jeudi 29 décembre 2016

LES SYNDICATS DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL DÉNONCENT LE COUP D’ÉTAT DE L’ADMINISTRATION

Nous reproduisons ici une lettre qui a été publié le 23 Janvier 2017

Lundi, l’administration de l’Université de Montréal (UdeM) soumettra à l’Assemblée universitaire un projet de refonte de la Charte de l’UdeM. Syndicats et associations étudiantes dénoncent unanimement cette initiative unilatérale de refonte qui vise à centraliser les pouvoirs aux mains de l’administration au détriment de la communauté universitaire et qui contribue à la privatisation massive de l’UdeM.

Le processus de réforme mené par l’administration se déroule en faisant fi de la Charte actuellement en vigueur et des institutions démocratiques de l’UdeM. En outre, dans les deux dernières semaines, la direction a mené des consultations en catimini. L’administration a sciemment contourné les règles de collégialité, plaçant l’Assemblée universitaire et la communauté de l’UdeM devant le fait accompli. La communauté de l’UdeM est estomaquée et indignée devant ce coup de force sans précédent.

De plus, l’administration a imposé un calendrier précipité qui empêche les membres de la communauté de prendre le temps d’étudier les réformes dans leur ensemble et de participer pleinement à l’exercice. Rappelons que le dernier changement de la Charte de l’UdeM, qui a eu lieu en 1967, était le résultat d’un processus de deux ans auquel toute la communauté universitaire avait participé. Le recteur Guy Breton invoque une soi-disant urgence liée au calendrier législatif du gouvernement du Québec, mais personne n’est dupe.

Si elle est adoptée, la réforme de la Charte de l’UdeM permettra à des individus extérieurs et à des entreprises privées de décider des orientations générales de l’université, au détriment de l’enseignement et de la recherche libre. De plus, la réforme aura comme conséquence d’affaiblir l’indépendance des départements et de précariser les conditions de travail du personnel de l’UdeM. La liberté académique et la mission fondamentale sont en jeu.

Nous dénonçons que l’administration de l’UdeM recoure à l’urgence comme mode de gouvernance en ignorant la communauté universitaire pour privatiser l’université. Nous sommes prêts à participer à une refonte de la Charte, à la condition que les délibérations respectent les instances collégiales de l’UdeM et que le processus se déroule dans un échéancier raisonnable. D’ici là, les syndicats et associations étudiantes de l’UdeM mobiliseront leurs membres sur ce dossier.

Signataires et appuis :

Syndicat général des professeures et des professeurs de l’Université de Montréal (SGPUM)
Syndicat des étudiant-e-s salarié-e-s de l’Université de Montréal (SÉSUM)
Syndicat des employé-e-s de la recherche de l’Université de Montréal (SÉRUM)
Syndicat des employé-e-s de l’Université de Montréal (SEUM-1244)
Syndicat des employés d’entretien de l’Université de Montréal (SEEUM-1186)
Syndicat canadien de la fonction publique – Section locale 4338 représentant les techniciens en mécanique du bâtiment (SCFP-FTQ-4338)
Association départementale des étudiants et des étudiantes en philosophie de l’Université de Montréal (ADÉPUM)
Association étudiante en en anthropologie de l’Université de Montréal (AÉAUM)
Association étudiante des cycles supérieurs en anthropologie de l’Université de Montréal (AÉCSAUM)
Association étudiante de science politique et de philosophie de l’Université de Montréal (AESPEP)
Association étudiante d’histoire de l’Université de Montréal (AÉHUM)
Syndicat des auxiliaires de recherche et d’enseignement de l’Université de Sherbrooke (SAREUS)
Syndicat des travailleuses et travailleurs étudiants et postdoctoraux de l’Université Laval (STEP)
Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ)
Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU)
Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU)
Conseil québécois des syndicats universitaires (CQSU)
Syndicat des étudiants et étudiantes salarié-e-s de l’Université du Québec à Rimouski (SEES-UQAR)

lundi 19 décembre 2016

Alep brisée, Alep outragée, Alep martyrisée, mais Alep libérée!

Ceux qui pleurent les victimes des raids et bombardements ont raison à condition qu'ils rendent l'OTAN et ses alliés responsables de ces atrocités. La guerre en Syrie et en Irak n'est pas une guerre civile, mais une guerre impérialiste d'agression. Dans ce contexte, les soi-disant pacifistes qui se revendiquent comme neutres, qui refusent de mettre l’accent sur les crimes de l’impérialisme occidental, ceux qui mettent sur un pied d’égalité les opérations dirigées par l’armée syrienne avec les attaques des forces islamistes fascisantes plaident pour une guerre durable, pas pour une paix durable. Les amis d'hier, utiles pour imposer un changement de régime et pour mettre en branle le plan du Grand Moyen-Orient voulu depuis Sykes-Picot, seraient nos ennemis. Pourtant, quand le peuple Syrien et ses représentants s'en prennent à eux et défendent leur souveraineté, nos "ennemis" (que nous avons indirectement aidés en vendant pour 15 milliards de dollars d'armes à leur allié principal) ne seraient soudainement plus si méchants.

La Syrie, seul pays de la région à résister contre l'Apartheid israélien, contre les pétromonorachies et contre les plans hégémoniques de l'impérialisme occidental, doit être mise au pas au même titre que la Libye. Que des seigneurs de guerre se partagent le butin vaudrait mieux que garantir le droit à l'autodétermination du peuple syrien. Depuis 100 ans, l'Occident manigance au Levant pour protéger ses intérêts. On se souvient de la partition de la Syrie, de la création d'Israël en 1948, de l'affaire Mossadegh en 1953, du Pacte de Baghdad en 1955 et de la Guerre du Liban vingt ans plus tard. Mais on se souvient aussi de la Grande Révolte arabe de 1936-1939, de la longue histoire de luttes anti-impérialistes des peuples arabes (Nasser en 1952, Kassem en 1958, la RAU en 1958-1962, des Intifada palestiniennes, etc.) L'histoire contemporaine du Moyen-Orient en est une de tentatives de contrôle et de tentatives de néo-colonisations auxquelles se sont opposés les peuples locaux. L'actuel conflit en Syrie doit être compris dans cette optique.

Le rôle de la Russie dans ce conflit peut déranger. Depuis 1991, la Russie n’est plus un pays socialiste, mais un pays capitaliste qui tente de s’insérer dans l’économie de marché internationale, dans la mondialisation. Ainsi, elle ne peut plus être considérée comme une force partisane de la paix. L’implication russe dans le conflit en Syrie a tout à voir avec la défense de ses intérêts régionaux, l’un deux étant le maintien de sa base militaire à Tartous. Néanmoins, dans le cas syrien, la Russie a été le seul pays de la soi-disant «Communauté internationale», peut-être avec la Chine, à avoir agi selon les principes de l’ONU et du droit international en défendant la souveraineté de la Syrie. Éventuellement, la Russie devra se retirer du Levant, mais les États impérialistes occidentaux devront d’abord quitter les lieux et arrêter toute forme de financement ou d’appui, même tacite, aux forces obscurantistes.

Le rôle de la Russie peut donc déranger, mais il ne peut en rien être comparé à celui qu’endossent l’OTAN et ses alliés, surtout si l’on considère le théâtre des opérations dans son ensemble, au sein duquel la Syrie ne représente qu’une catharsis. Les États-Unis à eux seuls disposent d’entre 700 et 800 bases militaires à travers le monde. La Russie n’en possède qu’une! Des troupes de l’OTAN sont mobilisées en Europe de l’Est et pointent leurs canons vers Moscou, alors que l’armée russe est absente du Canada ou du Mexique. Les États-Unis maintiennent un personnel militaire de 28 500 personnes en Corée et la France occupe des bases militaires dans 11 pays africains, sans oublier sa force militaire considérable dans les colonies (DOM-TOM).

Les plans de l’impérialisme occidental sont clairs. Ils sont prêts à mener une sale guerre meurtrière et catastrophique à l’échelle mondiale s’ils ne sont pas arrêtés à temps. Le gouvernement syrien fait partie des forces existantes pour y parvenir. 

Un bain de sang aurait certes pu être évité si l'OTAN, les États-Unis, l'Union européenne et leurs alliés avaient respecté la souveraineté des peuples au Moyen-Orient. Un bain de sang aurait pu être évité si les alliés de l'impérialisme occidental s'étaient souciés de considérer plus que leur simple profit. "Pecunia non olet" disait Vespasien. Ici pourtant, l'argent sent le sang de femmes et d'enfants, l'argent sent la chair en putréfaction, l'argent sent la mort. Comme l'aurait dit Hugo Chavez, "ça sent le souffre!"

Ceux qui tuent à l'étranger sont les mêmes qui, ici, coupent dans les services sociaux et tentent de nous faire payer pour consulter un médecin, pour étudier, pour envoyer nos enfants à la garderie. Ce sont eux qui appliquent des mesures d'austérité destinées à nous faire payer leur crise économique. Ironie du sort, c'est en notre nom, au nom des opprimés et des exploités, qu’ils se joignent aux entreprises bellicistes impérialistes. C'est en notre nom, au nom des travailleurs, des migrants, des minorités religieuses, des femmes, etc. qu’aujourd’hui, au lieu de célébrer la libération d'Alep comme la déroute du Nazi-Fascisme il y a 70 ans, ils en profitent pour, à nouveau, prouver qu'ils sont dû ôtés des monopoles pétroliers et non du côté du peuple, qu'ils sont prêts à paver la voie à une 3e guerre mondiale sans doute plus meurtrière que celles que nous avons connues.

Ils ont fait leur choix entre guerre et austérité contre paix et prospérité. La jeunesse progressiste, la jeunesse en lutte, a aussi fait le sien. Cette jeunesse qui s'est donné comme promesse de bâtir un monde nouveau, un monde sans guerres, sans crise et sans exploitation représente une force considérable, une force mobilisée, organisée et unie. C'est dans cet esprit d'unité et de combativité que nous nous mobiliserons afin d'organiser une délégation québécoise des plus massives au 19e Festival mondial de la jeunesse et des étudiants, que tous ensemble, nous clamerons "non à la guerre et à l'austérité, oui à la paix et à la prospérité!"

mardi 6 décembre 2016

Que faire après Standing Rock?

Après un combat digne de «Florantin, celui qui a chanté avec le diable», une odeur de souffre se fait sentir sur les pleines du Dakota. Victoire pour les défenseurs de l'eau, victoire pour les Sioux qui vengent aujourd'hui Wounded Knee, victoire pour les Premières Nations d'Amérique, mais aussi victoire pour tous les progressistes du continent qui sont en lutte contre la cupidité des compagnies, des magnats du pétrole et des monopoles qui s'affairent à la destruction de notre environnement. Victoire donc pour le « 99%»! 
Depuis des mois, des milliers de militants occupent les terres que devaient traverser l'oléoduc projeté d'Energy Transfer Partners dont le but est de transporter le pétrole extrait dans le Dakota du Nord (à quelques encablures de la frontière canadienne) pour l'acheminer vers l'Illinois. Les militants écologistes et les Premières nations ont clairement indiqué que le tracé initialement prévu menace des sources d'eau potable ainsi que des sites culturels. Devant la sourde oreille des autorités, ils se sont mobilisés et ont occupé un site situé sur la route de l'oléoduc. Les autorités états-uniennes n'ont pas hésité à employer la force pour tenter de les déloger en employant des méthodes parfois digne des plus viles dictatures, notamment le recours aux canons à eau. 
La persécution a également fait partie des méthodes employées, les officiers de police s'étant attaqués aux manifestants qui auraient manifesté leur appui à Standing Rock à travers les réseaux sociaux. 
Le mouvement, d'une ampleur remarquable, a gagné un appui considérable. De la société civile états-unienne aux vétérans en passant par les diplômés de l'École latino-américaine de médecine, une des plus grandes universités de médecine à travers le monde située à La Havane, nombreux sont ceux qui ont prêté main forte au mouvement sur place. La solidarité avec Standing Rock s'est également manifestée à au-delà des frontières états-uniennes. 
La victoire à Standing Rock ne saurait être une fin, mais un début. Les militants ont clairement gagné une bataille considérable avec le refus du corps des ingénieurs de l'Armée états-unienne de donner sa servitude au tracé de l'oléoduc controversé, mais beaucoup reste à faire. Encore aujourd'hui, sur le site d'occupation, certains militants ne baissent pas la garde «au cas où». L'armée a néanmoins fait savoir qu'elle ne les délogerait pas par la force. Nous sommes en mesure de croire, après tout, que cette lutte a permis de porter à un autre niveau les revendications écologistes non seulement grâce à la victoire obtenue, mais aussi parce que celles-ci ont été, tout au long du combat, liées aux revendications des peuples autochtones des Amériques qui ne demandent qu'à être reconnus comme nations et que leurs droits soient reconnus. 
Standing Rock a peut-être gagné une bataille, mais la guerre contre les multinationales pétrolières et contre les politiques génocidaires à l'égard des peuples autochtones n'est pas achevée. Beaucoup reste à faire aux États-Unis, mais beaucoup reste à faire au Canada également.
En soirée du 29 novembre, Trudeau a effectivement donné son feu vert à deux des trois projets d'oléoduc qui ont soulevé la contreverse dans l'Ouest et provoqué l'ire des mouvements sociaux, syndicaux, progressistes, environnementalistes et autochtones partout au Canada.
Des trois projets, évalués selon des critères environnementaux définis par le gouvernement conservateurs, seul Northern Gateway d'Enbridge a été rejeté – une maigre victoire devant le . Le gouvernement fédéral a donc donné son accord pour accroitre la capacité de l'oléoduc Trans-Mountain de Kinder Morgan, un projet de 6,8 milliards de dollars, ainsi que pour la Ligne 3 d'Enbridge, un projet de 7,5 milliards de dollars.
Probablement le plus décrié, le projet de Kinder Morgan projette d'acheminer trois fois plus de pétrole issu des sables bitumineux vers le port de Vancouver où, de 5 pétroliers s'y approvisionnant présentement par mois, ce chiffre passera à 34.
Par cet affront à la mobilisation, Trudeau a clairement révélé ses vraies priorités. Lorsqu'il estime que ces deux projets sont «d'intérêt national», il parle clairement au nom des pétrolières qui génèrent des milliards de profits et non des peuples qui en sont victimes, en premier lieu, les peuples autochtones. La «lune de miel» orchestrée à la suite de son élection en 2015 est terminée. 
Des militants écologistes montréalais mobilisés contre les oléoducs
 En plus de s'être attaqué au mouvement environnementaliste, le gouvernement Trudeau a poignardé à dos tourné les Premières nations à qui il avait promis des relations «de nation à nation». Or, contrairement à ce que prétendent les Libéraux, aucun de ces projets n'a reçu l'aval des Premières nations dont l'opposition manifeste s'est concrétisée, le 22 septembre dernier, par un traité de solidarité entre certaines nations autochtones et leurs représentants, incluant l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. En vertu de ce traité, toute attaque contre une nation signataire impliquerait l'appui de toutes les autres nations signataires. 
Jeunes communistes, nous demandons que soit reconnu le droit à l'auto-détermination des Premières Nations, Inuit et Métis et accueillons favorablement la signature d'un traité de solidarité qui permettra de faire valoir les droits ancestraux et territoriaux des peuples autochtones. 
Nous saluons les propos du Grand Chef de la Colombie Britannique, Stewart Philip qui a affirmé que «la lutte se transportera maintenant sur la scène politique, mais elle se poursuivra». Nous appelons à la mobilisation contre les projets d'oléoduc dans l'Ouest, mais aussi contre le projet d'Énergie Est au Québec. Nous exprimons notre solidarité sans faille avec les Premières Nations qui constituent les premières victimes de l'exploitation des sables bitumineux tant au Canada qu'au Québec et ailleurs sur Notre Amérique.
Nous exigeons que soit imposé un moratoire sur l'exploitation de cette source d'énergie – probablement une des plus polluantes qui soit - et la reconversion de tous les emplois générés par cette industrie vers des emplois plus durables et aux mêmes conditions. 
L'argent est là : les milliards investis pour approvisionner des marchés étrangers en pétrole pourrait être réinvesti dans la recherche et l'exploitation de sources d'énergie renouvelable. Le Canada est un pays riche à l'économie diversifiée et pourrait ainsi se positionner à l'avant-garde de la lutte contre les changements climatiques. Pourtant, malgré ses déclarations lors de la COP 21, Justin Trudeau tente, sans surprise, de ménager la chèvre et le chou en essayant de contenter les magnats du pétrole et ses électeurs. Selon ses propres propos, «il est impossible de faire l'unanimité». Nos intérêts ne sont en rien compatibles avec ceux des parasites et exploiteurs qui sont à l'origine de la crise capitaliste et environnementale qui nous affecte tous.
M. Trudeau a choisi son camp, celui des multinationales et des pétrolières. À nous maintenant de choisir le nôtre.


CHANGEONS LE SYSTÈME, PAS LE CLIMAT !

dimanche 4 décembre 2016

Fidel Vive, la Lucha Sigue!

La mort du Comandante Fidel Castro ne laisse personne indifférent. Honni par ceux qui, «vautrés dans la richesse privent de pain l'ouvrier affamé», il a été un compagnon de route sans pareil pour nous, pour tous ceux qui luttent pour la justice sociale, la paix, contre le racisme et la xénophobie, contre l'impérialisme et le colonialisme, contre toute forme d'oppression; pour tous ceux qui luttent pour la transformation sociale et pour un monde meilleur. 
Pour lui rendre hommage, nous reproduisons ici la déclaration de la Commission internationale de la YCL-LJC. 

C’est avec une immense tristesse que nous avons appris, dans la nuit de vendredi à samedi, le décès du principal artisan de la Révolution cubaine, Fidel Castro à l’âge particulièrement noble de 90 ans compte tenu des 638 tentatives d’assassinat répertoriées que l’impérialisme a financées ou tenté de mettre en branle.

Au peuple cubain, en particulier à sa jeunesse et à notre organisation soeur, l’Union de la jeunesse communiste de Cuba, à ses représentants ainsi qu’à toutes les organisations qui luttent pour la paix et contre l’impérialisme, à toutes les organisations progressistes du Canada, du Québec et de partout ailleurs dans le monde, nous adressons nos plus sincères condoléances devant la perte d’un révolutionnaire sans pareil que l’histoire a finalement su acquitter.

Malgré lui ou non, Fidel Castro en est venu à personnifier la Révolution cubaine, dont les apports au peuple de cette ile caribéenne sont innombrables et ne sont plus à prouver. On doit néanmoins souligner l’importance de l’accès universel à la santé et à l’éducation (qui n’est pas garanti dans plusieurs pays beaucoup plus riches que Cuba), à la culture, aux sports.

Dans des conditions souvent extrêmement hostiles voire adverses, Fidel s’est dédié à développer son pays de manière indépendante, en répondant aux besoins du peuple et non des grandes entreprises états-uniennes et ce, à un jet de pierre des États-Unis. À l’heure de la contre-révolution en URSS et en Europe de l’Est, le peuple Cubain a refusé d’abandonner cette souveraineté durement acquise et a ainsi envoyé un message clair au monde entier comme quoi la soi-disant «fin de l’histoire» n’avait pas eu lieu et qu’il était encore possible de choisir une voie de développement socialiste et indépendante. Le socialisme bâti sur cette petite ile, toujours en vigueur et pertinent aujourd’hui, a prouvé la force de ce système. 

La fidélité du Commandante pour sa patrie a fait de lui un véritable internationaliste. La Révolution, après s’être enracinée à Cuba, a porté fruit aux quatre coins du globe.
En Amérique latine, où, dans la continuité de l’oeuvre des Libérateurs, dont José Martí et Simón Bolívar, elle a et continue de contribuer à faire réalité de leur aspiration à la libération et l’émancipation totale de la région. Les exemples du Venezuela, de l’Équateur et de la Bolivie en sont quelques exemples concrets.

En Afrique, si aujourd’hui il n’est plus coutume de voir écrit sur les bus du Cap, nie blankes, si la Namibie est aujourd’hui indépendante, si le peuple angolais a su triompher des forces colonialistes, c’est en grande partie grâce à l’implication de Cuba aux côtés des forces progressistes contre les offensives impérialistes et contre les forces racistes.

Tous les peuples en lutte ont su trouver en Cuba un allié de leur émancipation. C’est le cas notamment du peuple Saharaoui qui vit, depuis 1974, sous le joug de l’impérialisme marocain, mais c’est aussi le cas du peuple palestinien confronté depuis 1948 à l’apartheid israélien. Pour eux, Cuba n’a cessé de mobiliser des ressources considérables afin de leur permettre d’accéder à l’éducation en particulier supérieure dans plusieurs domaines de sorte qu’ils puissent devenir des acteurs de changement dans leurs pays respectifs. Fidel, au côté de centaines de milliers au sein des forces armées cubaines, a assené de nombreux coups durs contre le colonialisme en Afrique à travers son aide à la libération de l’Afrique du Sud, de l’Angola et de la Namibie.

Cuba représente aussi un vecteur de paix à l’échelle internationale. Sa participation plus qu’exemplaire au sein du Conseil mondial de la paix tout comme son rôle primordial dans la création de la CELAC qui a, depuis 2014, fait de l’Amérique latine une zone de paix en sont deux exemples. Ceci s’est manifesté concrètement avec les pourparlers de paix en Colombie qui sont sur le point d’être ratifiés.

La jeunesse progressiste mondiale a aussi trouvé en Fidel un allié indéfectible. Le rôle de la jeunesse qui lutte, de cette jeunesse qui tente de construire un monde nouveau lui tenait particulièrement à coeur. Cet engouement l’a mené à s’impliquer personnellement dans la fondation de l’Organisation continentale latino-américaine des étudiants (OCLAE), seule organisation internationale regroupant des étudiants anti-impérialistes.

Alors que nous nous mobilisons en vue du 19e Festival mondial de la jeunesse et des étudiants, nous ne pouvons nous empêcher de souligner le rôle de Fidel dans la revitalisation de ce mouvement, pôle de convergence où des dizaines de milliers de jeunes militants anti-impérialistes venus de partout à travers le monde se retrouvent. En effet, en 1997, la décision d’organiser le 14e FMJE à La Havane a permis de mobiliser à nouveau la jeunesse mondiale en lutte contre le premier ennemi des peuples, l’impérialisme.
Si Fidel est décédé, la Révolution cubaine, elle, est bien vivante. Nous sommes confiants que la jeunesse cubaine est préparée à relever les défis qui l’attendent, en particulier avec l’élection d’une nouvelle administration états-uniennes qui, non seulement risque de mettre fin à tous les espoirs soulevés il y a deux ans lors de la reprise du dialogue entre les deux pays, mais qui marquera un durcissement de ton de la part de l’Empire.

En ce sens, nous accueillons favorablement le refus du Premier Ministre du Canada, Justin Trudeau, de sombrer dans cette pente, ce qui s’inscrit en rupture aussi avec l’ancienne administration conservatrice. Soyons clairs: il ne s’agit pas d’une profession de foi en faveur du socialisme, mais plutôt du respect de la souveraineté du peuple cubain, de son droit inaliénable à choisir sa voie de développement. Malheureusement, cette position n’est pas celle qui guide la diplomatie canadienne en général comme l’invasion canadienne aux côtés de l’OTAN au Moyen-Orient en témoignent.

Au Canada, un effort conscient de la part du Parti conservateur et des médias institutionnels visant à démoniser Fidel Castro a été mis en branle afin de critiquer le respect du gouvernement Trudeau envers la souveraineté cubaine. Honteusement, Trudeau a finalement décidé de ne pas se rendre aux funérailles du Comandante. Cette campagne visant à démoniser Fidel Castro participe d’une campagne de révisionnisme historique. Il était un libérateur au même titre José Martí, Simon Bolivar et Toussaint Louverture. La Révolution a porté à Cuba une démocratie vigoureuse avec plusieurs institutions qui permettent aux travailleurs d’exercer leur pouvoir sans les États-Unis, sans une classe capitaliste aux commandes. Cette campagne idéologique agressive, qui ressemble à la propagande pour la Responsabilité de protection (R2P), soulève la possibilité de nouvelles attaques impérialistes contre le peuple cubain perpétrées par la nouvelle administration états-uniennes de Trump.

Nous appelons donc tous les progressistes, démocrates et amis de Cuba à se mobiliser de plus belle en solidarité avec Cuba socialiste et, plus particulièrement, pour la levée immédiate du blocus économique criminel imposé à la nation caribéenne depuis 1962 et pour la restitution de la base militaire de Guantanamo à son propriétaire légitime, le peuple cubain.

Fidel n’est pas un homme du passé, mais un révolutionnaire du présent et de l’avenir. Pour nous, jeunes communistes, il représente un exemple que nous continuerons à suivre à bien des égards tout au long de notre lutte pour la paix, contre l’impérialisme, pour la solidarité internationale et pour la transformation sociale et révolutionnaire. C’est, pour nous, le meilleur moyen d’honorer sa mémoire, car Fidel vit en chacun de nous de par nos luttes.

mercredi 30 novembre 2016

Vigile en hommage à la vie et l'oeuvre de Fidel


Une vigile aura lieu vendredi, 2 décembre, de 18 h à 20 h devant le consulat de Cuba à Montréal pour rendre hommage à Fidel et exprimer notre solidarité avec le peuple cubain. 


Apportez vos chandelles et votre grand amour et amitié.

Consulat cubain, 4546, boulevard Décarie (près des stations de métro Villa-Maria ou Snowdon).

lundi 28 novembre 2016

Contre l’agenda d’extrême droite de Trump




Déclaration du Comité exécutif central de la YCL-LJC

Novembre 2016

L’élection de Donald Trump comme président des États-Unis est un grave danger pour les travailleurs et les travailleuses de ce pays et du monde entier, y compris le Canada. Cette élection a entraîné un mouvement vers l’extrême droite à la Maison-Blanche, ainsi que dans les deux chambres de gouvernement, et sera probablement reflétée dans le pouvoir judiciaire. Il ya un besoin immédiat de nous organiser et de nous unir contre cette nouvelle réalité menaçante.

Trump est le chef de facto d’un mouvement fasciste qui s’est développé de manière importante aux États-Unis. Nous avons assisté à l’organisation de mouvements similaires sur la base de la xénophobie, du racisme et de la violence en Europe, et au Canada où ils émergent. Cela inclut de nouveaux groupes importés d’Europe comme les soldats d’Odin, Pegida, Right Sector et Golden Dawn, qui sont tous présents au Canada, ainsi que des groupes qui ont déjà leur propre histoire sanglante dans ce pays comme le KKK. Les conditions socio-économiques en déclin sont le terrain fertile qui permet à ces groupes de prendre de l’expression. Leurs idées ont aussi une expression dans les partis bourgeois bien établis comme en témoigne le débat actuel du Parti conservateur qui se questionne sur le niveau de xénophobie à promouvoir autour de la campagne pour la direction de Kellie Leitch.

La montée de l’extrême droite fait partie de la crise systémique du capitalisme, alors que la politique bourgeoise se tourne vers des méthodes de plus en plus violentes pour sauver le capitalisme en faisant payer la crise à la classe ouvrière. L’élection de Trump a déjà conduit à l’amplification du nombre d’actes de violence xénophobe et raciste et à un durcissement de la culture de la misogynie et du viol.
Les résultats de l’élection montrent une crise approfondie dans le cadre politique néo-libéral. Hillary Clinton, qui a été directement sélectionnée par la direction du Parti démocratique, a été largement reconnue pour ce qu’elle est, une représentante du capital monopoliste impérialiste, qui était à la fois peu disposée et incapable de proposer une plate-forme qui aurait des réponses réelles à l’aggravation chronique des conditions économique et sociale ; conditions auxquelles sont confrontés la grande majorité des travailleurs et des travailleuses des États-Unis.

Le programme social-démocrate de Bernie Sanders a été rejeté par le comité national démocrate plus tôt cette année, bien qu’il ait trouvé beaucoup de résonance parmi les travailleurs et les travailleuses, en particulier chez les jeunes. Alors que les gens réclamaient un réel changement, Clinton promettait plus de réglementation et davantage de guerre. L’extrême droite démagogique, la droite religieuse, le KKK, l’armée, la police et les intérêts corporatifs les plus réactionnaires se sont unis autour de Trump et ont avancé un message de changement basé sur un langage anti-establishment avec une forte dose de suprématie blanche.

Cette réalité se reflète chez les jeunes. Les jeunes ont été durement frappés par des décennies de néolibéralisme et de délocalisation qui ont entraîné une désindustrialisation et des pertes d’emplois. L’économie capitaliste d’aujourd’hui offre des perspectives d’emploi précaire, de pauvreté et chômage aux jeunes générations. Ceux qui parviennent à obtenir un diplôme d’études postsecondaire dans cette économie le font au prix d’un niveau record d’endettement. Pour ceux et celles qui ne parviennent pas à atteindre cet objectif, en particulier les personnes noires, les latinos, les autochtones et les autres jeunes racisés, en raison d’un racisme systémique profondément enraciné, le système offre la prison comme solution. Les personnes prises dans le système carcéral se voient refuser le droit de vote. 6,1 millions de personnes ont ainsi été privées de leurs droits en raison de leur criminalisation. Cette criminalisation se fit dans le cadre d’un racisme systémique alors qu’une personne noire sur 13 aux États-Unis est incarcérée. Malgré le danger réel que représente Trump pour les jeunes, et les tendances politiques généralement plus progressistes des jeunes, leur soutien aux démocrates est tombé aux dernières élections, et de manière encore plus spectaculaire depuis 2008. Alors que 37 % des 18-29 ont voté Républicain en 2012 et 2016, 60 % ont voté pour Obama en 2012 contre 54 % pour Clinton cette élection. En 2008, le vote des jeunes pour Obama était de 66 %.

La grande promesse de Donald Trump d’augmenter les salaires et de créer des emplois est pure fantaisie. Son véritable programme est celui du grand capital. Cela comprend l’élimination des impôts sur les sociétés et de toute réglementation des banques, ainsi que la réduction de l’éducation, des soins de santé et de la sécurité sociale. Tout en s’opposant à l’ALENA et au PPT, il veut des accords de libre-échange qui favorisent encore plus le capital américain. En s’opposant à une zone d’exclusion aérienne en Syrie et en disant qu’il veut des relations moins hostiles avec la Russie, il propose une guerre frontale avec ISIS, veut doubler ses dépenses militaires et s’est entouré des pires faucons impérialistes, incluant sont colistier qui a critiqué à la fois Trump et Clinton d’être trop mou avec la Russie. Trump n’est pas mieux que Clinton quand il s’agit des dangers de déclencher une potentielle guerre mondiale.

La lutte contre les changements climatiques est maintenant plus importante que jamais avec une maison blanche où son président qui ne reconnaît même pas l’existence de cette menace immédiate pour l’humanité et la planète. Les républicains ont annoncé qu’ils déchireront les Accords de Paris ; accord déjà trop tiède pour repousser les pires conséquences des changements climatiques.

Pour les femmes, la nouvelle administration propose de reculer des décennies en arrière. Trump a fait la promesse de s’attaquer aux droits reproductifs des femmes en coupant le financement aux organismes de planification familiale. Son contrôle sur le pouvoir législatif nous fait craindre raisonnablement pour la fin du droit à l’avortement. Pour les personnes immigrantes, Trump a fait de l’expulsion de toutes les personnes immigrantes sans papiers sa pierre angulaire. Il promet de construire un mur à la frontière avec le Mexique et d’empêcher les personnes de confession musulmanes d’entrer aux États-Unis. Pour la communauté LGBTQIA, la plateforme des républicains attaque l’adoption d’enfant par des couples de même sexe, s’oppose au bannissement des thérapies de « guérison » ou de « conversion », et soutient les lois sur la « liberté religieuse » qui exempte les homophobes de respecter les lois antidiscrimination. En outre, la rhétorique de Trump sur ces questions et sur d’autres ouvre l’espace politique aux groupes fascistes et néonazis, favorisant leur épanouissement et leur organisation. Il faut vaincre la suprématie blanche, la misogynie, la transphobie et l’homophobe de Trump.

Le gouvernement Trudeau ici au Canada a répondu aux élections américaines affirmant espérer travailler avec Trump, « notamment sur des questions telles que le commerce, les investissements, la paix et la sécurité internationale ». Trudeau, qui a condamné la rhétorique de Trump il ya quelques mois, souligne maintenant les « valeurs partagées, les liens culturels profonds et les économies fortement intégrées » du Canada comme base pour « faire progresser notre partenariat solide et prospère ». Les actions de Trudeau ne font rien pour être solidaires des travailleurs et des travailleuses au sud de la frontière. En fait, ils encouragent l’extrême droite aux États-Unis et au Canada. Trudeau et la classe capitaliste canadienne sont prêts à travailler avec Trump. Ils se concentrent maintenant sur leurs véritables préoccupations: maintenir des accords de libre-échange, l’alliance impérialiste de l’OTAN, et continuer à construire des pipelines. Lutter contre ce nouveau danger au sud de la frontière signifie aussi exiger de notre propre gouvernement une politique étrangère indépendante de paix, de justice climatique et de commerce équitable, et non de libre-échange.

En tant que jeunes au Canada, nous regardons non seulement avec indignation le sud, mais aussi avec inspiration. Le mouvement Black Lives Matter aux États-Unis, qui luttent contre le racisme systémique et la brutalité policière, nous a inspirés et mobilisés ici au Canada, où nous avons notre propre racisme profondément enraciné. Les protecteurs de l’eau à Standing Rock en lutte contre l’oléoduc South Dakota Access Pipeline ont montré qu’il est possible de lutter contre le colonialisme et la destruction de l’environnement et de gagner. Les États-Unis ont une fière tradition ouvrière de résistance et d’organisation révolutionnaire, et les jeunes ont souvent joué un rôle clé et dynamique dans ces luttes. Le moment est venu de prendre des mesures de solidarité pour bloquer Trump et son programme d’extrême droite ici même au Canada. Nous devons lutter contre le système qui a produit cette nouvelle offensive réactionnaire. Notre solidarité est directement liée à la lutte contre l’impérialisme au niveau international et à notre lutte pour la paix, l’égalité, la démocratie, le progrès social et le socialisme ici, chez nous.

dimanche 27 novembre 2016

Mort de Fidel Castro : Lettre du PCQ-PCC à la Consule générale de Cuba à Montréal

Chère camarade,

La nouvelle du décès hier soir du grand dirigeant de la révolution cubaine, Fidel Castro Ruz, nous afflige d’une profonde tristesse. Toutes les militantes et tous les militants du Parti communiste du Québec, section du Parti communiste du Canada, vous offrent à vous, ainsi qu’à sa famille et à tout le peuple cubain, leurs plus sincères condoléances.

Homme extrêmement talentueux, doué d’une intelligence exceptionnelle, le camarade Fidel a mis toute sa vie durant ses qualités au service du peuple de Cuba. Sa contribution à la Révolution cubaine, qui inspire tant les peuples qui luttent contre l’impérialisme, pour la liberté et pour le socialisme, est incommensurable.

“Qu’enseigne donc l’exemple de la Révolution cubaine?” a-il déjà demandé dans une adresse qu’il fit aux peuples de l’Amérique et du monde: “Que la révolution est possible, que les peuples peuvent la faire, que dans le monde d’aujourd’hui il n’existe pas de forces capables d’empêcher le déclenchement du mouvement de libération des peuples” répondit-il.

Cuba socialiste représente l’espoir d’un avenir meilleur pour l’humanité entière. Encore ce matin, des camarades de notre parti me confiaient à quel point l’exemple du camarade Fidel les avait inspirés et les avait amenés à joindre les rangs de la lutte révolutionnaire dans notre propre pays.

Son exemple est immortel. Suivons-le! Hasta la victoria siempre!

Salutations révolutionnaires,
Pierre Fontaine
Chef du Parti communiste du Québec,
Section du Parti communiste du Canada

vendredi 11 novembre 2016

S’unir contre les racistes d’extrême-droite de Trump : Déclaration du Parti communiste du Canada



Déclaration sur les élections américaines,
Comité exécutif central, Parti communiste du Canada, 9 novembre 2016


L'élection de Donald Trump marque un changement extrêmement dangereux qui menace la paix, la démocratie et la souveraineté à l'extérieur des États-Unis, et les droits civils et sociaux, ainsi que le droit à l’égalité aux États-Unis mêmes. En tant que chef de facto d'un mouvement fasciste, Trump a été comparé à Silvio Berlusconi, le dirigeant fasciste du parti italien Le peuple de la liberté. Les Républicains contrôlent maintenant la Chambre des représentants, le Sénat et le pouvoir exécutif, avec le pouvoir de faire des nominations cruciales à la Cour suprême.

Nous assistons à la montée d'un mouvement politique d'extrême-droite semblable à ceux que nous connaissons dans plusieurs pays européens, avec tout le racisme violent, le sexisme, la xénophobie, l'islamophobie, l'homophobie, et la transphobie qui les accompagnent. Le premier chef de parti de l’étranger à avoir félicité Trump, lors de la soirée électorale, a été Marine Le Pen du Front national, le parti d'extrême-droite de France.

Malgré les répudiations faites antérieurement par de nombreux et d’importants dirigeants du parti, la plupart des électrices et des électeurs républicains ont voté pour Trump. À la fin de la campagne, la plupart d'entre elles et d’entre eux se sont ralliés à Trump et aux candidates et candidats républicains au Congrès et au Sénat. Parmi les autres facteurs, on peut mentionner le taux de participation relativement faible, les tactiques racistes de suppression d’électrices et d’électeurs, le système de collège électoral qui a permis à Trump de gagner en dépit d’une part moindre en sa faveur du vote populaire, ainsi que la vaste étendue des vues misogynes et sexistes existant aux États-Unis.

Mais la victoire de Trump tient également à l'incapacité de la campagne d’Hillary Clinton de maintenir ensemble la vaste coalition des forces qui avait mené à l'élection de Barack Obama en 2008 et à sa réélection en 2012, y compris les électrices et les électeurs noirs et hispaniques, les femmes, les syndicats et la jeunesse. Dans cette campagne, la participation des Afro-américaines et des Afro-américains a été nettement inférieure. Une coalition semblable, bien que plus petite, s'était formée autour de Bernie Sanders, un prétendu socialiste démocratique. Après la défaite de Sanders pour l’investiture démocrate, beaucoup de ses partisanes et de ses partisans ont choisi de rester à la maison même si la plateforme démocrate incluait certaines de ses politiques. D'autres ont voté pour la candidate du Parti Vert, Jill Stein, ou d'autres tierces candidates et tiers candidats, plutôt que de soutenir Clinton, qui était largement reconnue comme belliciste et représentante des banques, du capital financier, et du 1%. L'establishment du Parti démocrate, qui avait choisi Clinton pour l’investiture, a tourné le dos à la classe ouvrière américaine qui doit faire face à l'aggravation des conditions sociales, à l'effondrement des salaires et du niveau de vie, et à un chômage massif permanent.

Dans le processus, la campagne de Clinton a aidé Trump à construire son image d’outsider qui  ne doit rien à personne, bien qu'il était en réalité fortement financé et soutenu par le groupe Breitbart et les mouvements alt.right, le Tea Party, la droite religieuse, le KKK, l'armée, la police et les services secrets, ainsi que par des intérêts corporatifs réactionnaires qui, dans les coulisses, ont sans aucun doute contribué à financer la campagne. Trump n'a jamais été le cowboy solitaire qu'il prétend être, ni financièrement, ni politiquement. Il est aujourd'hui le chef de file des forces d’extrême-droite et fascistes des États-Unis.

La crise capitaliste en cours depuis 2008, conjuguée à la désindustrialisation systématique, aux fermetures d'usines et aux pertes d'emplois découlant des accords commerciaux capitalistes internationaux, comme l'ALENA et le prochain PTP, a créé un point tournant. Peu disposés à continuer avec le statu quo, les travailleuses et les travailleurs sont devenus de plus en plus en colère et amères, exigeant du changement.

Le champ était grand ouvert aux alternatives démagogiques avancées par l’extrême-droite : attaques contre les immigrantes et les immigrants, contre les communautés racisées, les musulmanes et les musulmans, les femmes, des élites non identifiées, y compris les syndicats et les groupes militant pour l'égalité, ainsi que la législation, le tout blâmé pour la crise dans le pays. Make America Great Again résumait la grande promesse de Trump d’améliorer les conditions de vie des chômeuses et des chômeurs, des sections non-syndiquées de la classe ouvrière blanche (masculine) et des petites entreprises ruinées, et de leur permettre d’assouvir leur vengeance contre celles et ceux tenus responsables de leur situation.

Les promesses de Trump à l’effet de créer des emplois et d'élever le niveau de vie sont des fantaisies pour tromper le public. Son objectif est de réduire les impôts des sociétés, d'éliminer la réglementation des sociétés et des banques, de couper dans l'éducation et les soins de santé, de privatiser les biens et services publics, de supprimer les droits civils, syndicaux et démocratiques, d'expulser les immigrantes et le immigrants, d'abroger Obamacare, de nommer des juges qui vont attaquer les droits reproductifs, de déchirer les Accords de Paris et d'autres efforts pour lutter contre les changements climatiques. Il sera responsable des codes des armes nucléaires américaines, et il propose de doubler les dépenses militaires. Il n'y aura pas de répit pour respirer avec Trump, qui continuera la politique impérialiste des anciens présidents, incluant de nouvelles guerres au Moyen-Orient et en Asie centrale, la poursuite de l'agression en Afrique, des changements de régimes en Amérique latine et la politique de l'OTAN en vue d’encercler la Russie et la Chine.

Logé à la porte juste à côté, le Canada ne sera pas immunisé. L'investissement et le contrôle des États-Unis se répercutent directement sur l'économie canadienne, nos politiques d'extraction d'énergie et de ressources sont très semblables, nos politiques environnementales sont presque aussi mauvaises et la politique étrangère canadienne et le soutien à l'OTAN marchent au pas cadencé. Là où il ya des différences, les États-Unis prévalent toujours. Cela va inclure tout amendement à l'ALÉNA ou au PTP, au pipeline Excel de Keystone et à d'autres projets de pipeline.

Face à cet assaut, les travailleuses et les travailleurs au Canada et aux États-Unis, et en particulier les syndicats, doivent s'organiser pour défendre des droits et des normes durement gagnés et pour mobiliser à grande échelle pour une action politique unitaire et indépendante de masse dans les rues pour arrêter Trump et l'extrême-droite sur leur lancée. L'unité du mouvement ouvrier et des mouvements populaires canadiens avec nos homologues américains renforcera cette lutte dans les deux pays. Le Parti communiste du Canada est solidaire avec celles et ceux qui ont voté contre et ont combattu pour vaincre Trump, avec le mouvement Black Lives Matters, les protectrices et les protecteurs de l'eau à Standing Rock et toutes les autres luttes post-électorales contre l'extrême droite aux États-Unis, au Canada et dans le monde entier. Pour réussir, ce combat doit inclure un programme et des politiques pour le changement réel, fondamental et progressiste que les travailleuses et les travailleurs recherchent désespérément. Dans l'intervalle, unité, unité et plus d'unité est ce dont nous avons besoin dans cette lutte. Le peuple uni jamais ne sera vaincu!