nouvelle solidarité est une unité en mouvement.

Cette unité est en plein développement dans le mouvement de riposte au Québec. Des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs, d'étudiantes et d’étudiants, sont allés dans les rues pour combattre le programme d'austérité en accéléré des Libéraux de Couillard, qui implique, entre autres, de dépouiller les travailleuses et les travailleurs municipaux de leurs pensions, d’imposer le gel des salaires, et de démolir le principe durement gagné de l'universalité des programmes sociaux au Québec, comme celui des garderies d’enfants. Ces coupures ne pourront être mises en échec sans une victoire à la table de négociation, la convention collective étant une arme importante de la classe ouvrière contre l'austérité. Le dernier budget du Québec a également lancé tous les syndicats du secteur public du Front Commun de 2015 dans des préparatifs pour des actions de grève à l'automne prochain.

Surtout, les directions de la CSN, de la FTQ et d'autres syndicats du Québec ont appelé à la solidarité avec les étudiantes et les étudiants qui affrontent la violence  policière et la répression juridique du gouvernement. Les étudiantes et les étudiants ne se battent pas seulement contre l'austérité en éducation. Au-delà des préoccupations de leurs campus, elles et ils s’opposent également à la destruction de l'environnement, et à l’attaque incisive contre les femmes et l'égalité sociale. Les divergences à propos des tactiques dans cette lutte seront présentées par la droite et les grands médias comme des faiblesses, mais en fait, ces débats sont un ingrédient essentiel du processus de maturation de la résistance. De même, l'émergence du Front commun mené par la Fédération du travail de l'Ontario et le puissant mouvement de grève l'an dernier des enseignantes et des enseignants de Colombie-Britannique, sont des signes encourageants que la classe ouvrière est en mouvement.

L'attaque néolibérale que les Conservateurs d’Harper et les gouvernements provinciaux font subir sans relâche aux travailleuses, aux travailleurs et aux syndicats est en train de changer le mouvement syndical et ses alliés. L’idéologie de «social-partenariat » qui a imprégné le leadership des syndicats pendant les années de l’«État providence» est à bout de souffle. Le capital canadien est passé à l'offensive pour détruire les services publics, les programmes sociaux, les salaires et les conditions de travail qui lui avaient donné un semblant de crédibilité pour maintenir son hégémonie. Les syndicats ont été jusqu'à présent incapables de déjouer ces multiples attaques. Le chômage de masse, la vaste désindustrialisation, la privatisation et l'expansion sans précédent du travail précaire ont ébranlé les syndicats aux tables de négociation et les obligent à élaborer une réponse coordonnée à la nouvelle stratégie du capital.

Un élément clé de la nouvelle stratégie de la classe dirigeante est de se doter des armes de l'État policier. Le projet de loi C-51 est un plan tactique pour faire taire les syndicats, les Premières nations, les écologistes, les étudiantes et étudiants, les femmes, et les opposantes et opposants aux politiques d'austérité du Québec. Mais même si la réponse du mouvement ouvrier à C-51 a été retardée par les hésitations du NPD, il a fini par rejoindre la vague de résistance qui est loin d'être épuisée.

Pendant ce temps, la politique répressive et punitive de Stephen Harper au pays est de plus en plus combinée à la guerre et au fascisme à l'étranger, y compris un appui militaire au gouvernement d'extrême-droite d'Ukraine qui attaque sa propre population, et à l'expansion de la guerre en Irak et la Syrie.

Dans cette situation, l'opportunisme pragmatique de la social-démocratie est la principale pierre d'achoppement de l'unité et de la solidarité, tant au sein du mouvement syndical qu’au sein de ses alliés. Une bonne leçon est en Grèce, où Syriza, après avoir adopté une position militante au départ, s’est rangé vers un consentement réservé au Capital et à la gestion de l'économie par la Troïka. Changer des noms, des dirigeantes et des dirigeants pour livrer chapeau-bas la «même vieille» soumission au Capital ne fait rien pour répondre aux besoins du peuple travailleur.
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Ici, au Canada, la dérive centriste de la direction du NPD et le fait qu’elle ait cessé de soutenir un bon nombre de revendications syndicales a donné lieu à  un désenchantement croissant et a alimenté les divisions au sein du mouvement ouvrier, rendant difficile la réalisation de l'unité pour faire face aux attaques du gouvernement et des compagnies. Bien qu’elles ne soient pas toujours clairement exprimées, ces divisions portent principalement sur le fait de savoir si nous devrions nous mobiliser dans une lutte extra-parlementaire militante, ou plutôt continuer de « sous-traiter » la lutte politique du mouvement ouvrier exclusivement avec le NPD au parlement. Chaque jour, les travailleuses, les travailleurs et leurs syndicats sont engagés dans mille et une escarmouche sur le terrain autour de la question fondamentale de la lutte ou la reddition, et qui posent la nécessité d'une lutte militante indépendante. Cette nécessité se pose d’ores et déjà et ne peut attendre la survenance de solutions parlementaires ou l'arrivée d'un capitalisme utopique, basé sur une «équité» imaginaire.

Les dirigeantes et dirigeants intermédiaires, le cœur et l’âme du mouvement syndical, sont pris dans une situation très critique. Cela permet de comprendre pourquoi la candidature et le programme d’action d’Hassan Husseini à la présidence du CTC avaient été si bien accueillis par les délégué(e)s au dernier congrès, et ont contribué aux événements qui ont conduit à la défaite de Ken Georgetti, son ancien président. Même si la course fut très serrée, la demande en faveur de  l'action et de la lutte l’a emporté, et Hassan Yussuff est maintenant à la tête de la CTC. Cela a marqué un changement important et fut une victoire pour la démocratie syndicale, même si la mesure dans laquelle cela permettra vraiment un virage dans le dynamisme et le militantisme de la plus grande organisation syndicale demeure une question.

Avec une élection fédérale cruciale imminente, la classe ouvrière doit se mobiliser pour vaincre la section la plus agressive et réactionnaire du grand capital - les Conservateurs d’Harper - et gagner un terrain politique plus favorable pour mieux résister à l'ordre du jour néolibéral au sens large. Compte tenu de l'immensité de l'attaque, il est difficile de critiquer les stratégies visant à empêcher une victoire des Conservateurs. En effet, la campagne novatrice de la Fédération du travail de l'Ontario et ses alliés de justice sociale, sous la contrainte sévère de l'aile droite dans les syndicats, a contribué de manière significative à une défaite majeure des Conservateurs de M. Hudak. Cette louable et productive unité forgée entre les syndicats et leurs alliés de justice sociale se développe et devrait continuer.

Mais cette unité ne devrait pas être déviée par des débats entre un appui sans réserve au NPD contre un vote stratégique, qui tels qu'ils se présentent aujourd'hui ne consisteraient qu’à étendre le soutien vers un seul parti à deux ou plus. Ces deux options étroites sont simplement la suite d'un dilemme, où le soutien lors du vote se traduit dans les faits par un soutien idéologique sans réserve. Les deux options ne permettent pas d’imposer à aucun des partis des demandes programmatiques, et à la place, supposent que le soutien du mouvement syndical sera récompensé par les élues et élus. Ce débat a aussi pour effet d’identifier le Parlement - la forteresse du Capital - comme le principal terrain de la lutte politique pour la classe ouvrière, plutôt que celui, crucial, extra-parlementaire, de nos lieux de travail et de nos communautés. Néanmoins, les élections demeurent une partie très importante de la lutte de classe, une occasion de faire avancer des programmes progressistes, des tactiques et des stratégies. Le Parti communiste et ses candidates et candidats mèneront une dure campagne partout au pays pour vaincre les Conservateurs d’Harper, et gagner le soutien à des politiques qui placent les besoins de la population en priorité, avant la cupidité des entreprises.

Aujourd'hui et au-delà de l'élection fédérale, la classe ouvrière a besoin d’un programme et d'une stratégie coordonnée sur le terrain, dirigée par le mouvement syndical. Pour mobiliser et restructurer la riposte à cette fin, il faudra une résurgence de la gauche, et un programme de gauche. Les membres du Parti communiste, comme elles et ils l’ont fait par le passé, vont continuer de se battre pour un syndicalisme de lutte de classe et pour l'unité dans toutes ses expressions, nationales, de classe et de genres.

Le 1er mai 2015, nous appelons à la plus grande solidarité pour vaincre le projet de loi C-51, pour bloquer le programme de droite d'austérité, la guerre et le fascisme, et pour chasser les Conservateurs d’Harper du pouvoir!

             

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